CSP : mise en place des cours d’éducation à la sexualité

Les cours d’éducation à la sexualité vont commencer au cours des prochains mois dans chacune des 68 écoles de la Commission scolaire des Patriotes.
« Les cours sont obligatoires depuis septembre, explique Maryse St-Arnaud. Au cours des prochaines semaines, chaque école va les dispenser au fur et à mesure que les enseignants sont prêts à donner la matière. »
Le ministère de l’Éducation a défini les contenus à couvrir chaque année. Le niveau primaire aura 5 h de cours tandis que le secondaire bénéficie de 15 h.
La CSP a embauché Julie Lemay, une sexologue qui a formé des « centaines » d’enseignants. « On les accompagne depuis juin dernier et il y a des séances d’information qui ont été offertes à différents temps de l’année », mentionne la sexologue qui ajoute que l’accompagnement se fera toute l’année et au besoin des contacts par courriels peuvent se faire avec l’équipe de l’éducation sexuelle.
Celle-ci sera épaulée par le personnel composé de psychoéducateurs, d’animateurs de vie spirituelle et d’engagement communautaire. L’école pourrait aussi faire appel à des infirmières scolaires.
Une intervention multidisciplinaire
Julie Lemay parle d’un contenu annuel « cohérent et progressif. On va plus loin dans la compréhension avec des connaissances sur le corps, l’image corporelle, l’estime de soi, les stéréotypes, les relations amoureuses, les résolutions de conflits, l’amour, l’amitié, et l’admiration ».
Aux enseignants, elle recommande « de prendre le temps de consulter le programme. Je constate lors de mes rencontres avec eux, qu’ils ont déjà fait de l’éducation à la sexualité des fois de façon formelle, mais beaucoup de façon informelle ». Elle cite l’exemple de cas d’homophobie.
Aux parents, la sexologue conseille d’« accueillir ce que les enfants ont apporté comme propos, de les écouter, de s’intéresser à ce qu’ils ont appris en classe. On souhaite que ça amène des discussions avec les parents ».
Bémols syndicaux
La formation sera donnée sur une base volontaire de la part des enseignants. « Il n’y a pas tout ce qu’il faut en ce moment dans le milieu pour que les gens soient à l’aise dans tout ce qui est contenu éducation à la sexualité », observe Richard Brisson, vice-président section des Patriotes du Syndicat de Champlain, en faisant allusion aux enfants qui sont en difficulté d’apprentissage.
« Un contenu, ça appartient à tous les intervenants d’un établissement, et l’effet, c’est souvent sur la table des enseignants », mentionne-t-il en relevant la possibilité qu’un enfant aborde en classe « un abus ». L’enseignant, poursuit-il, n’est pas psychologue, ni policier. « Il faut un filet de sécurité. »

« Un contenu, ça appartient à tous les intervenants d’un établissement, et l’effet, c’est souvent sur la table des enseignants. » – Richard Brisson

« Il y a un document fourni par le ministère Répondre aux questions des élèves qui aborde certains sujets qui pourraient être délicats pour les enseignants », répond Julie Lemay. Et d’ajouter : « les enseignants ont déjà fait face à de la négligence ou à de la violence familiale des enfants. Au besoin, il y a une équipe de psychologues qui peut les épauler ».
Quant aux heures ajoutées à l’horaire de l’enseignant, Richard Brisson évoque « le concept d’école fourre-tout. Dès qu’il y a quelque chose qui se retrouve au niveau de la société, c’est confié à l’école. Le temps n’est pas élastique. On additionne les mandats. (…) Et on espère des résultats utopiques. »
À ce sujet, Julie Lemay suggère aux enseignants d’« arrimer le contenu avec ce qu’ils font déjà, ce qui veut dire que si par exemple, ils traitent de la notion du sexisme, de l’homophobie ou de la transphobie, ils remplissent déjà le contenu ». Elle propose aussi de transmettre l’éducation à la sexualité par la littérature, et même par les cours éthique et culture religieuse.