En Haïti, elle secourt sa collègue victime d'un viol collectif

L’agente Jennifer Chevalier du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) restera marquée à tout jamais par le sort qu’a subi l’une de ses collègues de travail haïtiennes : un viol collectif alors qu’elle aidait elle-même des femmes agressée

Dès que Mme Chevalier a été alertée par le drame qui s’est déroulé au domicile de sa collègue policière, en présence de sa domestique et devant les yeux de ses enfants, elle l’a rapidement conduite à l’hôpital.

« Elle était en état de crise. On a dû changer d’hôpital [car c’était trop long]. C’est une femme forte et dans son malheur, elle sait maintenant ce que c’est d’être une victime en Haïti », témoigne la policière qui était chef de l’Unité du Genre de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) jusqu’en mai dernier.

Cette dernière croit que le processus pour dénoncer une agression sexuelle décourage les victimes. Elles doivent se présenter au commissariat pour faire une déposition, se rendre ensuite à l’hôpital – dans les 72 heures suivant l’agression – par leurs propres moyens et obtenir un certificat médical qui doit être remis au juge de paix. Celui-ci prend la décision d’émettre un mandat d’arrestation et d’en aviser le commissariat responsable.

« C’est un travail de longue haleine. Souvent, après l’hôpital, la victime arrête le processus car c’est trop compliqué. Si on pense que le système est dissuasif au Québec, c’est pire en Haïti », soutient Mme Chevalier.

Sa collègue est demeurée cinq jours alitée dans une chambre à l’hôpital, un « luxe » que bien peu de victimes peuvent se payer. « Qu’est-ce qu’on peut faire avec les victimes? Il n’y a pas de maison d’hébergement en Haïti », se questionne l’agente.

Selon elle, sa collègue n’était pas nécessairement visée en raison de son travail, car son domicile a aussi été cambriolé. « L’enquête est toujours en cours. Toutes les options sont vérifiées », ajoute-t-elle.