Pénuries d'enseignants: difficile de trouver des remplaçants qualifiés

Le manque d’enseignants formés fait en sorte que de plus en plus de personnes qui n’ont pas la formation d’enseignant se retrouvent dans les classes. La pénurie a gagné les commissions scolaires de la région.
« Oui, il y a un problème de pénurie. La Commission scolaire des Patriotes (CSP) a été l’une des dernières à être touchées. Depuis l’an dernier, c’est plus difficile », souligne Éric Gingras, président du Syndicat de Champlain. Il représente trois commissions scolaires sur la Rive-Sud.
Trouver un remplaçant pour un enseignant qui doit s’absenter une journée est devenu plus compliqué. La liste de candidats aptes à remplacer est rapidement épuisée, selon les personnes interrogées. Ça entraîne comme conséquence que des personnes n’étant pas légalement qualifiées assurent la suppléance.
La Commission scolaire des Hautes-Rivières (CSHR) a demandé une cinquantaine de tolérances au ministère de l’Éducation. Ce qui permet à une personne sans diplôme d’enseignant de se trouver dans une classe. « Nous avons dû faire la preuve que nous avions tout mis en œuvre pour recruter des enseignants qualifiés », mentionne la présidente, Andrée Bouchard.
Sinon, ce sont des enseignants qui doivent remplacer leurs collègues en plus d’assumer leur charge de travail. « Les enseignants doivent en faire plus. Oui, ils sont payés, mais quand ils remplacent, leur préparation ne se fait pas. Ils doivent la faire à la maison », souligne M. Gingras.
Ghyslain Tardif, vice-président du Syndicat du Haut-Richelieu, qui représente les enseignants de la CSHR, mentionne que la gestion des remplacements était devenue un stress pour les secrétaires des différentes écoles. « Elles avaient parfois trois professeurs à remplacer la même journée. Ça devenait lourd comme tâche », indique-t-il.

« La solution est simple. Il faut améliorer les conditions de travail pour qu’il y ait plus de futurs enseignants. » – Éric Gingras

La responsabilité est donc maintenant concentrée. À la CSP, pour le primaire, la suppléance est centralisée. Au secondaire, c’est dans chacune des écoles.
Par contre, si la centrale ne trouve pas de suppléance, la responsabilité revient à l’école. M. Tardif affirme que la demande sera faite aux enseignants, qui pourront refuser au premier tour. Si tous disent non, la direction devra l’imposer.
À l’école primaire de la Passerelle, à Chambly, la directrice Isabelle Gravel mentionne faire appel aux éducatrices en service de garde lorsque personne ne peut. « Il s’agit d’un adulte significatif pour les élèves. C’est notre priorité », dit-elle.
Mme Gravel ajoute qu’à partir d’avril, la banque s’élargira. Les étudiants en enseignement auront complété leur stage et seront plus disponibles.

Postes permanents

Au cours des dernières années, beaucoup d’enseignants au primaire ont obtenu leur permanence. Ils ne se retrouvent donc plus sur la liste de remplacement. « Dans les deux, trois dernières années, il y a eu une trentaine de postes. La liste a rétréci », souligne M. Tardif. Des classes ont vu le jour en raison de l’augmentation de la clientèle.
Il estime qu’en 2022 ou en 2023, plusieurs professeurs quitteront le système pour leur retraite. Ce qui ouvrira des postes.
De l’autre côté, les syndicats déplorent que le nombre d’étudiants universitaires formés pour devenir enseignants soit en baisse. « La pénurie sera plus criante », soutient M. Tardif.
« La solution est simple. Il faut améliorer les conditions de travail pour qu’il y ait plus de futurs enseignants. On n’est plus à l’ère de choisir le métier par vocation », affirme M. Gingras.
Les postes au secondaire restent toutefois plus difficiles à obtenir. Parfois, les professeurs n’enseigneront pas leur matière, faute de postes.

Maternelle 4 ans

Selon le V.- P. du syndicat du Haut-Richelieu, ce sera un gros défi de trouver les personnes pour enseigner la maternelle aux 4 ans comme le veut le ministre de l’Éducation et député de Chambly Jean-François Roberge.
« Ce sera un beau casse-tête, parce qu’il n’y a pas beaucoup de candidats formés pour le préscolaire », soutient M. Tardif.
Il ajoute que plusieurs écoles n’ont pas les locaux adaptés pour accueillir ces élèves. D’ailleurs, à l’école de la Passerelle, qui n’accueille que des maternelles, toutes les classes sont occupées.
Le président du Syndicat de Champlain ne voit pas la situation du même œil. Comme le ministre y va graduellement, il y a peu d’ajouts de classes au cours de la même année pour une commission scolaire. Il illustre que pour la CSP, c’est une ou deux classes de plus.
Par contre, il soulève que, possiblement, les parents ne voudront pas envoyer leur enfant de 4 ans à l’école. « Quand un enfant est en CPE, il y reste même durant l’été. Quand il est à l’école, à l’été, il n’y a plus rien. Que feront-ils avec? », s’interroge-t-il.