Développement des 0-5 ans : une équipe parents-société

La Direction de la santé publique de la Montérégie s’est réunie récemment avec des acteurs de l’éducation et du communautaire pour analyser les données les plus récentes sur le développement des tout-petits. La Vallée-du-Richelieu figure parmi les bons élèves.

La Direction de la santé publique a livré ses derniers chiffres concernant le développement des petits Québécois âgés de 0 à 5 ans. « Ce sont des enquêtes concernant leurs conditions lors de leur entrée en maternelle ou avant, explique Manon Noiseux, épidémiologiste au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Centre. Nous étudions le développement sous cinq axes tels que la santé physique et le bien-être, les compétences sociales, la maturité affective, le développement cognitif et langagier, ainsi que la communication et les connaissances générales. »

Si un enfant se situe parmi les 10 % d’une catégorie ayant les plus faibles résultats, il est considéré comme vulnérable. « C’est-à-dire qu’il est susceptible de manifester des difficultés liées à l’apprentissage scolaire et à l’adaptation sociale, souligne l’épidémiologiste. Ce facteur pourrait le poursuivre tout au long de son parcours à l’école. »

Un territoire favorisé

Or, selon l’enquête, 29 % des enfants montérégiens, soit 4 550 enfants, sont considérés vulnérables dans au moins un domaine. « La moitié des enfants vulnérables le sont dans deux domaines ou plus, s’alarme Manon Noiseux. Le domaine le plus concerné par ces vulnérabilités est la maturité affective. Les enfants ne parlant pas français en tant que langue maternelle sont davantage concernés. C’est un défi culturel qui se rattrape avec le temps. »

Dans ce contexte, le secteur du Haut-Richelieu fait figure de bon élève. « Déjà, dans la Montérégie-Centre, la vulnérabilité des enfants est en deçà du niveau provincial, poursuit la spécialiste. Au sein de la Vallée-du-Richelieu, la population est plus favorisée au niveau matériel, avec un taux de chômage plus bas et un meilleur accès au logement qu’ailleurs au Québec. L’environnement est plus propice au développement des enfants. »

» Le temps que vous passez devant une télé, un ordinateur ou un cellulaire, c’est une occasion d’interagir avec les jeunes de perdue. » – Catherine Risi

Néanmoins, certaines habitudes dans l’éducation des tout-petits sont un frein à leur développement. Catherine Risi, médecin au CISSS de Montérégie-Centre, pointe le temps passé devant les écrans. « Je ne parle pas uniquement des enfants, mais aussi des parents. Le temps que vous passez devant une télé, un ordinateur ou un cellulaire, c’est une occasion d’interagir avec les jeunes de perdue. Je vois des parents en train de cajoler leur bébé d’un côté et de regarder le téléphone de l’autre. Pendant ce temps-là, vous ne lui chantez pas de chanson, ni partagez un moment particulier. Les parents connectés représentent un phénomène nouveau. On ne connaît pas encore toutes les conséquences liées à cela, mais le manque de maturité affective pourrait s’expliquer par cela. »

Pourtant, certaines règles sont déjà connues. « C’est sûr que nous recommandons aucune exposition à un écran pour les enfants de deux ans et moins, poursuit Catherine Risi. Pourtant, dans certaines conditions, cela pourrait être intéressant, comme bavarder avec un membre de sa famille sur une application. C’est la COVID qui nous a amené cette habitude. Ensuite, on peut passer à une heure par jour pour les deux à cinq ans. L’écran n’est pas l’outil optimal pour développer le cerveau, mais les écrans sont là et le seront pour toujours. Alors, il faut savoir faire avec. »

Rôle de la société

La sonnette d’alarme est tirée pour Manon Noiseux, qui pointe les mauvaises habitudes prises par les jeunes de la Montérégie. « Ce sont 58 % d’entre eux qui sont peu ou pas actifs, regrette-t-elle. C’est un problème lorsqu’on sait que le propre d’un enfant est de bouger. Le problème est de constater ce que ne fait pas l’enfant quand il ne bouge pas. »

Ainsi, avec toutes ces données, Manon Noiseux fera le tour de la Montérégie à la rencontre des Tables intersectorielles enfance famille. « Ce sont elles qui réfléchissent autour du développement des tout-petits, explique Catherine Risi. Son rôle est d’informer et de soutenir les parents dans le développement des enfants. Cela peut être offrir une activité dans un parc ou une bibliothèque. La société doit faire équipe avec les parents pour le bien des jeunes. Cela passe aussi par un service de garde accessible, une harmonisation travail-famille et un congé parental. Les parents sont responsables du développement des enfants, mais la société aussi. Or, ce développement passe par les interactions et le jeu. »