Déficit des transports publics : l’immatriculation en mire

Une forte augmentation de la taxe d’immatriculation des véhicules est envisagée afin d’aider les villes du grand Montréal à financer le déficit des transports publics. À Chambly, cette décision surprend à moitié.

Richard Pelletier semble fataliste. « On n’a pas le choix de payer, soupire le citoyen de Chambly à l’annonce de la possible augmentation de la taxe d’immatriculation des véhicules. Nous avons de gros déficits à combler et ce n’est qu’un début, car tout va encore augmenter. »

» Les municipalités du grand Montréal souhaitent surtout amorcer le dialogue sur le cadre financier du transport collectif . » – Alexandra Labbé

Cette fois, c’est le déficit des transports publics qui est en cause dans la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Les maires de la CMM étudient donc la possibilité de trouver une source de revenus supplémentaires en taxant davantage les propriétaires de véhicules. Une taxe annuelle de 228 $ par voiture est envisagée. Cet automne, le gouvernement du Québec avait annoncé éponger 70 % du montant total de 400 millions $, soit 265 millions $, les villes devant se charger de trouver les fonds manquants.

Ce sentiment de désengagement du gouvernement s’est renforcé ces derniers jours lorsque la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a affirmé qu’elle ne tenait pas à soutenir davantage le transport collectif.

« Gérer le transport collectif et les sociétés de transport, ce n’est pas une mission de l’État. Il faut trouver d’autres solutions que de juste transférer un déficit au gouvernement, déficit sur lequel le gouvernement n’a aucun contrôle direct, parce que l’on n’est absolument pas impliqués dans la gestion des sociétés de transport. »

Stratégie d’urbanisation

À Chambly et ses environs, le transport public est essentiel. Il entre même dans une stratégie d’urbanisation afin d’éviter une densité du trafic sur la route 112, notamment à cause des projets immobiliers en devenir, comme les 500 portes prévues sur le terrain de l’ancien golf. « L’importance de transférer une partie des déplacements en couronne, partout autour de Montréal vers le transport collectif, actif et autres modes de transport alternatifs n’est plus à démontrer, soutient la mairesse chamblyenne, Alexandra Labbé. C’est ce qui nous permettra, à terme, de réduire la pression sur notre réseau routier. »

Dos au mur, les mairies de la CMM essaient toutefois de trouver d’autres solutions plutôt que de s’attaquer au portefeuille des automobilistes. « Les municipalités du grand Montréal souhaitent surtout amorcer le dialogue sur le cadre financier du transport collectif le plus tôt possible avec le gouvernement pour trouver une solution pérenne et efficace, veut rassurer Alexandra Labbé. Les municipalités disposent de peu de moyens pour équilibrer le budget du transport collectif métropolitain en raison du sous-financement récurrent du réseau. L’objectif est de travailler ensemble afin d’être conséquents dans nos engagements envers la lutte aux changements climatiques et de soutenir les citoyens dans la transition écologique en fournissant une offre adéquate en transport en commun. Il faut s’assurer d’éviter les coupures dans ce service essentiel si nous ne voulons pas nous engager dans une spirale de décroissance de l’offre. »

L’augmentation de cette taxe n’est pas justifiée, pour Carine Gauthier, résidente de Chambly. « C’est assez frustrant d’entendre que c’est à l’étude. Ce n’est pas à nous de combler ce déficit. » Même son de cloche pour sa voisine, Lise Gauthier. « Les transports en commun sont parfaits ici, mais malheureusement, je ne peux pas les prendre, puisque je dois aller chercher mes enfants et me rendre au travail. Je pense que cette affaire de déficit concerne davantage Montréal que Chambly. »

Des solutions 

D’autres options sont aussi envisagées et même si l’augmentation de la taxe d’immatriculation a suscité l’émoi, son application est encore loin d’être adoptée. « Plusieurs solutions autres ont été présentées par les municipalités, assure Alexandra Labbé. Les organismes de transport en commun et les divers acteurs du milieu, notamment l’indexation de la taxe sur l’essence, la contribution des municipalités hors couronne qui bénéficient des services sans payer leur part, le développement des espaces aériens de nos grands stationnements incitatifs, la possibilité pour les grandes entreprises de contribuer au financement de services spécifiques qui répondent à leurs besoins de mobilité de main-d’œuvre, le développement d’un modèle d’accès libre au transport collectif pour tous les étudiants et bien d’autres. »

La mairesse chamblyenne insiste sur le fait que des études sont en cours afin de présenter une solution acceptable pour les Chamblyens, entre autres. « Les municipalités sont prêtes à participer aux discussions et souhaitent faire partie de la solution dans la mesure de leur capacité de payer, et surtout en fonction du service auquel nos citoyens ont accès. Nous attendons les résultats des audits avec beaucoup d’impatience. »