Daniel Vermette : par pure passion pour le cinéma

CARIGNAN. Loin du tumulte de la métropole montréalaise, à Carignan, Daniel Vermette s’est fait une spécialité : celle de composer et de mixer des sons et des musiques de film. Ce passionné s’embarque parfois dans des aventures artistiques par pur amour de son métier.
Dans un cabanon situé dans son jardin, proche de son poulailler, il s’enferme régulièrement pour donner la touche sonore aux images qui lui sont proposées.
Actuellement travaillant sur le son d’un documentaire de Marc Labrèche, il se lance parfois sur des projets qui lui tiennent tout simplement à cœur, par pure passion cinématographique et amitié.
« Généralement on travaille pour gagner sa vie. Cependant, lorsque Roger et Valérie sont venus me voir pour me demander de faire un long métrage, avec un petit budget, j’ai embarqué pour le seul plaisir de travailler avec eux », explique le musicien qui a collaboré à plusieurs reprises avec les réalisateurs.
Les finances restreintes, plutôt que d’être une équipe d’au moins cinq personnes pour faire la musique et les arrangements sonores, M. Vermette s’est chargé de tout cet aspect à lui tout seul. « L’avantage d’une production comme celle-là c’est que nous avons le temps de réaliser le projet. Si nous avons une obligation, nous pouvons mettre cette activité de côté. Le temps c’est le seul avantage que l’on a pour se lancer dans cette aventure. » Une difficulté supplémentaire à gérer pour les réalisateurs qui se sont lancés dans ce défi en sachant qu’il faudrait jouer avec les agendas de chacun.

« Généralement on travaille pour gagner sa vie. Cependant, lorsque Roger et Valérie sont venus me voir pour me demander de faire un long métrage, mais qu’il n’y avait pas beaucoup de budget, j’ai embarqué pour le seul plaisir de travailler avec eux. » – Daniel Vermette

Pervers ordinaire
La rencontre de M. Vermette avec le Journal de Chambly, en compagnie des deux producteurs et réalisateurs du film Pervers Ordinaire, un film policier 100 % québécois, a été l’occasion de leur demander s’il était facile de faire un long métrage avec des moyens restreints.
« Ça coûte toujours de faire un film. C’est au strict minimum un million de dollars. Il y a les acteurs et tout le personnel technique à payer. Il y a du démarchage à faire avant et après le film. Avant même de préparer un tournage, il faut avoir un budget. Ici, il n’y avait pas grand chose comme financement », s’amuse à dire M. Vermette aux côtés de Roger Boire et de Valérie Pouyanne, un couple aussi bien dans la vie que derrière la caméra.
« Nous avons dépensé 10 000 $ pour faire ce film », explique M. Boire. On s’entend qu’avec ces fonds les 20 comédiens se sont engagés dans un échange gagnant pour tout le monde : un film d’un côté, de la visibilité de l’autre.
« Avec un si petit budget, nous sommes obligés de respecter la vie privée de chacun. Alors le film a pris du temps. Le temps, c’est aussi la force que nous avons », de poursuivre l’un des réalisateurs.
Du temps et de la persévérance, c’est ce qu’il a fallu à toute l’équipe qui s’est mise au travail le 1er décembre 2015, pour proposer en primeur leur film au 23e festival Polar de Cognac en France qui s’est déroulé du 19 au 21 octobre.
Et malgré les 10 000 $ de budget, « il semble y avoir eu beaucoup de discussion autour de notre film que deux des membres du jury, des acteurs français, voulaient voir gagner le Grand Prix. Ils sont venus nous voir pour nous le dire. C’est rassurant et encourageant », s’est satisfaite Mme Pouyanne.
Le 23 octobre, mardi, le film était présenté en avant-première au cinéma Beaubien à Montréal devant un parterre d’invités et de spectateurs. L’accueil a été chaleureux et quelques critiques de cinéma étaient au rendez-vous pour voir cette nouvelle œuvre qui vient enrichir le cinéma québécois. Jeudi soir, c’était le lancement officiel au cinéma Beaubien et aujourd’hui, vendredi, dans deux cinémas Guzzo, mais le travail de fourmi des réalisateurs est loin d’être terminé.
La distribution
Pour M. Vermette « il est facile d’entrer dans le système pour vivre de mon travail, mais il faut se donner les moyens de le faire. Il faut faire beaucoup de représentations, de démarches, offrir un matériel technique de qualité. Si les gens t’aiment, tu en as du travail, mais peut-être pas pour tout le monde. »
Après le marathon du tournage, les réalisateurs entament celui de la distribution. Un moment crucial pour financer leur passion.
« Nous avons eu un peu de financement de la part de Téléfilm Canada pour la distribution. Malheureusement rien de la part de la Sodec. C’est dommage. Nos moyens nous obligent à faire ce travail nous même. C’est certain que sans acteurs connus, sans gros budget il est difficile de mettre de l’avant un film et les cinémas hésitent à mettre notre Pervers ordinaire à l’affiche », indique M. Boire.
Une chose est certaine « on a eu du fun d’un bout à l’autre du tournage », sont d’accord pour dire les trois amoureux du troisième art.
Les représentations
Jeudi soir, il était possible de voir le film au cinéma Beaubien à Montréal, comme le 30 octobre à 19 h ou le 31 octobre à 21 h 15.
Dès aujourd’hui, vendredi, le film est présenté au cinéma Méga-Plex Jacques-Cartier 14 à Longueuil et au Méga-Plex Pont-Viau 16 à Laval.
Les réalisateurs espèrent désormais que d’autres cinémas embarqueront.