Coupes dans les CPE : « Ils ont gratté tout ce qu’ils pouvaient »

GARDERIE. Les centres de la petite enfance (CPE) de la Montérégie décrètent l’état d’urgence, alors que Québec envisage de couper 120 M$ l’an prochain dans le réseau au Québec. Les CPE de la région ne savent plus où donner de la tête et doivent tout de mê

« Ce que le ministère annonce est encore pire. Les membres sont alarmés. Ils ont gratté tout ce qu’ils pouvaient, ils ont fait le ménage, revu l’ensemble des horaires. Ils ont coupé tout ce qu’ils pouvaient, ils ne peuvent pas aller plus loin », s’inquiète Claudette Pitre-Robin, directrice générale du Regroupement des CPE de la Montérégie (RCPEM).

D’après les évaluations de l’organisme, les CPE auront effectué des coupes de 8,5 M$ en 2015 et ce montant se chiffrera à 13, 8 M$ en 2016.

Comme l’explique cette dernière, avec les ratios de personnel imposés et les salaires normés que les CPE doivent respecter, cela représente près de 85 % des budgets. Le reste des sommes laisse donc un mince jeu pour répondre aux multiples exigences du ministère en matière de règlementation.

Réorganisations

La directrice générale du CPE Franquette la Grenouille à Chambly Mélanie Gauthier précise qu’elle a procédé à une réorganisation administrative et revu les heures d’ouverture de ses installations afin d’arriver dans les coûts.

« S’ils nous coupent encore l’an prochain, je ne sais même pas où je pourrais envisager de couper, sans que ça touche directement les enfants », s’alarme-t-elle. Pour 2015-2016, c’est un peu plus de 90 000 $ qui est coupé pour le CPE.

Pour l’instant, la révision de son budget a affecté certaines activités, qui ont été annulées. Auparavant, le CPE organisait des spectacles à même ses installations pour les enfants. La direction a été contrainte de cesser ces activités pour miser uniquement sur l’animation faite à l’interne.

La directrice générale des CPE Mamie-Pom, Annie Laplante, fait aussi des pieds et des mains pour réduire les dépenses au minimum, compte tenu des coupes de près de 192 000 $ qu’elle doit encaisser.

« Je ne peux pas croire qu’on n’a pas de considération pour tout le travail qui a été fait dans le réseau de la petite enfance. On travaille fort pour avoir du personnel expérimenté de qualité. Ça me décourage, c’est comme si on n’a aucune valeur », déplore-t-elle.

Si les employés commencent à craindre pour leur emploi, la ministre de la Famille, Francine Charbonneau, a pour sa part un tout autre son de cloche. « Aucune éducatrice ne va perdre son emploi », déclarait-elle à l’Assemblée nationale le 27 novembre dernier.

L’expérience avant tout

L’expérience, la formation et la stabilité font la force des CPE selon le RCPEM, qui a lancé une campagne de sensibilisation dans les différentes installations de la région pour mettre en valeur le savoir-faire des équipes.

Des affiches sont placées devant les CPE participants, rappelant le nombre d’années d’expérience que porte le service avec toutes les années d’ancienneté des éducateurs et éducatrices.