Crise du logement : Chambly en mutation
Les différents immeubles résidentiels en projet ont pour but de lutter contre la crise du logement. Mais le visage de Chambly sera inévitablement transformé.
Chambly n’échappe pas à l’urbanisation. Pour lutter contre la crise du logement, la mairie a autorisé plusieurs projets immobiliers qui annoncent une migration augmentant de façon marquée la population chamblyenne. « Le taux d’inoccupation est inférieur à 1 %, précise la mairesse Alexandra Labbé. L’équilibre se situe à 3 %. Cette situation met beaucoup de pression sur le prix des logements, qui devient inévitablement moins abordable. »
Plusieurs chantiers
Aera, Lumicité, la Bennett, la marina ou encore l’ancien golf. Plusieurs chantiers ont commencé leurs activités ou sont en projet. Lors du plus récent conseil municipal, la semaine dernière, un nouveau dossier s’est ouvert, nommé Gloriacité. « Nous délivrons les permis et notre rôle est d’encadrer les mises en chantier, mais nous n’avons pas le pouvoir sur le début des travaux. On a bon espoir pour qu’en 2025, 330 logements soient disponibles, poursuit la mairesse. Nous n’avons évidemment pas de pouvoir sur le prix du marché, mais amener plus d’offres influera les prix. »
La Ville de Chambly s’attache aussi à déployer des logements sociaux. Une décision qui tient à cœur Alexandra Labbé. « Avec 250 logements, nous réalisons un effort conséquent dans cette direction, assure-t-elle. La moyenne québécoise est de 9,3 % et nous sommes à 9,4 % à Chambly. Nous affichons le plus grand nombre de logements sociaux dans la Vallée-du-Richelieu. »
Ces constructions modifieront donc le visage de Chambly. La campagne sera désormais plus loin. « Notre plan d’urbanisme propose une approche actuelle, explique la mairesse. Nous sommes davantage tournés vers l’écoresponsabilité et le développement durable. Notre approche s’attache à la consolidation de nos milieux de vie. On constate aussi l’engouement de la population pour les unités accessoires. »
» Des personnes veulent construire une maison avec un garage pour 500 000 $, mais ce n’est plus possible. » – Tristan Trifiro
Une tendance pour la bigénération
Les unités accessoires d’habitation regroupent les maisons intergénérationnelles ou la possibilité de construire une deuxième maison sur une propriété. Tristan Trifiro, directeur des ventes pour le promoteur carignanois Habitations Haut Niveau, confirme le phénomène. « À deux personnes ressources, on obtient un meilleur budget, assure-t-il. Les maisons de ville, avec des murs mitoyens, sont aussi une solution pour baisser les coûts. »
Actuellement, Tristan Trifiro affirme que les budgets ne sont pas toujours conformes aux désirs des personnes voulant s’installer à Chambly à cause du prix de la terre. « Des personnes veulent construire une maison avec un garage pour 500 000 $, mais ce n’est plus possible. Rien que le terrain vaut 300 000 $. Alors, j’essaie de rediriger ces personnes vers Marieville. »
Pour obtenir d’autres sources de revenus, la Ville a mis au point un règlement obligeant un promoteur qui projette de construire un immeuble de douze condos ou plus à payer une contribution par porte. Elle est évaluée à 5 000 $ pour une résidence pour personnes âgées, à 10 000 $ pour un condo situé entre le sous-sol et le cinquième étage, et enfin, à 15 000 $ à partir du sixième étage. « Ce n’est pas nécessairement un frein, poursuit Tristan Trifiro. C’est surtout le coût du terrain, et ce, peu importe la municipalité. On a toujours des taxes et on parvient toujours à s’ajuster. »
Joanie Lavoie, courtière immobilière pour RE/MAX, confirme la flambée des prix pour les maisons unifamiliales. « Avec la hausse des taux d’intérêt, neuf, sur les dix-huit derniers mois, la capacité d’emprunt a été réduite. Vous ne trouvez plus rien en-dessous de 400 000 $ et même si les gens ont la capacité d’acheter, il leur manque la mise de fonds. Par conséquent, les demandes de location ont augmenté et les prix des loyers ont fait de même. »
Le tribunal administratif du logement a autorisé une hausse des loyers de 4 % pour 2024. Une décision importante, selon Joanie Lavoie. « C’est la plus haute augmentation jamais vue!, constate-t-elle. La hausse des taux, des coûts des matériaux, l’hypothèque et les frais de condos sont répercutés sur les locataires. À l’avenir, les parents devront davantage aider leurs enfants pour acheter une maison ou bien opter pour une bigénérationnelle. »