Changer la loi pour contrer l’intimidation

Le 5 décembre le député caquiste de Chambly, Jean-François Roberge, a sommé le ministère de l’Éducation d’agir en ce qui a trait à l’intimidation dans les écoles publiques et privées.

Un texte de

Le député était accompagné de trois femmes de Saint-Bruno-de-Montarville : Nancy Woods, Christine Gingras et Véronique Perreault. Sonia Grenon fait également partie des démarches, mais n’était pas à l’Assemblée nationale. Elles allèguent que leurs enfants ont été sévèrement intimidés à l’école primaire privée l’Académie des Sacrés-Cœurs.

Selon elles, leurs enfants en ont été victimes dès la première année du primaire. De nombreux gestes ont été décrits tels que des propos racistes, insultes, violence physique, embuscades, lancers d’objets lourds et même des menaces de mort.

Un système défaillant

Comme l’école ne semblait pas coopérer pour contrer l’intimidation, elles ont cherché de l’aide auprès de diverses instances telles que le Protecteur de l’élève, le Protecteur du citoyen, le ministère de la Famille et le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MELS).

Résultat : elles apprennent qu’il n’y a pas de Protecteur de l’élève au privé et que le MELS ne peut rien faire. « Selon la Loi sur l’enseignement privé, le MELS ne peut pas prouver que les écoles privées suivent leur plan de lutte contre l’intimidation, il peut juste vérifier si elles en ont un, expose Nancy Woods. Il donne donc des constats de conformité sans réel fondement. »

Selon le député, même s’il y a un Protecteur de l’élève au public, il faut le moderniser. « Le Protecteur de l’élève, qui joue le rôle d’un mécanisme d’appel, est totalement inefficace, lance-t-il. Le Protecteur de l’élève ne s’occupe d’aucune manière des jeunes qui sont dans le réseau privé. Donc, non seulement il est inefficace dans le réseau public, mais il est inexistant dans le réseau privé. »

S’unir pour changer la loi

Jean-François Roberge et les quatre mères talonnaient séparément le MELS depuis l’automne 2016 pour qu’il invalide les faux constats de conformité et étende un Protecteur de l’élève national afin que « les 107 000 élèves de l’école privée puissent bénéficier d’un traitement de plaintes qui serait valide, qui regarderait la qualité des mesures », plaide Christine Gingras.

Ils ont joint leurs forces en mars dernier, ont partagé leurs informations et planché sur des solutions. « On s’est frappées à tellement de portes et M. Roberge nous en a enfin ouvert une. Avant lui, personne ne nous écoutait, et on est des adultes, imaginez si c’était un enfant qui cherchait de l’aide, raconte Nancy Woods. Il nous a parlé un peu de ce que la CAQ préparait pour l’intimidation. » Le député de Chambly leur a ensuite proposé de faire un point de presse le 5 décembre.

Pressions sur le MELS

Lors du point de presse, le député a dévoilé ce qui se passait dans le système. « Les parents qui font le choix d’envoyer leurs enfants dans une école privée ne font pas le choix de se priver d’un recours. La plupart des écoles privées font bien leur travail pour protéger les jeunes, mais quand ce n’est pas le cas, que peuvent faire les parents ? Pas grand-chose », dit-il.

Jean-François Roberge avait demandé que le ministre de l’Éducation dépose un projet de loi avant le vendredi 8 décembre. « J’espère qu’il va être déposé d’ici vendredi pour qu’on puisse le travailler et l’adopter rapidement parce que chaque jour, en ce moment, il y a des jeunes qui vivent de l’intimidation, puis on ne peut pas les laisser tomber », insistait-il.

Rien n’a été fait et la session parlementaire ne reprendra qu’en janvier. « Espérons que ce dossier se retrouvera au sommet de ses priorités pour 2018 ! », s’exclame Jean-François Roberge.

Question aux lecteurs : Que pensez-vous des solutions proposées par Jean-François Roberge ?