Culture de la vigne : une saison jugée exceptionnelle

La période de la mi-août va apporter plus de chaleur et d’ensoleillement, ce qui va permettre une bonne récolte chez les vignerons.
« Un été incroyable, s’exclame Francis-Hugues Lavoie. On a tendance à se rappeler des saisons, soit pires soit meilleures. La meilleure à ce jour qu’on a vécu c’était en 2012. C’était généralisé au Québec. On s’approche de 2012, on est peut-être de deux à trois jours en retard si on se fie à la maturité du raisin. Il peut y avoir d’autres facteurs qui peuvent influencer cette maturité comme la charge sur le raisin. »
La météo a donné raison à ce viticulteur qui dirige à Rougemont l’entreprise familiale Domaine de Lavoie. Le soleil et une température ressentie autour de 27° ces derniers jours devaient aussi le combler.
Sur le plan de la charge ou de la quantité, les grappes sont nombreuses et les raisins en abondance, toutefois, « il faut attendre à l’an prochain, précise Francis-Hugues. Il faut se rendre jusqu’à la bouteille, finir le cycle; lorsqu’on embouteille le vin au final. Déjà, on a une bonne idée l’année : ça va être exceptionnel ! La chaleur était là pour amener de la maturité ». Seul bémol en raison de l’imprévisibilité de la météo : un gel la nuit de -3° ou – 4° d’ici la semaine du 18 septembre où l’on va commencer les vendanges.
L’attrait pour Rougemont
Francis Lavoie, le père de Francis-Hugues, natif de la Gaspésie était venu avec sa femme au début des années 1980 pour cueillir des pommes. « Ils sont tombés en amour avec la région et en 1983, ils ont acheté un verger pour faire de la culture de pommes. »
Aujourd’hui, la famille possède 23 hectares, dont une partie se trouve à Saint-Denis-sur-Richelieu. Dans le domaine de Rougemont, il y a plus de 83 000 vignes, 20 000 pommiers et 4 000 poiriers. Des fruits qui vont servir à la production de vin et de cidre.

« Déjà, on a une bonne idée l’année : ça va être exceptionnel ! » – Francis-Hugues Lavoie

« J’ai toujours été en amour avec la terre, confie le fils, devenu partenaire dans l’entreprise familiale en 2008. J’avais 15 ans quand j’ai commencé à planter mes premières vignes. J’étais là à toutes les étapes. » Le viticulteur est allé plus tôt chercher un baccalauréat en génie agricole.
Les premières vignes du domaine ont 20 ans. C’est aussi lors de cette période que l’on a connue une effervescence quant à la culture de la vigne. « À part un certain goût pour le vin, je n’avais pas de connaissance, admet l’entrepreneur âgé de 35 ans. On a la chance d’avoir plusieurs consultants en vinologie établis au Québec qui amènent une connaissance du marché étranger, européen ou américain.
Décalage de la saison
« L’an passé, on avait l’obligation de retarder les vendanges, car l’été était plus froid et plus pluvieux, donc il n’y avait pas beaucoup de maturité, illustre le viticulteur. En septembre, il faisait chaud, on pouvait alors aller chercher la maturité au niveau du sucre. Aujourd’hui on fait ce choix. »
En d’autres termes, observe-t-il en faisant référence aux changements climatiques, ou plutôt, corrige-t-il, « aux changements de saison : l’été s’est décalé de deux à trois semaines. Il y a 15 ans, les journées chaudes, c’était durant les mois de juillet et août, maintenant c’est août et septembre ». Francis-Hugues tient à souligner qu’il ne faut pas négliger « les extrêmes qui sont dangereux : des grosses canicules, mais durant l’hiver, il peut y avoir froid intense : à -30°, la racine peut mourir ».
Une chaleur qui peut aider, mais poursuit-il, « On a travaillé sur nos méthodes de culture et sur la technologie qui font en sorte que dans plusieurs vignobles on arrive à faire des chardonnays, des pinots noirs, pinots gris. On reste avec des raisins qui ont une belle fraîcheur. »
Reste surtout à convaincre les amateurs, car au Québec, « on produit 1 % des bouteilles de vin consommé ici. On fait 2,5 millions de bouteilles et on en consomme 250 millions de bouteilles vendues ici ».