Courtier immobilier : un métier malmené
Des courtiers immobiliers s’expriment sur l’intégrité entachée de leur profession par un petit nombre d’individus.
L’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) a obtenu deux décisions de culpabilité sur les plaintes contre Christine Girouard et Jonathan Dauphinais-Fortin, accusés d’avoir utilisé des promesses d’achat bidon pour susciter de la surenchère.
Joanie Lavoie, courtière immobilière sur le territoire de Chambly et des environs, a pris connaissance du dossier. « C’est dommage, car ce sont des cas isolés. C’est comme dans d’autres métiers. La majorité des courtier sont intègres », affirme celle qui exerce le métier depuis huit ans.
« C’est frustrant, car ça entache la réputation des courtiers, dont la plupart travaillent avec transparence », déclare à son tour Dominic Lambert, courtier depuis 19 ans dans le secteur de Chambly.
Les deux courtiers rappellent que dans le cadre de leur formation, ils doivent assimiler des notions de droit.
Par ailleurs, même si Mme Lavoie et M. Lambert s’entendent sur l’aspect compétitif entre courtiers, ils révèlent l’importance de la collaboration qui doit régner entre ces derniers.
Le cliché du succès
Nos deux intervenants chiffrent à environ 15 000 le nombre de courtiers immobiliers travaillant en sol québécois. Le cliché du courtier immobilier circulant dans un véhicule luxueux, vêtu de linge griffé et arborant de scintillants bijoux existe. « Je dirais qu’environ 20 % des courtiers peuvent dire qu’ils font un bon salaire. La moyenne n’est pas si élevée. Beaucoup ont de la misère à mettre du pain sur la table », avance Joanie Lavoie, qui estime que le travail derrière n’est pas reconnu.
» C’est frustrant, car ça entache la réputation des courtiers, dont la plupart travaillent avec transparence. » – Dominic Lambert
Dominic Lambert fait allusion à des courtiers, actifs depuis une quinzaine d’années, qui n’ont pas vendu de maison dans les six derniers mois. « J’en ai connu qui ont besoin d’un deuxième emploi parce qu’ils n’avaient pas le choix pour subvenir à leurs besoins », relate-t-il.
Les coûts inhérents à l’emploi de courtier, que ce soit en matière de permis ou de publicité, ne sont pas à négliger, soulève M. Lambert. « Tu peux facilement te rendre à 25 000 $ avant même de vendre une maison », chiffre-t-il.
Réseaux sociaux
Mme Lavoie considère que les réseaux sociaux ont changé les modes de la pratique du milieu. « On y voit dans le métier une forme de » vedettariat » », pointe-t-elle. Le journal revient sur le dossier du courtier Mathieu Arseneault. Dernièrement, l’OACIQ lui a reproché d’avoir porté atteinte à l’honneur et [à la] dignité de la profession, notamment en publiant des vidéos sur les réseaux sociaux qui, selon l’OACIQ, dévalorisent l’image des courtiers immobiliers. L’organisation fait entre autres allusion aux passages où ce dernier donne des billets de 100 $ à des enfants en leur demandant de réciter son numéro de téléphone.
« Personnellement, ce ne serait pas ma façon de faire, mais qui suis-je pour juger? On a tous notre modèle d’affaires qui diffère l’un de l’autre. En autant qu’il respecte les règles, c’est son choix », indique Mme Lavoie.
Incendier le compétiteur
Rien pour faire reluire l’univers du courtage immobilier, l’ancien président et cofondateur du groupe Sutton Québec, Christophe Folla, a été accusé, il y a quatre semaines, d’avoir commandé des incendies criminels visant des bureaux de courtiers immobiliers en compétition avec son agence. « Attendons le verdict, mais c’est triste quand ce sont tous les courtiers qui sont brimés par cette image », commente sur le sujet Joanie Lavoie.
C’est Julie Gaucher qui est maintenant la présidente de Sutton Québec. Le lien est coupé entre Sutton Québec et M. Folla depuis le 24 janvier dernier.