Autobus Chambly : une entente amère

Le conflit est terminé à Autobus Chambly. Le syndicat, les chauffeurs et la direction se sont entendus sur une augmentation de salaire. Reste que le conflit a été mal perçu, surtout par les cadres de l’entreprise.

Le différent aura duré trois semaines. Les chauffeurs d’Autobus Chambly étaient sur le point de mener une grève initiée par le syndicat CSN. Finalement, la direction de l’entreprise a trouvé un accord avec les salariés pour une nouvelle convention collective étalée sur quatre ans. « Des augmentations salariales variant de 4,42 $ à 4,90 $ l’heure à la signature sont prévues, ce qui signifie des majorations de l’ordre de 20 à 30 %. Sur quatre ans, ça représente des augmentations de 30 à 36 %. Aussi, nous recevrons ces hausses rétroactivement au 29 août 2022, depuis le début de la présente session scolaire,» se félicite la président du syndicat Nancy Lafond.

« Jamais nous avons senti une négociation dites ‘fairplay’ de la part de la CSN. » – Philippe Langlois

Si le nerf de la guerre concernait le salaire, d’autres avantages ont été négociés, comme le révèle la présidente de CSN. « Nous avons également obtenu une protection sur les heures garanties par le guide hebdomadaire, tout en retirant la notion d’heures estimées qui créait de la distorsion dans les horaires de travail. Finalement, nous avons aussi obtenu l’ajout de journées payées pour de la formation et un congé férié supplémentaire. »

Les chauffeurs émargent désormais autour de 25-26$/h. Un salaire pas si loin de l’exigence de base des grévistes qui réclamaient 27-28$/h. Autobus Chambly est l’une des premières entreprises de transport dans la province qui a dû faire face à une grogne de ce genre récemment.

D’autres transporteurs pourraient être concernés, comme le souligne Stéphanie Gratton, vice-présidente de la Fédération des employés et employées de services publics-CSN. « Nous souhaitons vivement que ces avancées aideront à améliorer l’attraction et la rétention dans ce domaine qui souffre de sous-financement depuis trop longtemps. Plusieurs autres négociations se dessinent à l’horizon et nous souhaitons également que les autres transporteurs partout au Québec prennent la juste mesure de ces paramètres qui tracent de nouvelles normes salariales dans ce domaine. »

Entreprise familiale

Autobus Chambly compte une quarantaine de chauffeurs. L’entente trouvée engendre de lourdes conséquences pour l’entreprise concernant son coût de fonctionnement. Philippe Langlois, directeur d’exploitation, est plutôt remonté contre le syndicat. « Nous sommes heureux maintenant que tout soit terminé. Disons que c’était la voie de la CSN ou sinon la grève, ce n’est pas plus compliqué que ça. Jamais nous avons senti une négociation dites ‘fairplay’ de la part de la CSN. Cette dernière s’est permise de jouer avec l’information qu’elle voulait partager aux membres et ce, à leur rythme. Les communications médias de la CSN allaient dans le même sens. Les chiffres étaient approximatifs et pourtant les données étaient connues des deux partis. On nous a fait passer pour des voleurs. »

L’exigence des syndicalistes est liée à l’augmentation de budget de l’entreprise pour les contrats de cette année scolaire. Philippe Langlois y met un bémol. « On a eu 16,65% d’ajustement à nos contrats mais seulement 11% représente une augmentation réelle. Le reste était pour le rattrapage des 10 dernières années. La poussière va retomber mais la CSN s’est attaqué à une petite entreprise familiale, sans histoire. Il y a eu des pots cassés qui ne pourront être réparés. C’est très dommage. »