Des fouilles archéologiques parlantes ?

Des fouilles archéologiques ont été effectuées la semaine dernière sur le terrain tout autour de la maison Boileau.
« Il y a des travaux de carottage archéologiques pour voir s’il y a un potentiel intéressant sur le plan historique », explique en entrevue le maire Denis Lavoie.
Jeudi dernier sur le terrain, sous un soleil de plomb avec un thermomètre de 28°,  Zocha Houle-Wierzbicki et Jonas Leclerc, archéologues de terrain s’affairaient à creuser et à détacher des morceaux de terre. La première était sur le côté de la maison donnant sur la rue de Bourgogne; le second était dans la cour avant faisant face au bassin de Chambly. Devant lui, un trou d’un demi-mètre carré de profondeur laissait apparaître un amas de pierres.
Quelques minutes à peine après l’arrivée du Journal de Chambly, Jonas Leclerc vient montrer un objet à Louis Gilbert, archéologue. L’artefact semble être une fourchette, peut-être une cuillère, dit l’un à l’autre. La partie qui a l’apparence d’une manche a été travaillée.

« En avant, on a un tapis de pierre pour lequel on se pose des questions. On ne sait pas exactement ce que c’est. Est-ce le rejet d’une démolition d’un bâtiment antérieur ? » – Louis Gilbert

Les trois comparses travaillent pour Artefactuel, une coopérative de travailleurs en archéologie. « Au début, on a fait une description du potentiel du terrain, introduit Louis Gilbert. On sait que la maison date de 1819, mais il y avait avant sur le terrain des Boileau d’autres bâtiments qui pouvaient être là. »
L’archéologue n’exclut pas, dit-il, « même quelques traces d’Amérindiens puisqu’il y avait des chemins de portage pas loin d’ici . »

Travaux de réhabilitation

La maison Boileau a été achetée par la Ville en 2018 au coût de 550 000 $ dans le but de la conserver et d’en faire un bureau d’information touristique. La propriété appartenait encore récemment à Charles-Édouard Gravel et à ses fils.
La réhabilitation comprend trois phases. La première phase déjà complétée à la fin de l’année dernière consistait, entre autres, à enlever tous les matériaux irrécupérables, l’ajout d’un système de ventilation et de chauffage.
La seconde phase qui devrait se terminer en juin comportait la réalisation des plans et devis et l’appel d’offres. Or, un changement d’échéance n’est pas à écarter. « C’est un dossier d’un million de dollars, rappelle le maire. Demain (vendredi 1 juin), s’ils trouvent quelque chose, le projet peut prendre une autre tangente. »

Une première étape

En effet, l’équipe d’archéologues avait cinq jours pour faire les fouilles. « On avait une idée où peuvent être situées des choses; une idée assez grossière poursuit Louis Gilbert. L’approche qu’on a retenue est de faire des trous systématiques et aller vérifier l’ensemble de la stratigraphie de la séquence de déposition des sols pour aller voir s’il n’y avait pas des traces d’occupation. »
L’archéologue relate avoir trouvé dans « la cour arrière des petits bouts d’artefacts piétinés, quelques clous ici et là. On n’a pas vraiment d’évidence de l’existence d’une dépendance. En avant, on a un tapis de pierre pour lequel on se pose des questions. On ne sait pas exactement ce que c’est. Est-ce le rejet d’une démolition d’un bâtiment antérieur ? »
Dans les prochains mois, l’équipe devra se pencher sur « la culture matérielle. Des objets et fragments d’objets trouvés qui vont être nettoyés et analysés. On fera un inventaire complet et un rapport des recherches à faire sera remis à la Ville », détaille Louis Gilbert qui tient à souligner que le projet de la Ville « n’a pas une obligation légale venant des autorités gouvernementales, mais par souci de conservation du patrimoine. Ce n’est pas quelque chose qui arrive souvent ».