Des idées plein la terre

Après avoir loué une terre à Sainte-Sabine pendant deux ans, Isabelle Laflamme et Audrey Trahan-Ducharme ont trouvé leur coin de paradis à Sainte-Angèle-de-Monnoir, en 2016. Les deux propriétaires de la Récolte des Dames pourront maintenant profiter d’une bourse de 10 000$, remise le 22 mai dernier.
Un texte de Patrick Berger
Les deux jeunes femmes ont fait l’acquisition d’une ancienne ferme équestre angèloirienne de près de deux hectares afin d’y cultiver, de façon bio-intensive, une variété de légumes biologiques. La fertilité de la terre est propice à la culture de plusieurs légumes, dont entre autres les concombres, les tomates, les carottes, les bettes à carde, les choux kale et les épinards.
L’endroit est bordé à l’ouest par une bande riveraine protégeant le Ruisseau de la Branche du Rapide. Encore plus important, le berceau est entouré au nord et au sud par des fossés et des prairies qui limitent la contamination chimique du sol. La bourse servira en partie à améliorer la bande riveraine du terrain.

Les avantages du bio

Toujours grâce à la bourse, Mme Trahan-Ducharme poursuivra une formation d’une semaine sur le maraîchage biologique intensif. Cette forme d’agriculture se pratique sur de petites terres et se réalise sans l’aide de machinerie lourde.
“ Nous favorisons la biodiversité. Cela fait en sorte qu’il y a moins de maladies. Nous n’avons pas un hectare de laitues, mais plutôt quelques buttes de laitues, parmi des buttes de brocolis, parmi des buttes d’oignons. Nous faisons une rotation. L’impact est majeur sur la santé du sol. Nous souhaitons toujours nous améliorer pour protéger notre terre. La formation vise à accroître nos connaissances en ce sens”, nous dit Mme Trahan-Ducharme.
Audrey suivra cette formation avec un précurseur dans les pratiques d’agriculture biologique sur petite surface, Jean-Martin Fortier. Il est une source d’inspiration pour les deux maraîchères. M. Fortier a connu un grand succès avec son livre Le jardinier-maraîcher, manuel d’agriculture biologique sur petite surface, qui s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires. Il est le fondateur, avec sa femme Maude-Hélène Desroches, des Jardins de la Grelinette, une micro-ferme biologique dans Brome-Missisquoi qui, sur moins d’un hectare cultivé, génère des ventes de plus de 150 000$.
Le deuxième formateur ne sera nul autre que Curtis Stone, un fermier urbain de Kelowna en Colombie-Britannique, qui est l’un des rares agriculteurs urbains à avoir transformé un petit projet d’agriculture urbaine en ferme commerciale. Mme Trahan-Ducharme aura la chance d’avoir un réel contact avec ces deux sommités, puisque son apprentissage se fera sur place.

Revamper le kiosque libre-service

Les lauréates de la bourse d’aide à la relève agricole de la MRC de Rouville ont adopté un phénomène déjà bien implanté au Vermont : des kiosques de légumes libre-service sans caissier, sans surveillance. Les prix sont indiqués et les clients déposent leur argent dans une boîte cadenassée. Les gens peuvent payer plus tard, s’ils ont payé en trop, la règle inverse s’applique et cela peut servir de crédit une prochaine fois. Le système de “paiement d’honneur” fonctionne très bien chez les maraîchères de Sainte-Angèle-de-Monnoir.
“ Nous voulons que notre kiosque soit permanent. Notre but est de prolonger le bâtiment que nous possédons à l’arrière, jusqu’à la maison. En plus d’avoir plus d’espace, ça nous permettra de placer notre frigidaire dans un lieu isolé, nous pourrons offrir nos produits à l’année comme ça“, souligne Isabelle Laflamme.

Les points de livraison

Les gens peuvent s’abonner sur le site des agricultrices pour acheter des paniers de légumes. Une fois cette étape terminée, les clients peuvent se présenter aux différents comptoirs de livraison, à Brossard, les mardis et dans le quartier Côte-Saint-Paul, à Montréal, les jeudis. Les paniers sont également disponibles à la ferme les mercredis.
“ Pour la quantité, le format du panier est conçu pour une famille de 2 à 4 personnes. Nous nous assurons d’avoir une variété de choix. Rendus sur place, les gens peuvent échanger leurs légumes s’ils ne sont pas satisfaits “, souligne Isabelle Laflamme.
Les deux agricultrices sont très fières de produire des légumes biologiques sans l’aide de pesticides. L’environnement et la santé sont toujours au cœur de leurs idées, sans compromis.