D’anciennes travailleuses de la Maison Simonne Monet-Chartrand sortent de l’ombre

Caroline Paprosky fait partie du collectif de plusieurs dizaines d’anciennes travailleuses de la Maison Simonne Monet-Chartrand (MSMC) qui reprochent l’inaction du conseil d’administration (CA) face aux violences qu’elles dénoncent sous l’ère de l’ancienne directrice générale (DG), Hélène Langevin.

Ces femmes disent à l’unanimité avoir été « victimes et/ou témoins de harcèlement et de violence psychologique de la part de l’ancienne direction » depuis une dizaine d’années.

Elles racontent que ces actions se sont prolongées en « violence financière par les congédiements abusifs, non justifiés, et les contestations au droit à l’assurance-emploi ».

Plusieurs ex-employées en ont toujours lourd sur le cœur à la suite de leur passage à la MSMC. Elles stipulent travailler encore, à ce jour, à « guérir leurs blessures, à refaire surface après des mois et même des années à peiner sur leur santé, mentale et financière, et surtout à regagner un peu d’amour-propre ».

Mme Paprosky blâme l’inertie du CA. « Le CA avait bonne connaissance de ce qui se passait à l’interne, mais il a préféré ignorer et cautionner les comportements de l’ancienne DG. Le CA a été interpellé à plusieurs reprises par le passé, mais il n’a jamais cru bon de rencontrer les employées pour faire la lumière sur toutes ces plaintes », résume l’ancienne employée de la MSMC, de 2013 à 2023. 

Une clientèle à protéger

« Je ne pense pas que la clientèle ait nécessairement souffert de quoi que ce soit. Le personnel en place, présentement et dans le temps, est professionnel », pense France Racicot, nouvelle DG de la MSMC, devant le roulement de personnel volumineux au fil de la dernière décennie.

Caroline Paprosky est d’un autre avis. « Comment peut-on prétendre qu’il n’y a eu aucun impact sur les femmes et les enfants qui ont reçu des services de la MSMC avec le climat toxique et le roulement constant de personnel? C’est impossible et surtout illogique », soutient-elle. 

» À cette heure, nous n’avons reçu aucune excuse de leur part. »  – Caroline Paprosky

Réparer le passé

Marie Michèle Nahas, présidente du CA de la MSMC, avait mentionné au journal vouloir « réparer des choses de bonne foi, avec bienveillance » quant au passé. Caroline Paprosky se questionne à ce sujet.

« Comment pouvez-vous insinuer qu’il y a réparation de bonne foi, avec bienveillance, quand les faits n’ont jamais été admis, reconnus, et qu’aucune forme de responsabilisation n’a, à ce jour, été faite de la part de la présidente et de son conseil d’administration? », exprime-t-elle. Elle accuse le CA de ne pas s’être assuré du bon fonctionnement de la ressource, « ce qui inclut un climat sain et harmonieux » pour les employées et les utilisatrices. « Il est peut-être bon de rappeler que la mission première de l’organisme est de combattre la violence sous toutes ses formes », ajoute Mme Paprosky. Celle-ci est catégorique quant aux actions intentées pour réparer. « À cette heure, nous n’avons reçu aucune excuse de leur part. Plusieurs ex-employées vivent toujours avec les impacts de la violence de l’ex-DG. »

Entente de départ

Le CA en est venu à une entente de départ avec l’ancienne DG. Caroline Paprosky considère que le mot » congédiement » aurait dû être associé à Hélène Langevin dans ce dossier. « C’était pourtant un mot prisé qu’elle avait une fierté à répéter : » congédiée sur-le-champ – pars immédiatement – sois assurée que tu n’auras pas droit à l’assurance-emploi » », énumère Mme Paprosky.

Marie Michèle Nahas n’a pas souhaité répondre à nos questions, mais elle a mentionné par courriel que « Le CA de la Maison est, depuis sa création, composé de personnes donnant bénévolement de leur temps, qui partagent la mission et les valeurs de la Maison. Comme il est usuel pour les organismes à but non lucratif, le CA n’est pas impliqué dans les opérations et la gestion quotidienne des employées, cette responsabilité étant celle de la direction générale ». Elle renchérit, mentionnant que le CA a mis en place des politiques « pertinentes » en matière de ressources humaines et s’assure qu’elles soient bien implantées et respectées dans la MSMC.