Paxlovid: la pilule anti-COVID bientôt disponible en pharmacie

Depuis son approbation par Santé Canada il y a quelques jours, le médicament antiviral Paxlovid, attendu depuis des semaines, se fait d’autant plus désirer. Le journal s’est entretenu avec Jérémy Dubé, pharmacien chez Jean Coutu à Chambly (3300 boulevard Fréchette) pour l’entendre sur la manière dont cette pilule anti-COVID sera distribuée, et sur les avantages, mais aussi les inconvénients à considérer quant à ce traitement.

Santé Canada a homologué la combinaison de deux antiviraux, le nirmatrelvir et le ritonavir (nom de marque Paxlovid), pour traiter une « forme légère ou modérée » de la COVID chez les adultes présentant un risque élevé d’évolution vers une maladie grave, notamment un risque d’hospitalisation ou de décès. Mais pour pouvoir se la procurer, il faudra être encore patient.

Bientôt dans une pharmacie près de chez vous?
« Pour l’instant, l’information qu’on a eue de Santé Canada et du ministère de la Santé, c’est qu’à peu près 50 à 60 pharmacies seront désignées pour avoir le médicament, relate M. Dubé. Pour l’instant, nous ne savons pas lesquelles, et nous ne connaissons pas non plus le processus de sélection. Une fois qu’une pharmacie sera récipiendaire, elle pourra servir le médicament, qui provient des États-Unis, et qui n’a donc pas été étiqueté au Canada. Ce sera alors écrit en anglais sur la boîte, parce que c’est dans un contexte d’urgence qu’on l’importe », indique le pharmacien, ajoutant que pour se procurer la pilule en pharmacie, il faudra impérativement avoir une ordonnance.

« (…) sous ses airs séduisants, le Paxlovid a énormément d’interactions avec d’autres médicaments, ce qui va devenir complexe à gérer. » – Jérémy Dubé

Population ciblée
Étant donné que le Paxlovid sera prescrit pour traiter la maladie sous sa forme légère à modérée, seront exclus « les gens qui ont une forme sévère ou critique de la maladie et qui nécessitent une hospitalisation. Ce sera plutôt donné aux adultes qui auront obtenu un résultat positif dans les cinq jours suivant l’apparition des symptômes légers d’une infection diagnostiquée à la COVID-19, et qui sont exposés à un risque élevé de progression de la maladie. Donc ce sera pour les gens qui auront la maladie sous une forme non sévère, qui pourrait le devenir, d’expliquer M. Dubé. Ce sera surtout pour les personnes âgées, sinon des personnes ayant déjà des prédispositions telles que des comorbidités, des maladies chroniques. » Or, ces personnes étant déjà, pour la plupart, très médicamentées, des risques d’incompatibilité ou d’interférence entre traitements pourraient compliquer la prise du Paxlovid.

Le bémol
« Il est certain que ce nouveau médicament est intéressant. C’est un beau traitement qui arrive sur le marché. Mais sous ses airs séduisants, le Paxlovid a énormément d’interactions avec d’autres médicaments, ce qui va devenir complexe à gérer, d’observer M. Dubé. Par exemple, une personne avec une maladie chronique, qui fait justement partie de la clientèle cible, et qui prend déjà beaucoup de médicaments, risque de ne pas pouvoir prendre le Paxlovid car il interfère avec son autre traitement. »

Avancer à tâtons
Selon le pharmacien, « l’autre problème, c’est qu’on manque d’informations, mais qu’on va quand même de l’avant avec ça. On ne sait pas encore quels seront les effets de cette interaction entre médicaments après cinq jours, donc tout va très vite et on jongle un peu avec tout ça, comme on le fait depuis le début de la pandémie. Après tout, les études ont été faites sur une population qui était non vaccinée. Là, c’est une population vaccinée qui va prendre le médicament. Et qui sait, si l’on se reparle dans trente jours, la situation aura peut-être changé. Elle évolue tous les jours. »

Tests de dépistage gratuits
Aussi convoité en pharmacie, le test de dépistage gratuit se fait rare. À la pharmacie Uniprix de Richelieu (569 boulevard Richelieu), on rapporte sa rupture de stock. À la pharmacie Jean Coutu de M. Dubé, des tests sont encore distribués.

« À la fin décembre, lorsque c’est sorti, c’était un peu la cohue partout. En ce moment, c’est de moins en moins pire, suggère M. Dubé. On en reçoit des caisses, des quantités plus raisonnables, ce qui nous permet d’en donner généralement à notre clientèle. Avant, dès les premières minutes de la journée, on écoulait toutes les trousses de dépistage, mais maintenant, il nous en reste même jusqu’à 17h. » Selon M. Dubé, s’il arrive à certains intéressés de ressortir bredouilles de la pharmacie, c’est aussi en raison d’une question de gestion. « Chaque pharmacie a sa propre gestion de distribution des tests. Certaines les réservent aux clients qui ont un dossier chez elles. C’est ce qu’on faisait au départ, mais pour l’instant, étant donné qu’on en a et qu’on sait qu’on va en recevoir, on en donne aussi aux autres. On est plus flexibles là-dessus, et on comprend aussi que certaines personnes ne prennent tout simplement pas de médicament et n’ont donc pas de dossier à la pharmacie, et on ne veut pas les pénaliser pour ça. »

Notons qu’un onglet sur la plateforme gouvernementale Clic Santé relatif à la distribution de tests gratuits a été ajouté afin de permettre aux utilisateurs de trouver, en fonction de leur code postale, une pharmacie participante qui aurait des tests à donner. Mais après plusieurs tentatives, et malgré la confirmation par M. Dubé de la disponibilité des tests à la pharmacie Jean Coutu de Chambly, l’outil ne trouve souvent « aucun résultat ».