Analyses envoyées à Charles-LeMoyne : 5 prélèvements du Haut-Richelieu oubliés

SANTÉ. Cinq échantillons de prélèvements effectués sur le territoire du Haut-Richelieu-Rouville et devant être analysés au laboratoire de l’Hôpital Charles-LeMoyne ont été oubliés en juin. Cinq personnes ont dû subir à nouveau un prélèvement, dont un peti

Le 7 juin, Mary-Eve Caux s’est rendu avec son fils Nathan à un centre de prélèvements de Saint-Jean-sur-Richelieu. À la demande de son médecin, le bambin de 16 mois devait subir un prélèvement sanguin.

«Ça n’a pas bien été. Il a les veines fuyantes, raconte la maman. L’infirmière a été super fine. Ç’a pris un gros 15 minutes. Il pleurait beaucoup.»

Certains tubes du prélèvement nécessitaient des analyses dites régionales. Ceux-ci ont transité à l’Hôpital du Haut-Richelieu, puis ont été mis dans une glacière et envoyés, le 9 juin, à l’Hôpital Charles-LeMoyne.

«Le lundi suivant (le 13 juin), l’infirmière du centre de prélèvements m’a appelée. Elle n’était pas contente. Ça m’a inquiétée», se rappelle Mme Caux.

«Elle m’a dit qu’il fallait qu’on retourne parce que les échantillons avaient été laissés sur l’étagère», poursuit la résidente du secteur Saint-Luc.

Le lendemain, Nathan a dû subir un nouveau prélèvement. «Ça a été pire que la première fois!» indique sa mère.

Heureusement, l’état de santé de Nathan ne dépendait pas du résultat de ces analyses. L’enfant, né à l’étranger, devait subir quelques tests, notamment celui pour déterminer son groupe sanguin.

«Mon garçon est en super santé. Je suis fâchée par le principe de la perte d’échantillons à cause du laboratoire qui n’est pas fini [voir autre texte]. C’est dommage», dit Mary-Eve Caux. Elle ajoute, qu’elle-même il y a quelques mois, a dû reprendre un prélèvement après la perte d’un échantillon.

Échantillons périmés

La porte-parole du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre (CISSSMC), Martine Lesage, confirme que les analyses de cinq personnes de la région, dont celles du petit Nathan, n’ont pas été réalisées.

«Le laboratoire a confirmé qu’il y a eu des prélèvements qui ont été égarés. On ne peut toutefois pas confirmer ce qui s’est passé», dit M. Lesage.

«Il y a eu une faille. Les échantillons n’ont pas été manipulés. Les analyses n’ont pas été faites. Les prélèvements sont retournés du côté de l’Hôpital du Haut-Richelieu [sans être analysés]», poursuit Martine Lesage.

Autre erreur. Normalement, les tubes de prélèvements ne retournent pas à la destination d’origine. «Une fois les analyses effectuées, c’est le résultat qui est transmis [par télécopie], pas les tubes, ajoute Mme Lesage. On ne sait pas pourquoi la boîte est retournée dans le Haut-Richelieu-Rouville sans avoir été analysée.»

Reprise

Lorsque l’erreur a été constatée, la date de péremption des échantillons était expirée. Cinq usagers ont été concernés par cette situation.

«On confirme que le 13 juin, on a constaté que les échantillons étaient irrécupérables. C’étaient des analyses non urgentes pour les cinq», soutient Martine Lesage.

Elle souligne que les cinq usagers touchés ont tous été contactés pour reprendre leur prélèvement.

Le CISSSMC se dit désolé des inconvénients subis par ces patients. «On comprend ce préjudice. Ce n’est pas agréable de subir un prélèvement. C’est encore moins évident lorsqu’il s’agit d’un bébé», dit Martine Lesage.

Enquête

La conseillère-cadre aux relations avec les médias indique qu’une équipe est en place pour revoir le processus de A à Z. «C’est un événement isolé, mais malheureux», ajoute-t-elle.

Une enquête a été instituée pour éviter la répétition d’un tel événement, qualifié d’«inacceptable» par le CISSSMC. «Cela démontre qu’il y a eu une faille dans le processus. Dans un objectif d’amélioration continue, notre équipe de gestion des risques accompagne les équipes concernées pour réviser l’ensemble du processus afin d’éviter qu’une telle situation se répète», conclut Mme Lesage.

Aucun lien avec Optilab, assure la direction

La perte de la trace de la glacière remet de l’avant les questions reliées à Optilab, cette vaste réorganisation des laboratoires de biologie médicale du Québec, qui enverrait 70% des analyses de l’Hôpital du Haut-Richelieu vers Charles-LeMoyne. La direction du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Centre (CISSSMC) affirme que l’incident n’est aucunement lié à ce projet.

«Ça n’a pas du tout rapport à Optilab. Déjà, des milliers d’échantillons voyagent [entre Saint-Jean-sur-Richelieu et Longueuil]. Ce n’est pas nouveau. Il ne faut pas mettre Optilab en cause», atteste Martine Lesage, conseillère-cadre aux relations avec les médias au CISSSMC.

Sur les 3,7 millions d’analyses effectuées chaque année à l’Hôpital du Haut-Richelieu, environ 30 000 sont envoyées à Charles-LeMoyne. «Ce sont des analyses dites régionales. Charles-LeMoyne peut faire jusqu’à environ 100 types d’analyses régionales différentes», souligne Martine Lesage.

Elle ajoute qu’Optilab n’est pas débuté. «Une solution de transport et de traçabilité est d’ailleurs préalable au projet», poursuit-elle.

Réactions

Le député de Saint-Jean, Dave Turcotte, milite pour le maintien des analyses à Saint-Jean-sur-Richelieu et la reprise des travaux du laboratoire au 3<V>e<V> étage de l’agrandissement de l’Hôpital. Informé de l’égarement de la glacière, il a réagi en faveur de l’arrêt d’Optilab.

«Ça n’a pas d’allure! On le voit! Ça se rend là-bas et ça revient. Comment peut-on oublier d’analyser?» questionne-t-il.

Il s’avoue «très inquiet» de cette situation. «C’est déjà long d’avoir des résultats et là, des gens doivent retourner. Quand tu es stressé, la pire affaire que tu veux entendre, c’est que ton test est perdu», ajoute-t-il. Il rappelle le bon fonctionnement du laboratoire de l’Hôpital du Haut-Richelieu.

«Ça fonctionnait bien avant cette volonté de centralisation des laboratoires. Déjà, il y a du transport à faible volume et il y a des erreurs. Quand ça va être à plus grand volume, est-ce que ça va être plus risqué?» Il dit toutefois comprendre le statut «régional» de certains tests.

Dave Turcotte précise qu’il tente de trouver une solution pour conserver les analyses de laboratoire dans le Haut-Richelieu.

@BV:Les tubes du prélèvement du petit Nathan, qui ont été envoyés à l’Hôpital Charles-LeMoyne pour analyses, ont été oubliés. Il a dû subir une deuxième prise de sang en une semaine. Il pose ici avec sa mère, Mary-Eve Caux