Agriculture : le cœur méditerranéen

Stéphane Balagué est maraîcher au bord du canal à Chambly. Français d’origine, il a adapté son savoir-faire au climat québécois pour obtenir des produits méditerranéens.

Stéphane Balagué a planté une partie de son patrimoine dans ses deux hectares de terrain à proximité du canal de Chambly. Un peu de son cœur de Catalogne française aussi. « Je cultive des artichauts à la méditerranéenne, mais aussi des fines herbes, du thym, des oignons et de la lavande, explique-t-il. Tous mes produits ne se trouvent pas qu’en bordure de la mer Méditerranée, mais c’est une technicité de production à travailler pour s’adapter au climat. Cela m’a pris plusieurs années. Je cultive aussi des tomates et des pommes de terre françaises. »

Implanté à Chambly depuis 2019, Le Potager du Canal est une entreprise familiale dans laquelle le quadragénaire venu de Perpignan retrouve ses valeurs. « Je limite ma surface de culture, car nous travaillons en famille. C’est ma vision de l’entreprise. Ma femme est infirmière et m’aide aussi, tout comme nos cinq enfants. L’exploitation produit moins, mais nous misons sur la qualité. Je suis horrifié quand je vois l’état des artichauts en magasin. » 

Pour parvenir à obtenir des productions satisfaisantes de saveurs de sa région, Stéphane Balagué a dû s’adapter et se nourrir de son expérience de maraîcher depuis 25 ans. « Le climat est chaud et sec à Perpignan, alors qu’ici, il est plutôt chaud et humide. La terre est rustique dans cette partie de Chambly. Le thym et l’ail peuvent passer l’hiver. D’ailleurs, mes pousses devraient germer dans un mois, environ. Je les protège avec du plastique. Cela permet de réchauffer le sol et de lutter contre les mauvaises herbes. Il n’est pas certain que les nuits à -10 degrés soient passées. J’utilise toujours des techniques qui respectent la nature. Après, chaque plante a sa sensibilité. Par exemple, l’artichaut est vivace en France. Ici, il faut ressemer. »

L’opportunité au Québec

Conseiller agricole en France, le maraîcher a décidé de franchir l’Atlantique pour se réaliser ici. Il explique son choix. « Je ne sais pas si vous avez suivi l’actualité récente en France, mais c’est très compliqué de vivre de l’agriculture là-bas. Lorsque j’ai vu qu’il y avait une possibilité de migrer au Canada, je l’ai saisie. Ici, je sais que c’est difficile, mais il existe une opportunité. Je voulais faire ce métier depuis que je suis tout petit. C’est vraiment encourageant lorsque les gens me disent qu’ils s’aperçoivent de mon amour pour cette activité. »

Après un été 2023 compliqué en raison des pluies incessantes en Montérégie, Stéphane Balagué souhaite revoir une saison chaude, même s’il ne tombe pas dans l’optimisme après cet hiver aux températures douces. « C’est vrai que l’année dernière, c’était un gros défi. On a fait comme on a pu, témoigne le maraîcher, enseignant aussi à Saint-Hilaire. Actuellement, le printemps hâtif ne signifie rien pour le moment, car les saisons sont très marquées au Québec. On verra ce que l’avenir nous réserve. »