Découpage scolaire : Les parents entendus
Le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP) a présenté son projet de découpage scolaire dans la zone Chambly/Carignan pour la rentrée 2024. Le statu quo a été adopté pour les écoles primaires de Chambly.
Une trentaine de parents d’élèves chamblyens s’était réunie dans le public lors de la séance du conseil d’administration du CSSP, mardi dernier, au sein de l’école secondaire de Saint-Bruno-de-Montarville. La boule au ventre, ils ont attendu patiemment plus d’une heure avant de connaître le verdict du découpage scolaire pour la rentrée 2024. Les premiers scénarios présentés indiquaient une volonté d’envoyer plusieurs jeunes de l’école Madeleine-Brousseau vers une nouvelle école à Carignan, située plusieurs kilomètres plus loin. Une nouvelle qui pouvait chambouler le quotidien de nombreux foyers.
« Nous avons toujours œuvré dans un esprit d’ouverture. » – Luc Lapointe
Après une consultation publique, début octobre, lors de laquelle ils ont manifesté une forte désapprobation, les parents d’élèves sont venus prendre la parole devant le conseil d’administration du CSSP lors de leur temps accordé conformément à l’ordre du jour de la séance publique avant de connaître la décision finale. Plusieurs tentaient une dernière fois leur chance au cœur d’un suspense difficile pour plusieurs spectateurs. « Êtes-vous bien allés sur le terrain? Avez-vous pris en compte la distance en voiture ou à pied et non à vol d’oiseau? » Vis-à-vis ces doutes, Salvatore Mancini, président du CSSP, a voulu se montrer rassurant avant le dévoilement du scénario. « Tous les commentaires ont été pris en compte et nous avons pris une décision avec beaucoup de rigueur. La décision prise répond à la grande majorité des commentaires. »
Miser sur la stabilité
Finalement, Ondine Gazzé, directrice du Service de l’organisation scolaire du CSSP, a pris la parole pour rapidement mettre fin à l’attente. « Nous avons élaboré un processus très rigoureux de consultation avec, entre autres, un questionnaire envoyé aux parents, dont près de 800 nous ont répondu. Nous préconisons donc la stabilité pour le plus grand nombre d’élèves possible et, par conséquent, le statu quo pour l’ensemble des écoles primaires de Chambly. Les enfants de l’école Carignan-Salières iront dans la nouvelle école, de même que ceux habitant dans les rues des îles de Chambly et de Carignan. Cela représente un déplacement de 206 élèves. » Les parents ont applaudi.
Pour répondre aux questions de ses collaborateurs du conseil d’administration, Ondine Gazzé a justifié ce plan. « On était partis avec des hypothèses différentes selon les capacités des écoles, mais la consultation publique a permis d’écouter le point de vue des parents. Après, si certains parents veulent changer d’école, ils peuvent en faire la demande. » Outre le statu quo dans les écoles primaires de Chambly et le désengorgement de l’école Carignan-Salières dans la nouvelle école, le scénario prévoit le maintien de la vocation préscolaire de l’école de la Passerelle, le développement d’un projet pédagogique particulier dans la nouvelle école, ainsi que des mesures transitoires.
Luc Lapointe, directeur général du CSSP, met en avant le processus qui a guidé cette décision. « La démarche s’est amorcée vers la fin de la dernière année scolaire. Nous avons rencontré des directeurs d’école et en ont découlé les premiers scénarios. Ensuite, nous avons toujours œuvré dans un esprit d’ouverture. Après la consultation publique, nous avons ajusté notre décision. Nous n’avons jamais reculé, toujours avancé. »
Une mobilisation récompensée
De leur côté, les parents d’élèves exultaient au moment de sortir de la réunion. Certains ne pouvaient contenir leurs larmes. « Je suis extrêmement soulagé que nous ayons été entendus par le conseil d’administration, confie Marc Mélançon. La mobilisation a porté ses fruits. » De son côté, Jessica Phaneuf était convaincue que l’issue serait positive : « Je ne pouvais pas croire qu’avec autant de faits en notre faveur, le scénario n’allait pas changer. Je suis fière d’avoir montré à mes enfants que l’on peut se battre de manière civique avec persévérance. On avait des doutes avant la réunion, mais le CSSP nous a écoutés et sa décision va au-delà de nos espérances. On ne veut pas que l’on nous enlève cette qualité de vie. »
Enfin, Marie-Laurence Paré retient aussi l’aventure qui la lie désormais avec les autres habitants du quartier de l’école Madeleine-Brousseau. « Je n’ai jamais vu des parents qui ne se connaissaient pas se prendre dans leurs bras pour nos enfants. Ce groupe s’est unifié au fil des démarches. On a tissé des liens avec des gens que la vie n’aurait probablement jamais mis sur notre chemin. »