Agressivité et impatience au volant

Bien qu’aucun accident mortel ne se soit produit sur les routes de la Vallée-du-Richelieu durant les vacances de la construction, le comportement des usagers interpelle. Au point que les jeunes conducteurs prennent de mauvaises habitudes.

Le bilan est dramatique. La Sûreté du Québec annonce 18 décès sur le réseau routier de la province et 4 autres sur le circuit récréotouristique pendant les deux semaines de vacances de la construction. Néanmoins, dans la Vallée-du-Richelieu, aucun accident mortel n’est à déplorer. « La Régie est heureuse d’échapper au lourd bilan des accidents majeurs ayant eu lieu au Québec durant les vacances de la construction, précise la Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent. Nous n’avons effectivement répertorié aucun accident mortel ou avec blessé grave sur notre territoire. Nous déplorons toutefois une dizaine d’incidents avec blessé léger. »

« Mes élèves se font pousser, klaxonner et insulter parce qu’ils respectent les règles. » – Michel Bergeron

Un soulagement pour ce coin de la Montérégie qui a vécu des moments particulièrement difficiles après les décès d’un jeune en scooter puis d’un signaleur à Carignan, à l’automne dernier en l’espace de moins d’une semaine. Néanmoins, la route reste un monde dangereux à cause du comportement des automobilistes. « Les nouveaux élèves arrivent plus stressés qu’avant, constate Viviane Carrier, réceptionniste à l’école de conduite Tecnic Chambly. Il faut dire que le monde n’est pas prudent sur la route. »

Une analyse que partage Michel Bergeron, moniteur à l’école de conduite Jasmil, toujours à Chambly. « Mes élèves se font pousser, klaxonner et insulter parce qu’ils respectent les règles. C’est au quotidien! D’ailleurs, eux-mêmes me disent lorsque les autres conducteurs ne mettent pas leur clignotant ou dépassent la limite de vitesse. Même eux le voient! S’arrêter au stop prend trois secondes. Le temps de regarder sur les côtés et de redémarrer. Mais même là, ils se font klaxonner. Alors à la fin, ils font pareil pour s’intégrer au système. »

Les pires au monde

Ce changement de comportement généralisé, Michel Bergeron l’a constaté depuis quelque temps. « Avant la COVID, des travaux ralentissaient beaucoup la circulation, surtout du côté des ponts et des tunnels. Dès lors, les gens sont devenus plus agressifs. Après la COVID, c’était drastique! Cela m’ennuie de le dire, mais avant, les Québécois étaient les meilleurs conducteurs du monde. Aujourd’hui, nous sommes les pires! »

Comment lutter?

Pour preuve, le moniteur fustige le comportement des automobilistes dans les zones sensibles. « Regardez à proximité des écoles! La zone est normalement réglementée à 30 km/h. Les voitures ne respectent pas cette limite. Et qui est au volant? Les parents! C’est vraiment décourageant. Durant l’apprentissage de la conduite, on veut amener les jeunes à se responsabiliser, mais quand les parents, les voisins ou autres agissent autrement, les jeunes font de même afin de rentrer dans ce système. »

Curieux, Michel Bergeron a pris sa voiture pour atteindre Laval en partant de Chambly en respectant les règles de sécurité routière. « C’est en pure perte, regrette-t-il. J’ai fini par conduire comme les autres à partir de la Métropolitaine à force de me faire klaxonner. Que fait la SAAQ? Que fait la police? Je suis d’avis de durcir la loi, par exemple sur les excès de vitesse. Cinq kilomètres au-dessus de la limite, c’est l’amende. En tant que société, que fait-on pour lutter contre cela? »

Viviane Carrier estime que la route 112 est un coin particulièrement dangereux. « Les gens roulent trop vite. » Michel Bergeron est plutôt d’accord et ajoute que les ronds-points sont aussi des zones sensibles. « J’ai déjà vu des voitures s’engager à 70, voire 80 km/h sur celui de Fréchette. Ensuite, le véhicule s’est littéralement envolé au moment de passer sur un dos-d’âne. »