Cultiver des fraises en hiver

Depuis le 22 janvier dernier, une entreprise maraîchère de Rougemont s’adonne à cultiver des fraises en plein hiver.

Le Potager Mont-Rouge est une entreprise familiale connue de la région, d’abord établie au 1314, de La Grande-Caroline. En 2016, les producteurs de troisième génération, Philippe Beauregard et sa sœur Marjolaine, ont acheté le Verger Totem, situé au 154, rang de la Montagne, pour en faire une extension de l’entreprise et y tenir une boutique à la ferme, ainsi qu’une halte gourmande. Depuis, frère et sœur se sont lancés dans la production hivernale de fraises en serre. Ce sont pas moins de 4000 boutures de fraises qu’ils ont plantées le 22 janvier dernier et qui seront cultivables jusqu’en avril.

Une serre à exploiter

« Ça peut paraître fou et exigeant, mais on fait ce que l’on aime. Lorsque nous avons acheté le site en 2016, toute l’infrastructure y était déjà mais était inutilisée. Nous mettions nos efforts à l’exploitation d’un verger pour la production de fruits et légumes, cultivant plutôt un champ, mais la serre nous a donné envie d’innover pour en faire bon usage. En 2017, on a pensé à produire de la fraise, car c’est un produit recherché mais hors saison. Cette primeur nous a apporté beaucoup de visibilité. Habituellement, entre la fin mai et le début juin, nous vendons des fraises et des asperges. Mais maintenant, en avril, nous bénéficions d’un achalandage que nous n’aurions pas autrement. »

« Cette primeur nous a apporté beaucoup de visibilité. » – Philippe Beauregard

Un système ingénieux et profitable

Les bacs de fraises des champs sont suspendus dans les airs et irrigués par un système de gouttières. L’entretien en est presque essentiellement automatisé et M. Beauregard reçoit des alertes sur son téléphone lorsque ses plants manquent d’eau. « J’ai mes propres antennes Internet et je fais mes propres systèmes pour ne pas dépendre de fournisseurs. Je n’ai pas accès à de la biomasse, ni à un système de chauffage des plus performants, mais la fraise demeure bien adaptée aux climats froids, en ce qu’il lui faut simplement une différence de température de 10°C entre le jour et la nuit. La nuit, on les garde à 8°C, et le jour, à 18°C. C’est dans l’alternance que l’on réunit les meilleures conditions de production. C’est plus pratique que pour la production de tomates, qui nécessite le maintien à 24°C en tout temps, et que l’on ne pourrait pas se permettre sans accès à une énergie bon marché. »

Pour rentabiliser au maximum leur production et en compenser les coûts, les Beauregard ont augmenté la densité des plants. « Au début, ils étaient plus espacés; maintenant, ils sont très collés. La prochaine étape sera de construire une deuxième serre! »

Un mal pour un bien

Pour M. Beauregard, la pandémie a engendré autant de positif que de négatif. « En ce qui concerne la halte gourmande, nous avons dû essuyer l’annulation des réservations de groupes scolaires et corporatifs, mais ces pertes ont vite été compensées par un changement des habitudes des consommateurs en faveur de l’achat de produits locaux pour cuisiner soi-même », observe le producteur maraîcher.

Rester ambitieux

Avec l’aide financière du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) pour la souveraineté alimentaire, qui couvre jusqu’à 50 % des dépenses en horticulture, Philippe entend prendre de l’expansion, tant sur le plan des variétés de sa production de légumes et de fruits qu’au chapitre de ses partenariats avec les vendeurs et les agronomes. « Les tomates sont sur la liste! »