De greffière à directrice générale de Richelieu

Ann Tremblay a bien réfléchi à tout ce qu’impliquait le poste de directrice générale avant de faire le saut. Elle avait déjà amorcé une réorientation de carrière en devenant greffière à la Ville de Richelieu en 2015.
Ce n’est pas un poste qu’elle convoitait, mais les astres étaient alignés pour qu’elle pose sa candidature. L’ancien directeur général, Daniel de Brouwer, a quitté en novembre son poste, qu’il occupait depuis 2014.
« Ce n’est pas quelque chose qui m’intéressait. J’y ai pensé pendant le temps des Fêtes et ça a porté fruit. J’ai pesé le pour et le contre. Il y avait plus d’éléments pour. C’est un bel avancement », dit-elle.
Mme Tremblay connaissait les dossiers, puisqu’elle y était greffière. Elle apprécie ses collègues ainsi que les membres du conseil municipal et sentait en elle la confiance des gens.
Bien que, selon elle, ça puisse paraître cliché, la mère de deux filles a également considéré la conciliation travail-famille pour ce poste. « On ne peut pas passer à côté de ça », soutient la femme.

« Je ne suis pas rendue à penser à aller dans une grande ville. Je veux faire mes classes ici. C’est une belle place pour travailler. » – Ann Tremblay

80 % d’hommes

Christian Talbot, conseiller stratégique aux communications de l’Association des directeurs généraux des municipalités du Québec (ADGMQ), souligne que dans les municipalités de plus de 5000 habitants, 80 % des directeurs généraux sont des hommes. Dans les plus petites municipalités, c’est l’inverse.
Par contre, il y a eu une évolution puisqu’en 2010, il n’y avait que 10 % de femmes à ce poste. La première femme à faire partie de cette association en est devenue membre en 1979.
La directrice générale n’est pas surprise de ces chiffres. « C’est le même portrait que celui des entreprises et de la société », indique-t-elle. Mme Tremblay précise que pour une meilleure parité, il faut que les femmes fassent les efforts pour prendre leur place. « On est les premières à se mettre des barrières. Il faut prendre notre chance », affirme-t-elle.
Richelieu compte un peu plus de 5400 habitants. À l’heure actuelle, Mme Tremblay n’a pas la volonté de prendre plus tard les rênes d’une autre municipalité. « Je ne suis pas rendue à penser à aller dans une grande ville, dit-elle. Je veux faire mes classes ici. C’est une belle place pour travailler. »
Elle estime que s’il y a plus d’hommes que de femmes dans les hautes fonctions, ce n’est pas une question de compétences. « La fibre paternelle n’est pas la même que la fibre maternelle », croit-elle.
De son côté, la résidante de Chambly avait fait le choix en 2015 de quitter un poste chez Desjardins, à Montréal, afin de se rapprocher de sa demeure. L’horaire atypique de son conjoint et le temps de transport pour se rendre à son travail compliquaient la logistique entourant l’école des enfants et la garderie.

Bonne entente

La personne au poste de direction générale d’une ville doit avoir une bonne entente avec celle qui est à la mairie. Mme Tremblay se réjouit de celle vécue à Richelieu. « J’ai une bonne entente avec le maire, soutient-elle. Il est clair dans ses attentes et laisse quand même de la place. Il est ouvert aux commentaires. Les conseillers municipaux, c’est une nouvelle équipe, mais il y a une belle chimie. »
De son côté, le maire Jacques Ladouceur confirme que la chimie est bonne avec sa nouvelle directrice générale et apprécie son travail. « Que ce soit un homme ou une femme, ça ne me dérange pas si la personne fait son travail. Les femmes que j’ai embauchées ont toujours été plus performantes », souligne-t-il.
Il ajoute qu’il y a un respect mutuel entre les deux. « Le maire et la direction générale ont chacun un job à faire. Il n’y en a pas un qui est au-dessus de l‘autre », affirme M. Ladouceur.
En termes de postes de direction, Richelieu compte maintenant plus de femmes que d’hommes.

Dossiers pour 2019

Parmi les premiers dossiers auxquels elle s’attaquera, il y a la négociation des conventions collectives. Celles des pompiers, des cols bleus et des cols blancs sont arrivées à échéance. Elle doit aussi regarder les contrats de chacun des cadres.
Mme Tremblay chapeautera aussi le dossier de la construction de la nouvelle caserne, qui devrait commencer cette année.
Elle ne regrette pas du tout son choix. « Plus le temps avance, plus je suis motivée. C’est moi qui tiens les rênes et j’aide l’ensemble des directions dans leurs décisions. »