Relève agricole : « C’est une crise »

La Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) a lancé la campagne #maistoutvabien sur les réseaux sociaux. Un message ironique pour inciter le gouvernement à agir afin d’aider les jeunes souhaitant s’engager dans l’agriculture.

Aucun jeune de Chambly et des environs ne postule actuellement pour reprendre une ferme. Ce triste constat réalisé par Vincent Angers Deslauriers, président de l’Association de la relève agricole de Saint-Hyacinthe (ARASH), dont fait partie la Vallée-du-Richelieu, n’est pas une coïncidence, selon le dirigeant, lui-même agriculteur en Montérégie. « C’est une crise du monde agricole. Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) prévoit une chute de 49,2 % du revenu net agricole en 2023 et de 86,5 % en 2024. »

Un démarrage compliqué

Le contexte économique explique beaucoup de choses, selon Vincent Angers Deslauriers, qui tient à faire appel au gouvernement avec la FRAQ à travers le hashtag #maistoutvabien. « On est souvent précaire quand on est jeune. Les coûts augmentent et on ne peut pas augmenter le prix des produits. La marge bénéficiaire diminue et les jeunes éprouvent de la misère à vendre au juste prix. Ils doivent aussi se gagner une clientèle! »

Selon une étude de la FRAQ, plus de la moitié des agriculteurs travaillent à temps partiel pour un deuxième emploi afin de boucler les fins de mois. « C’est comme si c’était normal que l’on travaille à l’extérieur pendant que l’on gère une entreprise à temps plein ou que l’on ne soit pas capable de prendre des vacances quand on est sur le point de briser, fait remarquer David Beauvais, président de FRAQ pour l’Estrie. Est-ce que l’on trouverait cela normal pour d’autres secteurs d’activité? J’en doute très certainement. »

Plus que des subventions

Aujourd’hui, l’agriculteur montérégien lance un appel au gouvernement. « Il existe un problème financier, mais nous ne réclamons pas simplement des subventions. Nous voulons aussi une politique sociale, car quand on se lance dans une exploitation, on est seul sur notre entreprise. À travers la campagne #toutvabien, on veut se faire remarquer et entendre! L’agriculture est plus difficile qu’elle ne l’a jamais été. On peut obtenir une aide connexe en soutien à l’inflation ou bien du meilleur matériel pour être plus efficace. »

Les difficultés pour démarrer une exploitation sont bien connues de Vincent Angers Deslauriers. D’ailleurs, elles se situent dès le début de l’aventure de ces jeunes agriculteurs. « Dès le départ, on constate que les opportunités en Montérégie sont moins présentes qu’auparavant. Le prix des terres est élevé. Par conséquent, ils ne peuvent pas se les acheter et ce sont les grosses entreprises qui en deviennent propriétaires. »

Si, pour les jeunes de la région de Chambly, tout est loin d’être rose, le président de l’ARASH précise qu’ils sont quand même avantagés sur un certain point. « Par notre position géographique, ils sont assez proches de Montréal, de Sainte-Julie ou encore de Saint-Hyacinthe, qui ont des marchés intéressants. Quand on regarde des agriculteurs venir de plus loin, c’est très compliqué de rentrer dans leurs frais en comptant le transport. »

» Dès le départ, on constate que les opportunités en Montérégie sont moins présentes qu’auparavant. » – Vincent Angers Deslauriers

En début d’année 2023, la fiducie REM a acquis pour un total de 50 hectares des terres à proximité du terminus du Réseau express métropolitain de Brossard, dans le périmètre de Carignan. Le but de la manœuvre est de conserver un minimum de terrains agricoles malgré l’étalement urbain.