Commissions scolaires, religion et majorité

Le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a commencé à déposer une série d’amendements afin de répondre à certaines critiques envers sa réforme des commissions scolaires, par exemple en permettant à un enseignant d’une autre école de réviser une note et de trancher en cas de contestation.

Présentement, le projet de loi 40 prévoit qu’un directeur d’école pourrait « après consultation de l’enseignant […] majorer le résultat d’un élève s’il existe des motifs raisonnables liés à son cheminement scolaire ».

« On a annoncé notre intention de venir préciser dans la loi que, d’aucune façon, une note ne peut être modifiée par quelqu’un d’autre qu’un enseignant. Ça vient conforter cette autonomie professionnelle dans l’évaluation des apprentissages. Ça devient aussi un rempart contre le gonflage de notes et le nivellement par le bas. L’amendement est en cours de rédaction et sera déposé bientôt », explique Jean-François Roberge, député de Chambly.

Motifs raisonnables?
Une fois légiférée, la notion que seul un autre enseignant puisse rectifier, dans un cas de motifs raisonnables, une note émise au préalable par son homologue peut demeurer un geste délicat.

« C’est simplement un mécanisme d’appel dans lequel on conforte une fois de plus l’enseignant comme étant le seul évaluateur. On est dans l’exception, mais il y a toujours la possibilité que l’on puisse avoir besoin d’un second regard où que l’on pense qu’il puisse y avoir eu une erreur. Il faut s’assurer encore, à travers cette rareté, que c’est un enseignant qui révisera la note. Pas un cadre ni un directeur général de commission scolaire ou de centre de service », précise M. Roberge.

Le ministre compare ce procédé au cas d’un patient qui obtiendrait un diagnostic duquel il doute, stipulant que ce dernier ne demanderait pas au directeur de l’hôpital ou au ministre de la Santé d’obtenir un second diagnostic, mais bien à un autre médecin.

Syndicats mécontents
Initialement, la proposition n’a pas plu aux syndicats d’enseignants, qui y voyaient une atteinte à leur autonomie professionnelle.

« Nous croirons l’amendement lorsque nous le lirons officiellement. » – Éric Gingras

« Plusieurs leaders syndicaux étaient en désaccord avec certains points du projet de loi 40. Ce n’est pas un rejet en bloc. Par rapport à cet amendement qui s’en vient, plus précisément, la plus grande des fédérations syndicales s’est montrée très ouverte et encouragée. Elle a hâte de voir le libellé de l’amendement et considère qu’introduire cet élément à la loi est de bon augure », dit positivement le ministre de l’Éducation.

« À l’origine, avant le dépôt du projet de loi 40, Jean-François Roberge disait déjà que ce serait seulement les enseignants qui pourraient modifier une note s’il y avait matière à le faire, réplique Éric Gingras, président du syndicat de Champlain. Or, lorsque le projet de loi a été déposé, ce n’est pas ce qui était écrit. Nous croirons l’amendement lorsque nous le lirons officiellement », complète le président dont le syndicat représente les enseignants et le personnel de soutien.

Ferme mais flexible
Malgré les amendements liés à la réforme, il y a cependant des aspects sur lesquels la CAQ sera intransigeante, conservant intact le cœur de son projet de loi.

« Il n’y aura plus de commissions scolaires, mais bien des centres de services; il n’y aura plus de conseils des commissaires, mais bien des conseils d’administration; il y aura décentralisation de la prise de décision pour moins de bureaucratie. Ces éléments sont les principes directeurs. On est fermes sur le principe, mais on peut être flexibles sur le moyen », nuance-t-il.

Abolition cours d’éthique et culture religieuse
Dès la rentrée scolaire 2022-2023, un nouveau programme prendra la place du cours d’éthique et culture religieuse (ECR).

« C’est une refonte en profondeur du cours. Ce cours a douze ans d’existence. Il aura servi de transition entre les cours que l’on avait avant, cours qui transmettaient la foi catholique et protestante dans nos écoles. Le ECR sortait la transmission de la foi mais laissait tout de même une grande place de transmission de connaissances religieuses », évoque Jean-François Roberge.

Le contenu du programme n’étant pas écrit, la CAQ ira en consultation auprès de plusieurs experts ainsi que de la population. Demeurant désireux que les jeunes sachent ce que sont les grandes religions à travers le monde, et faisant partie d’une culture générale, le gouvernement souhaite intégrer d’autres concepts. Les concepts dont il est question représentent huit thèmes se déclinant ainsi : la participation citoyenne et la démocratie, l’éducation juridique, l’écocitoyenneté, l’éducation à la sexualité, le développement de soi et des relations interpersonnelles, l’éthique, la citoyenneté numérique et la culture des sociétés.

École obligatoire jusqu’à 18 ans
Dans certaines provinces, l’école est obligatoire jusqu’à 18 ans. Antérieurement, les libéraux, les péquistes et les solidaires s’étaient unis pour conspuer la proposition de la CAQ de rendre l’école obligatoire jusqu’à 18 ans.

« J’ai souri cette semaine en voyant certains titres. J’en parlais dans mon livre en 2016 et je disais qu’il fallait aller à l’école jusqu’à 18 ans ou jusqu’à diplomation. En février 2019, je disais que nous voulions aller de l’avant dans le mandat pour l’école jusqu’à 18 ans et la diplomation. On réfléchit aux meilleures façons de l’implanter. Il y a eu des titres sur un recul. Il n’y a aucun recul. On veut aller de l’avant avec cette mesure, simplement on ne fait pas tout dans la première année », complète le ministre.