Enseigner à ses enfants à la maison

Des parents ont fait le choix de sortir leurs enfants de l’école traditionnelle pour leur enseigner à la maison. Le Journal a rencontré des familles de Chambly qui ont expliqué leur motivation.
Les six familles rencontrées ont toutes déjà envoyé leurs enfants à l’école, en maternelle et parfois aussi en première année. Chacune a ses raisons. Par contre, il ressort un constat commun de la discussion : elles souhaitaient que leurs enfants apprennent à leur rythme et désiraient obtenir une plus grande liberté ainsi qu’une meilleure relation avec leur progéniture.
L’une des mères, dont la fillette est atteinte de fibrose kystique, explique sa décision : « Pour sa santé, je ne voulais pas l’envoyer dans un bain de microbes. Elle a aussi des traitements. Notre routine était ‘’ vite, déjeune, reçois le traitement et va à l’école ‘’. C’était la même chose le soir. Je sentais que notre relation nous glissait entre les doigts. Ce n’était pas ce qu’on voulait », indique Maud Fontaine, mère de trois enfants dont un d’âge scolaire.
Estelle Praud a accouché de jumeaux quelques jours après la rentrée en maternelle de sa plus vieille. Après un certain temps, elle a retiré sa fille de la maternelle, qui n’est pas obligatoire. « On s’est laissés prendre et on a aimé ça. Du point de vue organisation familiale, c’était plus facile. On était moins pressés », raconte-t-elle.
Quant à Nadine Sarrazin, elle a fait ce choix pour redonner de l’estime à son garçon. « À la fin de sa maternelle, son estime personnelle était à ras le plancher. C’est important qu’il ait du plaisir à l’école et qu’il ait une belle image de soi. J’ai fait ce choix pour qu’il soit heureux et ait confiance », affirme la maman.
La fermeture, en juin 2014, de l’école de La Roselière, qui suivait le programme pédagogique Waldorf, en a incité aussi plusieurs à faire l’école à la maison. « Quand tu as connu ça, tu ne veux pas revenir à l’école régulière », mentionne Marie-Caroline Gamache, qui enseigne à ses enfants depuis six ans.
Dono Bei, qui partage la tâche avec sa conjointe Laetitia Jourdan, estime que la majorité de la population souhaite que « l’éducation soit personnalisée à son enfant. Qui est meilleur que les parents pour connaître les besoins et les intérêts de l’enfant? », questionne-t-il.

« J’ai fait ce choix pour qu’il soit heureux et ait confiance. » – Nadine Sarrazin

Structurée

L’école à la maison est structurée afin que les enfants apprennent, assurent les parents. Pour eux, les samedis et dimanches ainsi que l’été ne riment pas nécessairement avec ‘’ congés ‘’. Tout est prétexte pour apprendre.
Mme Gamache cite en exemple que sa mère, native de Chambly, est allée se promener avec ses enfants dans le Vieux-Chambly et leur a expliqué l’histoire des bâtiments. « Ils ont eu un cours d’histoire sur leur ville. C’est de l’information qui va leur rester », estime-t-elle.
Mme Sarrazin indique que son garçon a fait un projet de coder un jeu vidéo. « C’est un projet significatif et il a appris plusieurs matières, dit-elle. Il a fait de la rédaction en français, il a touché à la science et à la technologie et aussi à l’anglais. »
Ils suivent aussi les intérêts du moment de l’enfant pour lui inculquer de la matière. Mme Jourdan indique que son fils a appris à lire seul, cet été. « Il avait l’intérêt. Tous les matins, il se levait et voulait lire. Il demandait comment on prononce telle syllabe », indique-t-elle.
Les familles ne sont pas enfermées dans leur maison. Les enfants socialisent lors de différentes activités, et le musée en est une de prédilection. Il y a d’ailleurs un regroupement de parents qui s’entraident et réalisent des sorties de groupe. De plus, il arrive qu’une personne qui a des aptitudes dans un domaine enseigne la matière à d’autres enfants que les siens.
Les parents indiquent qu’ils continueront l’enseignement à leurs enfants tant que ces derniers le souhaiteront.
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