Des citoyens inquiets de construction trop près de la rivière Richelieu

Des citoyens de Saint-Mathias-sur-Richelieu sont inquiets de décisions municipales qui autorisent la construction de résidences près de la rivière Richelieu. Ils ont fait plusieurs démarches pour dénoncer la situation à différentes instances.

Selon Patrick Saindon et Jacques Charest, certaines constructions de maison ne respectent pas la zone de protection ni le littoral. Les deux Mathiassois ont relevé plusieurs constructions récentes qu’ils jugent trop près du littoral. Ils ont commencé par en parler aux fonctionnaires et aux élus de la Municipalité et fait des plaintes. Chaque fois, on leur répond « que tout est correct ».

« On ne peut pas construire à outrance au bord de l’eau », soulève M. Saindon, un ancien conseiller qui s’est présenté contre la mairesse aux dernières élections municipales. M. Charest estime que certaines constructions sont faites à « des endroits qui sont impossibles sans modification ». Selon les documents apportés au Journal, certaines constructions semblent dans le littoral.

Pour un des projets récents, les résidants soutiennent que le propriétaire a rasé plusieurs arbres centenaires et fait un amas de roches près du bord de l’eau. On aurait dit aux citoyens que « la construction serait instable si la roche était enlevée ».

« L’eau vient près des maisons. Les gens sont obligés d’ériger des murs parce qu’ils sont beaucoup trop proches », déplorent MM. Saindon et Charest. Ils ajoutent être préoccupés parce qu’avec la multiplication des inondations au Québec, ils ne veulent pas que ça arrive dans leur ville par négligence, elle qui sera ensuite obligée de dédommager les propriétaires.

« On ne peut pas construire à outrance au bord de l’eau. » – Patrick Saindon

Plainte au ministère de l’Environnement

Les citoyens ont interpellé la Fondation Rivières. « À l’examen des photos, on a eu un doute suffisant pour porter plainte au ministère de l’Environnement, soutient Alain Saladzius, président de la fondation. On appuie les citoyens là-dedans. Il y a beaucoup trop de dossiers au Québec. »

Il précise que le règlement permet de protéger la qualité de l’eau et de prévenir l’érosion. « Ça prend un espace de liberté de rivière pendant les périodes de crue des eaux », indique-t-il.

Le ministère de l’Environnement s’est rendu dans la municipalité le 29 octobre et a procédé à une inspection avec l’inspecteur municipal. Ce dernier y est par intérim. La Ville est en période d’embauche.

Au ministère, on indique qu’il « s’agit de travaux encadrés par des permis émis en vertu de la réglementation municipale. La Municipalité est actuellement en démarche auprès des citoyens concernés afin de s’assurer du respect des permis émis ».

Conforme à la réglementation

Le directeur général de Saint-Mathias-sur-Richelieu, Philippe Gaudet, qui a une formation en urbanisme, assure que les permis émis respectent la réglementation. Il explique que la réglementation municipale, soit le règlement de zonage Dispositions applicables à la protection de l’environnement, s’arrime au schéma d’aménagement de la MRC qui, lui, respecte les recommandations du gouvernement.

Il soutient que si la demande de permis respecte la réglementation, la Ville est dans l’obligation de l’accorder. « Sur la certification de localisation, il y a la ligne de zone inondable. Si la construction est à un centimètre de la ligne, c’est conforme, on n’a pas le choix de l’autoriser. On n’a pas de pouvoir de discrétion », affirme-t-il.

La mairesse, Jocelyne Deswartes, soutient s’en remettre à la décision de ses employés, en qui elle accorde sa confiance.

Plus sévère

M. Gaudet souligne trouver légitime les inquiétudes des citoyens. « La population aimerait que la réglementation soit plus sévère. Cette décision est politique », relate-t-il.

Le directeur général ajoute que « si la MRC de Rouville rend son schéma d’aménagement plus sévère, la Municipalité devra s’y conformer. Très rarement, j‘ai vu une Municipalité être plus sévère qu’une MRC », souligne-t-il.

Les citoyens estiment également que le règlement municipal devra être revu parce que le niveau de l’eau est plus haut qu’avant. « Depuis 2011, l’eau monte plus haut que la ligne des hautes eaux », soutiennent MM. Saindon et Charest.

De plus, le ministère des Affaires municipales et Habitation ‘’ a pris un décret instituant une zone d’intervention spéciale afin de favoriser une gestion plus rigoureuse des zones inondables ‘’. Saint-Mathias-sur-Richelieu, tout comme Chambly, Carignan, Richelieu, Marieville et Saint-Césaire, fait partie des 779 municipalités visées.

« Ce n’est pas encore appliqué ici, indique M. Gaudet. Il faudra en parler avec la MRC et il faudra s’y conformer. »