Affaire Couvreur 2000: la balle dans la cour du ministère du Travail

RÉACTIONS. Le cas de Robert Pouliot et de son entreprise, Couvreur 2000, toujours en affaires malgré 15 condamnations en 10 ans, est maintenant à l’étude au ministère du Travail.

C’est ce qu’a appris TC Media moins d’une semaine après la publication de l’enquête dans cinq de ses journaux en Montérégie ainsi que dans le quotidien en ligne TC Media Nouvelles.

Les élus de la région ont été particulièrement interpellés par le sort de dizaines de citoyens victimes des pratiques condamnables de cet entrepreneur en recouvrement de toiture qui continue d’œuvrer en Montérégie sans permis de la Régie du bâtiment du Québec, sans rembourser les clients qui ont obtenu justice contre lui et sans même se présenter à la Cour lorsque requis de le faire.

Intervention des députés locaux

«Comme élu, ça m’interpelle. On voit que certains secteurs de la construction sont encore le far west. Mon travail, c’est de protéger les citoyens», déclare le député de Chambly, Jean-François Roberge.

Après avoir reçu une lettre d’une résidente flouée par Couvreur 2000, Caroline Poirier, le député a transmis le dossier au ministère du Travail, afin de voir quels changements pourraient être apportés dans la législation ou la règlementation.

«Dans votre reportage, vous avez posé le diagnostic, c’est maintenant notre tour de traiter la maladie», image-t-il.

Même son de cloche du côté du bureau de la députée de Montarville, Nathalie Roy, qui qualifie cette situation de «triste et déplorable». Son attachée de presse, Alexandre Lahaie, informe qu’ils comptent seconder M. Roberge et déposer le dossier auprès du ministère.

L’attaché de presse de la ministre du Travail Dominique Vien, Florent Tanlet, confirme que le dossier de M. Roberge a été reçu le 13 mars dernier. Le bureau du ministre a également communiqué avec Mme Poirier et une demande d’état de situation a été déposée à la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) par le ministère.

«Puisqu’il s’agit d’un cas judiciarisé, nous ne pouvons pas commenter. Nous en saurons plus une fois que nous aurons l’état de situation de la RBQ», indique M. Tanlet.

S’il s’agit d’un dossier de compétence provinciale, le député fédéral Matthew Dubé se renseignera tout de même pour voir ce qui peut être fait pour aider Mme Poirier.

«C’est dégoutant, ça me lève le cœur. Je suis pourri en rénovations, quand on engage quelqu’un, on s’attend à un lien de confiance! Cette dame a eu le courage de dénoncer, mais il y en a sans doute plusieurs autres qui ont souffert de cet abus», lance Matthew Dubé.

D’autres victimes

Le reportage sur l’histoire de Mme Poirier a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Annie Benoit, une résidente de Beloeil, a également témoigné de son cas après la lecture des articles.

La toiture de sa résidence avait été refaite par Couvreur 2000, deux ans avant qu’elle devienne propriétaire. En trois ans, sa demeure a subi huit infiltrations d’eau.

«Ce n’est pas nous qui avons engagé Couvreur 2000 et les nouveaux acheteurs ne pensent pas nécessairement vérifier qui a fait les travaux au moment de l’achat», affirme-t-elle.

Après s’être informée auprès de la RBQ, elle a appris que l’entrepreneur n’avait pas de licence et que six autres plaintes avaient été déposées contre lui. Trois plaignants ont pourtant retiré  leur demande à la RBQ, ce qui a découragé la propriétaire.

«Quand on voit qu’il ne rembourse pas et que ça ne nous donne rien, on se dit que ça ne vaut pas la peine. Au moment du renouvellement de l’hypothèque, nous devrons réemprunter pour réparer le toit», conclut Mme Benoit.

L’intervention des députés locaux sera-t-elle à l’origine d’un requestionnement de la Loi et des pratiques qui permettent qu’un entrepreneur plusieurs fois condamné puisse continuer à faire des victimes?

C’est du moins ce que souhaite Jean-François Roberge…

Avec la collaboration d’Arnaud Koenig-Soutiere.