Convention collective des enseignants : les négociations sont entamées
L’ouverture officielle des négociations entre les représentants nationaux et les négociateurs patronaux quant à la convention collective du personnel enseignant a eu lieu le 16 janvier, à Québec. Celles-ci s’annonceraient de longue haleine.
« Nous avons interpellé nos membres en leur disant qu’on s’attendait à un marathon, annonce d’emblée Éric Gingras, président du Syndicat de Champlain. On sait que les premières journées servent à expliquer les propositions. On donne la chance au coureur, mais on trouve que les bottines ne suivent pas les babines. Le gouvernement disait qu’il allait faire beaucoup pour l’éducation et son personnel. Ce n’est pas ce qui est écrit dans le document qu’il a déposé. »
Le corps syndical a déposé ses demandes en octobre dernier. Avait suivi en décembre le dépôt du gouvernement.
« Au lieu de répondre à nos demandes, le gouvernement nous fait ses propres demandes. Il a compris qu’il peut jouer dans ce carré de sable. Ce n’est pas ce qu’indique la loi 37 encadrant la négociation du secteur public », reproche M. Gingras.
« C’est normal, c’est comme la mise au jeu initiale. Ensuite surviennent les négociations et les ajustements et on finit par se rencontrer. Personne n’est surpris que le document gouvernemental soit différent des demandes syndicales en début de négociations », réplique Jean-François Roberge, ministre de l’Éducation.
Similitudes entre les libéraux et la CAQ?
Selon les dires du président du Syndicat de Champlain, après comparaison, il y aurait beaucoup de similitudes entre le dépôt du parti libéral de 2014 et celui de la CAQ de 2019.
« Il y a un peu plus de 90 propositions faites par la CAQ au sein de son document. Or, nous en comptabilisons plus de 60 que l’on retrouvait presque telles quelles dans le dépôt des libéraux. Pour un gouvernement qui disait vouloir négocier différemment, on ne l’a pas vu encore », affirme celui qui représente les enseignants et le personnel de soutien.
« On donne la chance au coureur, mais on trouve que les bottines ne suivent pas les babines. » – Éric Gingras, président du Syndicat de Champlain.
« Sincèrement, j’ai regardé nos offres, mais je n’ai pas regardé ce que le gouvernement précédent avait fait. Je regarde en avant, pas en arrière. On ne gouverne pas en fonction de ce que les libéraux peuvent avoir fait, on gouverne pour améliorer la réussite des élèves », répond le ministre.
Prenant la balle au rebond, Jean-François Roberge, député de Chambly, précise fermement que : « Nous ne sommes absolument pas sur la même longueur d’onde que les libéraux en éducation. On répare les pots cassés et on éteint les feux qu’ils ont allumés. »
Nouveautés dans la joute
Des forums s’ajouteront à la table des négociations, chose qui n’existait pas lors des exercices antérieurs.
« Le gouvernement nous a préparé un petit quelque chose de particulier. En plus de la table de négociation, il nous convie à des forums dans lesquels on parlerait d’autres sujets sans que l’on sache ce que c’est. Ça, ce n’est pas prévu dans le Code du travail. Nous, ce qu’on lui dit, c’est que nous n’irons pas à ces forums. Nous sommes à une table de négociation et c’est là qu’on veut parler », annonce Éric Gingras.
« C’est une nouvelle façon de négocier, défend Jean-François Roberge. C’est la fin du mur à mur. C’est un plus, un lieu privilégié et un symbole important démontrant que l’éducation est une priorité. Les syndicats devraient se réjouir de cette façon de faire là. Je suis convaincu que ça aidera à faire progresser les négociations. »
Hausse salariale
Attirer et, ensuite, garder séduites les recrues qui font leurs premières armes dans le milieu de l’enseignement est un défi de taille afin de contrer la pénurie qui sévit dans le milieu scolaire.
« Le gouvernement mentionnait qu’il voulait faire des choses pour les jeunes enseignants. Il faut aussi travailler avec ceux qui sont déjà dans la profession. Nous sommes ouverts à enlever des échelons pour augmenter le salaire des nouveaux enseignants. Dans le dépôt, c’est le mutisme total à cet effet. Quelle est la stratégie? », questionne l’homme qui en est à sa septième année de présidence au syndicat.
« C’est au forum que se discuteront ces choses-là. J’invite les gens à investir dans ce nouveau véhicule qui permettra d’avancer plus vite et plus loin », conclut Jean-François Roberge.