Vente à la SAQ: Les producteurs dénoncent la fin de l’aide financière

ÉCONOMIE. Les vignerons et cidriculteurs de la région dénoncent la fin d’un programme par le biais duquel le gouvernement québécois leur remboursait une partie la majoration du prix des vins et des cidres exercée par la SAQ.

C’est le cas du propriétaire du Domaine de Lavoie, Francis Lavoie, mécontent d’avoir appris la nouvelle seulement en décembre alors que le programme a pris fin le 12 septembre.

«En ce moment, ce n’est plus avantageux de vendre à la SAQ. Nous voulons être traités comme les vignerons des autres provinces et pays, qui reçoivent de l’aide à la commercialisation», affirme-t-il.

Moins de revenus

Le Programme d’appui au positionnement des alcools québécois dans le réseau de la SAQ permettait aux producteurs de récupérer une partie des profits de la SAQ sur le prix de leurs produits. Le calcul s’effectuait en fonction des ventes réalisées. Par exemple, puisque le prix des vins est majoré de plus de 130% par la SAQ, les vignerons obtenaient de 2$ par bouteille vendue plus 18% de la majoration en remboursement du gouvernement.

Michel Jodoin, propriétaire de la cidrerie qui porte son nom est aussi en désaccord. «Je trouve ça dommage que le programme ait été coupé et qu’on ne nous l’a pas dit avant décembre. Ce sont quelques milliers de dollars qui ne m’ont pas été remboursés pour octobre, novembre et décembre», déclare-t-il.

La coordonnatrice des Cidriculteurs artisans du Québec, Catherine St-Georges, va même plus loin, en soutenant que le moment où le gouvernement a pris sa décision d’abolir le programme n’était pas approprié.

«Je ne comprends pas pourquoi ça s’est fait en septembre, car l’automne est la période où il y a le plus de ventes à la SAQ.»

Un engagement jusqu’en 2017

Le président de l’Association des vignerons du Québec, Yvan Quirion, s’inquiète de l’impact de cette décision sur les petits vignerons qui ont investi des sommes importantes pour se développer croyant bénéficier d’une aide financière jusqu’en 2017.<

«Si le programme n’est pas réinstauré, les vignerons vont avoir des problèmes financiers. Le fait que le plan de développement était prévu jusqu’en 2017 leur a envoyé le message de planter des vignes. Le ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis, charcute le plan sans vision et vient donc détruire l’industrie», s’indigne-t-il.

La députée d’Iberville, Claire Samson, est aussi outrée par la situation. «Nous ne pouvons pas couper les jambes au coureur en cours de route. Les vignobles ont besoin de prévoir à moyen et long terme. Un gouvernement qui a un peu de vision aurait prévu au-delà de 2017», affirme-t-elle.

Mme Samson présente donc deux demandes claires, soit que le programme se poursuive et que la suite des choses soit planifiée d’ici la mi-année.

«Nous devons voir ce que nous pouvons faire dans les cinq prochaines années pour que cette industrie évolue. Nous devons nous asseoir avec les vignerons et leur offrir des solutions», déclare-t-elle.

Une autre demande

En plus d’exiger la relance du programme, Francis Lavoie demande à ce que la majoration imposée par la SAQ soit diminuée au bénéfice des producteurs.

«Je ne peux pas vendre en bas du prix coûtant. Pour survivre, j’ai besoin de 75% du prix de vente. Par exemple, pour une bouteille vendue à 16$ il me faudrait un revenu de 12$. S’il y avait un programme établissant une marge de profits moindre pour la SAQ, ce serait parfait», conclut-il.