Les défis du recyclage : craintes d’un retour à l’enfouissement
Le député de la circonscription de Chambly, Jean-François Roberge craint la fermeture des centres de tri des matières recyclables qui desservent plusieurs municipalités de la Montérégie.
«Certaines de nos matières sont recyclées au Québec, spécifie le député; d’autres en Chine. C’est un problème international. »
Jean-François Roberge explique que la Chine n’est plus intéressée à recevoir des matières recyclables, notamment le papier et le carton parce que le Québec « n’a pas suffisamment rapidement modernisé ses centres de tri ». Et d’ajouter : « Ce sont les centres de tri qui vont fermer. Les conséquences seront très graves : on risque de voir acheminer les matières recyclables au dépotoir et c’est ce qu’on ne veut pas ».
En octobre dernier, Le Devoir et Radio-Canada ont rapporté que « la Chine, le principal acheteur des matières récupérées au Québec, imposera une limite de 1 % de contaminants dans le papier journal recyclé à partir de 2018 ». Selon le quotidien montréalais, 300 000 tonnes de carton et papier ont été exportées en 2015 en Chine.
Le carton et le papier déposés dans les bacs de recyclage peuvent être contaminés par des contenants en plastique ou des bouteilles en verre qui se brisent ou qui ne sont pas vidées complètement. Une situation qui fait dire au représentant de la Coalition Avenir Québec que « la problématique concerne le tri, donc la finalité des matières qu’on envoie ».
Vers une sortie de crise ?
Le député interpelle la ministre de l’Environnement, Isabelle Melançon et veut que Québec débloque un financement pour moderniser les centres de tri. « Il faut trier autrement et mieux avec de nouvelles technologies, ce qui nécessite des investissements. »
Jean-François Roberge parle d’un double risque : « un risque très concret d’enfouir davantage des matières recyclables, mais les sites d’enfouissement n’ont pas une capacité à l’infini. Second risque : que le citoyen cesse de croire aux vertus du recyclage. »
Le député dit ignorer le coût d’une telle modernisation ni la possibilité que des papetières puissent récupérer ces matières.
En effet, selon certaines gestionnaires de centres de tri une sortie de crise pourrait venir de la production de ballots de papier de meilleure qualité. On inciterait par la suite les papetières d’ici à les acheter.
« On risque de voir acheminer les matières recyclables au dépotoir et c’est ce qu’on ne veut pas. » – Le député Jean-François Roberge
Chose certaine, comme le rappelle aussi le maire Denis Lavoie, la solution se trouve entre les mains de l’industrie et à l’instar de toutes municipalités au Québec, Chambly va continuer à surveiller ce dossier.
Chambly comme plusieurs municipalités fait affaire avec Ricova International, qui est un gros exportateur de matière recyclable. Son président affirmait dernièrement à Radio-Canada que « c’est très difficile si le gouvernement n’embarque pas (…). C’est sûr que vous allez voir les centres fermer un par un leurs portes ».
Notons qu’une rencontre a eu lieu début mai entre les gestionnaires des centres de tri et les ministères concernés afin de trouver une issue.
Jusqu’à présent, Québec a débloqué en janvier dernier un montant de 3 millions de dollars afin de soutenir les centres de tri dans leurs efforts de modernisation.
Un montant que le député juge insuffisant au regard des 29, 2 M$ que l’agglomération de Montréal a injectés pour aider les centres de tri à faire face à la crise.
Notons que jeudi dernier, Québec a annoncé une consultation élargie sur la collecte sélective. Le gouvernement fait observer qu’il ne s’agit pas seulement d’une question d’argent, mais de solutions multiples, dont l’importance de favoriser une économie circulaire.