Bénévole ici, solidaire ailleurs

À l’âge de 75 ans, Marcel Croteau confie être extrêmement chanceux de ce que la vie lui offre jusqu’à présent. Entretien à bâtons rompus avec un homme impliqué dans sa communauté non sans se montrer solidaire avec la population d’un village au Guatemala.
« Les années ne sont plus là; il faut accepter qu’on n’a plus vingt ans » avoue d’emblée M. Croteau, que le Journal a rencontré chez lui par un après-midi froid et ensoleillé, dans sa résidence située à une centaine de mètres du Richelieu.

« Je me suis dit, si je suis capable d’arrêter à soixante ans pour faire autre chose. » – Marcel Croteau

Le Richelois fait tout de même de la natation, patine avec ses petits-enfants, marche avec sa conjointe Huguette Archambault, perfectionne le chant au sein de l’Ensemble vocal Air du temps et siège au conseil d’administration des Missionnaires Oblats de Marie-Immaculée, une résidence pour personnes âgées dirigée par des religieux.
« Mon père est décédé à l’âge de 62 ans; ma mère à 64 ans, relate M. Croteau. Je me suis dit, si je suis capable d’arrêter à soixante ans pour faire autre chose. (…) Des choses intéressantes. Je n’ai jamais regretté. »
Détenteur d’un bac et d’une maîtrise en travail social à l’Université McGill, auxquels il ajoute une spécialisation en thérapie familiale, il est appelé à œuvrer dans le milieu anglophone et dans celui des communautés culturelles. Il travaille alors au Montreal Chlidren’s et à l’Hôpital Douglas, notamment en pédopsychiatrie. C’est lors de cette période qu’un cancer de la thyroïde se pointe, mais qui, grâce à la médication, ne l’a pas affecté outre mesure. Il passe par la suite à la DPJ à titre de cadre. Des coupures suivront. « J’ai flotté pendant un an », illustre celui qui avait alors 55 ans. L’incertitude se termine lorsqu’il est appelé à devenir formateur chez les Cris à la Baie-James.

La fabrique

« J’ai dit oui pour devenir président de la Fabrique de Notre-Dame de Bonsecours », mentionne M. Croteau, alors retraité à 60 ans. Il sera à ce poste de 2005 à 2015. Le défi, à l’époque, explique-t-il, était d’ordre financier. « On n’avait pas les moyens pour payer les salaires, excepté celui du curé; il fallait chercher des bénévoles pour les divers entretiens. »
Il confie avoir négocié ferme avec Vidéotron afin que l’entreprise paie le juste prix pour déployer ses antennes autour de la nef de l’église. Un atout qui s’est ajouté au travail accompli pour rétablir la santé financière du lieu de culte.
Que retient-il de cette expérience? « Connaître plus la communauté de Richelieu », indique l’ex-président, non sans souligner que certains bénévoles aidaient la fabrique, mais n’assistaient jamais à la messe.
« Je dis toujours ce que je pense, affirme-t-il sans ambages. Quelquefois, il y a des prêtres pires que le Vatican. » Des frictions quand il s’agit d’orientation sexuelle. L’ex-travailleur social dit se rappeler d’un discours prononcé à l’église qui l’a fait sortir de ses gonds, à tel point qu’il s’est senti obligé d’intervenir et de se faire pédagogue, preuves à l’appui, dira-t-il.

Se montrer solidaire

C’est d’ailleurs ce toupet qui l’a amené à convaincre, l’été dernier, le maire d’une municipalité responsable d’un village au Guatemala afin de participer financièrement à la réalisation d’un puits pour assurer un accès à de l’eau potable.
M. Croteau relate que l’organisme Solidarité Montérégie Amérique Centrale, dont il est l’un des fondateurs, a pu réaliser au cours de ses vingt ans d’existence plusieurs interventions, entre autres, le creusage de plusieurs puits, l’aménagement de latrines et l’envoi de matériel, notamment des outils pédagogiques reliés à la qualité de l’eau potable.
« De petites interventions qui ont des impacts sur la population », résume celui qui veut encore contribuer à améliorer la vie des gens ici et là-bas, à sa façon et avec les moyens du bord dont il dispose.