Efficace, rapide, humain

La RIPRSL nous a ouvert, pour la première fois à un média, les portes de son bâtiment abritant un projet unique au Québec pour lutter contre la violence conjugale et intrafamiliale sur son territoire.

L’endroit est discret. Pas d’affiche placardée sur le bâtiment pour attirer les regards. Le stationnement indique simplement que les places sont réservées aux visiteurs des lieux. Mais quand on y regarde de plus près, il n’est pas difficile de voir que la RIPRSL est le nouveau locataire des lieux basés à Sainte-Julie. « L’endroit n’est pas secret, il est discret. C’est une adresse qui a pignon sur rue, mais nous ne recevons que sur rendez-vous », précise Marco Carrier, le directeur de la RIPRSL qui a accepté de nous faire une visite guidée.

Le directeur de l’endroit nous a offert, avec son équipe, de visiter pour la première fois le centre opérationnel d’un projet unique au Québec : le projet VCI en 360º (violences conjugales et intrafamiliales). Un projet qui suscite bien des convoitises auprès des autres services de police et de la Table du tribunal, qui envisage déjà d’implanter le programme dans l’ensemble des palais de justice de la province.

Efficace

Collaborent au sein même des équipes policières du projet VCI en 360º des intervenants désignés pour représenter le CISSS (santé mentale), le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), l’organisme Entraide pour hommes, ou encore trois maisons d’hébergement sur son territoire par l’intermédiaire d’une coordonnatrice. Toutes ces personnes sont rassemblées dans un même endroit. « Nous avons l’avantage d’avoir des ressources externes sur les lieux. Le tour de force est là. Désormais, chacun des organismes dispose d’un intervenant pour le représenter en permanence au poste de police. Ces derniers assurent la mise en place des protocoles et les suivis de dossier, en complémentarité avec les agents de la section sociocommunautaire, les patrouilleurs et les enquêteurs. Ainsi, il y a une évaluation du risque dès le départ. »

Humain

Pour les victimes, l’endroit à Sainte-Julie a été pensé pour les accueillir loin des tumultes de la vie qu’elles ont traversés. Tout a été réfléchi pour tenter le plus possible de ne pas se sentir dans un poste de police afin d’y éloigner toute l’anxiété qui peut s’y rattacher. 

La salle d’attente ressemble à toutes les salles d’attente qui reçoivent régulièrement des familles. Mobilier pour enfant, jeux, livres, grandes fenêtres…, tout est fait pour rassurer.

« C’est un centre dédié aux victimes de crime contre la personne ou encore les enfants victimes d’abus. La salle d’attente n’a pas d’affiche qui rappelle que nous sommes dans un endroit policier. Il y a des jeux pour les enfants, rappelle Francis Lepage, capitaine au sein de la Régie et porteur du projet VCI en 360º. Les suspects sont des personnes dans l’entourage des enfants. Il est très dur pour eux de livrer un témoignage concernant un proche. » Même si l’endroit se veut convivial, il ne faut pas en oublier la finalité.

Alors, pour tous ces enfants et leurs mères, dans une grande majorité des cas, la RIPRSL souhaite leur rendre plus facile l’émotivité du témoignage. 

Les premiers services qui s’affichent en quittant la salle d’attente sont les services des partenaires au projet, et chacun a son bureau. « Si une personne est trop anxieuse avant son témoignage, nous avons un bureau du CAVAC », d’indiquer M. Lepage.

Au bout du couloir, une salle sobre, flambant neuve comme tout le bâtiment, sans distraction, équipée d’un tableau et de fauteuils confortables. Là encore, même si la porte est fermée, les partenaires ne sont qu’à quelques mètres pour rassurer les victimes.

Enfin, encore pour garder toute la confidentialité de ce moment, les victimes ne reviennent pas sur leurs pas pour sortir. Une manière de ne pas croiser les victimes suivantes dans la salle d’attente.

Rapide

Ce n’est pas le travail qui manque. La RIPRSL reçoit deux appels par jour qui nécessitent une intervention de ses agents sur son territoire. Ce sont plus de 700 interventions par année. La Régie ne peut que constater que les victimes de violence conjugale et intrafamiliale sont à 95 % des femmes et les enfants ne sont jamais très loin.   

» Il n’y a que les victimes qui sont accueillies ici, et tous les policiers de la RIPRSL, anciens et nouveaux, sont formés sur nos pratiques en matière de violence conjugale. Une trousse opérationnelle VCI a été mise en place pour s’assurer qu’il n’y a aucune omission dans le protocole à suivre lors des opérations. Lorsqu’il y a un risque homicidaire des VCI, ce dispositif permet de mettre en place une cellule de crise rapidement en impliquant des partenaires qui sont avec nous. Cette proximité nous permet de réagir vite. Cela nous permet parfois d’éviter des féminicides « , d’ajouter M. Carrier.

Hausse des féminicides

Le projet VCI en 360º est une réponse à la hausse significative des cas de féminicides et de violence intrafamiliale survenus dans les dernières années. » Nous sommes très préoccupés par les chiffres recensés ces dernières années. Sur le territoire de la RIPRSL, en 2021, nous avons recensé 685 dossiers de violence conjugale et intrafamiliale. En 2022, ce sont 773 dossiers qui étaient ouverts. Rien que pour la période allant de janvier à août 2023, déjà, nous avons eu 482 situations de violence conjugale « , explique le capitaine Lepage.

La Régie a été honorée en mai, lors du Gala d’excellence de la 24e édition du colloque de l’Association des directeurs de police du Québec (ADPQ), pour ses actions et initiatives en matière de violence conjugale et intrafamiliale (VCI). Depuis cet été, grâce à ces bureaux à Sainte-Julie, le projet a pris forme.