Charitables dès la maternelle

Les élèves de maternelle de Nathalie Déry, à l’École De Bourgogne de Chambly, ont renoncé à être couverts de jouets afin de pouvoir donner à leur prochain.

Tout a commencé par une campagne de financement pour un projet tout autre, soit celui de créer une patinoire à l’arrière de l’école. Une collecte avait été organisée par les élèves et leur professeure à cette fin, mais le projet était tombé à l’eau. « J’ai ce rêve depuis longtemps pour les enfants. » Mme Déry explique que l’idée s’est renforcée pendant la pandémie, et qu’elle a entamé des démarches pour qu’une patinoire soit aménagée.

Une offre limitée

« Avant, on pouvait amener les enfants patiner quatre fois par année. Avec la pandémie, on cherche des façons de leur permettre de bouger, puisqu’ils en ont besoin. »

Rappelons que Chambly dispose en temps normal de 18 patinoires, qui lui coûtent près de 100 000 $ en entretien, sur une période de quatre mois. En ce moment, en raison de la pandémie, l’offre se veut limitée. Le Centre sportif Robert-Lebel est fermé depuis le mois d’octobre, et aucune activité n’y est tenue. La location n’y est pas non plus offerte. Au Complexe sportif ISATIS Sport Chambly, les activités sportives sont suspendues jusqu’au 11 janvier 2021, bien qu’il soit toujours possible d’y louer une portion de patinoire en famille, seul ou en binôme.

Une cause contre une autre

Ce que Mme Déry souhaitait pour ses élèves était une patinoire près de l’école. Elle indique qu’à défaut d’avoir mené une campagne médiatisée, sa classe a fait de la sollicitation interne auprès de l’école et des parents, pour amasser des sous à investir dans le projet, dans l’éventualité où il se concrétiserait et serait approuvé par la Ville. « On a  notamment vendu des cartes de Noël. J’ai eu des échanges avec le conseiller de notre district (1), M Carl Talbot, qui m’a fait comprendre qu’il y avait une ouverture de la part du conseil municipal, et que la porte n’était pas fermée, même si finalement, ce ne serait pas pour tout de suite. Il a alors fallu trouver une autre utilité aux fonds recueillis. »

Un élan de générosité

Alors qu’ils avaient le choix d’investir le montant amassé dans de nouveaux jeux pour leur classe, les élèves de maternelle ont eux-mêmes décidé d’en faire don au Service J’ai faim à tous les jours dont Serge Allaire est responsable au sein de l’organisme POSA Source des Monts. Le service offre des repas chauds et des collations aux enfants démunis des 9 écoles primaires et de l’école secondaire de Chambly et Carignan. « Les enfants ont eux-mêmes renoncé à leur privilège et choisi d’aider d’autres enfants », raconte l’enseignante avec fierté, qui dit vouloir qu’on retienne la générosité, mais aussi la maturité de leur geste.

« Les enfants ont eux-mêmes renoncé à leur privilège et choisi d’aider d’autres enfants. » – Nathalie Déry

Un coup de cœur

« Les parents devaient proposer des organismes de charité auxquels on pourrait remettre l’argent collecté, et parmi les organismes suggérés, les élèves ont choisi le service J’ai faim à tous les jours de POSA, sans doute parce qu’ils devaient trouver qu’il ressemble au père Noël ! », d’ajouter Mme Déry avec amusement. « Ce qui est aussi assez particulier dans cette histoire, c’est que notre école est la première à avoir reçu des repas de l’organisme, pour élèves dans le besoin, il y a une vingtaine d’années. Et maintenant, c’est l’école qui lui offre une aide en retour. C’est assez beau. »

Matures même devant la COVID

En plus d’avoir montré qu’ils pouvaient faire preuve d’empathie et de désintérêt, les élèves de Mme Déry auraient, selon elle, aussi témoigné d’une discipline exemplaire en ce qui à trait aux mesures sanitaires. « Ça va super bien classe, les enfants ont beau être tout petits, ils ont bien compris et appliqué toutes les règles, ils se lavent bien les mains quand il faut, on n’a vraiment pas de problème à les faire respecter le protocole en place. » Elle explique que deux classes ont dû être fermées par l’école dernièrement, par mesure préventive, mais que toutes les précautions sont prises pour que les lieux demeurent sécurisés.

L’enseignante salue aussi la collaboration des parents, qui « ont vraiment été attentionnés en gardant leurs enfants à la maison dès qu’ils soupçonnaient ou constataient qu’ils avaient des symptômes s’apparentant à ceux de la COVID. »

Bien qu’elle continue de souhaiter l’inauguration prochaine d’une patinoire dans le quartier, elle se réjouit du dénouement inspirant qu’a connu la campagne initiée pour la cause, puisque cela démontrerait qu’à toute échelle, il est possible d’avoir une influence positive sur sa communauté, même en pleine pandémie.

Question aux lecteurs :

Êtes-vous en faveur de la création d’une patinoire dans le coin ?