Agression liée à l'intimidation à un arrêt de bus à Chambly

Agression sur fond d’intimidation : « On veut être entendus »

Un mère de Chambly ne décolère pas après l’agression qu’a subie son fils Louis (prénom fictif) la semaine dernière. L’adolescent assure être victime d’intimidation depuis février.

C’est une mère inquiète et en colère qui témoigne, le lendemain de l’agression dont a été victime son fils. « Il ne retournera pas à l’école tant que sa sécurité ne sera pas assurée, précise la mère. On se demande maintenant comment il finira son année scolaire, car la direction de l’établissement ne nous fournit aucune réponse. »

« Je leur ai dit à plusieurs reprises que j’étais à bout, que j’étais la victime dans l’histoire. » – Louis

Mardi dernier, le jeune homme de 16 ans descendait de son bus dans le parc de stationnement de l’école secondaire de Chambly. C’est là que l’agression a eu lieu. « Il était 15 h 20, explique-t-il. Ils se sont mis à deux sur moi et m’ont sauté dessus pour me mettre des coups de pied dans la tête alors que j’étais à terre. Heureusement, un chauffeur de bus a vu l’agression et s’est interposé. J’ai passé la soirée à l’hôpital. » Le rapport médical confirme un œil tuméfié et un traumatisme crânien.

Depuis septembre, Louis fréquente l’école orientante l’Impact, à Boucherville. « Nous avons opté pour cette solution, car il a des problèmes d’apprentissage, poursuit la maman. Ses notes ont commencé à s’améliorer, mais tout s’est effondré durant l’hiver, date du début des intimidations. Au début, je n’avais pas compris ce qui se passait. Il était de mauvaise humeur et impulsif. Il ne voulait plus aller à l’école et faisait exprès de rater le bus. »

Fausses rumeurs

Pour expliquer ce comportement, l’intéressé se dit victime de rumeurs depuis le mois de février. « Des rumeurs ont commencé à circuler sur moi dans l’établissement. On disait que je harcelais des filles par des mots ou même des attouchements, ce qui est complètement faux. » Pour mettre fin à cela, l’élève assure être allé voir la direction. « Je leur ai dit à plusieurs reprises que j’étais à bout, que j’étais la victime dans l’histoire. Un jour, je suis allé dans le bureau du directeur, qui m’a fait comprendre que c’était peut-être de ma faute. »

Cette agression physique, Louis savait qu’elle aurait lieu. Il redoutait juste le moment. Il avait même prévenu sa mère. « Je ne comprends pas comment la direction n’a pas bougé, s’agace-t-elle. Tout le monde en parlait dans les couloirs, comment la direction n’a pas pu s’y intéresser davantage? Le lendemain de l’agression, je suis allée voir sur place et l’école n’a pas été capable de me montrer un plan de sécurité pour mon fils. J’ai demandé de me montrer quelles actions ont été entreprises afin d’éviter que ce drame ait lieu, ils n’en ont pas été capables. Ils me disent que des vérifications sont nécessaires, mais pendant ce temps, mon fils reste à la maison, car il n’ose plus y aller. Des menaces persistent et d’autres jeunes pourraient en profiter pour s’en prendre à lui. »

Mais le côté dramatique de la situation n’est pas terminé. « Les agresseurs ont filmé la scène et l’ont envoyée à leurs amis, s’attriste la mère. On essaie de mettre la main dessus, car c’est une preuve irréfutable. Ce sont les mêmes personnes qui agressent les jeunes dans les rues de Chambly en les faisant s’agenouiller sous la menace d’armes pour les ridiculiser et publier les vidéos sur les réseaux sociaux. »

Une plainte a été déposée à la Régie intermunicipale de police Richelieu – Saint-Laurent. « Elle a été soutenue par des amis et des chauffeurs de bus qui ont tout vu », renchérit la maman. Des mesures d’éloignement ont été instaurées. « Les agresseurs n’ont pas le droit de croiser la victime, sauf dans le cadre scolaire, ni d’avoir tout contact physique avec elle, explique Éric Boulianne, agent sociocommunautaire. La loi empêche les mineurs d’être déscolarisés. L’événement a été qualifié de voie de fait avec lésion. Pour cela, une peine de prison de dix ans maximum est possible, qui pourrait être réduite avec les circonstances atténuantes que sont les antécédents et l’âge des suspects. »

Aller de l’avant

La maman tient à ce que l’agression que vient de vivre son fils soit partagée par tous. « J’ai l’impression que les agresseurs vont juste recevoir une tape sur les doigts. C’est une sanction bonbon! »

En attendant, son fils se remet de ses blessures en se forgeant un moral pour surmonter les épreuves de ces derniers mois. « Je me sens plus en sécurité à la maison qu’à l’école. Désormais, on ne sait pas ce que l’école va faire. Mais je suis plus fort que mes agresseurs. »

Interrogée, l’école orientante l’Impact de Boucherville n’a pas souhaité répondre à nos questions. De son côté, le Centre de services scolaire des Patriotes se montre prudent. « Nous faisons les suivis appropriés pour comprendre ce qui s’est passé et pour nous assurer que la victime se porte bien. »