« Les Retrouvailles » de Martine St-Clair à Chambly

L’iconique chanteuse Martine St-Clair est de passage au Pôle culturel de Chambly, le 24 mars prochain, dans le cadre de sa tournée de spectacles intitulée Les Retrouvailles.

Elle y présentera ses grands succès échelonnés sur plus de 40 ans de carrière. Complémentaire à ce tour de chant, la chanteuse lançait, l’automne dernier, un album live, nommé En spectacle.

La captation a été faite devant public en 2022, à travers trois concerts. Une compilation de ses titres lui avait été offerte. « Ça m’enchantait moins », reconnaît la chanteuse. Quand est venue l’idée de faire un audio sur scène, « j’ai trouvé ça très rafraîchissant de retrouver les chansons et, surtout, de réimaginer un peu les arrangements », précise l’artiste.

Cette tournée lui permet de renouer avec son public. « Enfin, on se retrouve. On a un beau public qui est au rendez-vous. Ce n’est pas toujours sold out, mais il y a du monde. Les gens sont heureux, les gens chantent et retrouvent les succès. On s’amuse comme des enfants », raconte Mme St-Clair. Être touché, s’amuser et éprouver le désir de danser englobent la vision qu’elle dépeint après les sept premières représentations du spectacle. Tissé de ses grands classiques, le spectacle offre aussi la nouvelle chanson Tot’aime, composée par Lucien Francoeur.

40 ans de carrière

Tout en se consacrant à ses études en technique infirmière, Martine St-Clair s’était inscrite à la première édition du concours Cégeps en spectacle (1979-1980). Elle franchit alors les étapes du concours jusqu’à la grande finale, qu’elle rafle, devenant ainsi la première gagnante de ce qui deviendrait un évènement tremplin pour la carrière de multiples artistes au fil des ans. Remarquée par Luc Plamondon, elle obtient le rôle de Cristal dans la production Starmania. Elle campera ce rôle pendant plus de 500 représentations au Québec et en France. « C’est la première clé que l’on m’a remise. On m’a dit »Tiens, voilà ton début de carrière ». Pour moi, ça a été extraordinaire de jouer sur ce terrain de jeu-là et d’y apprendre mon métier », rappelle-t-elle.

Débuter une carrière en travaillant avec Luc Plamondon, monstre sacré du showbiz québécois, ce n’est pas donné à tous. « Ça a été amusant, captivant. Il y a eu une amitié qui s’est développée. Je le sentais un peu comme un grand frère qui me guidait à travers toutes ces belles expériences », relate la femme de 60 ans. La collaboration se poursuivra. C’est Luc Plamondon qui a composé le premier album de chansons originales de Mme St-Clair, Cœur ordinateur, sorti en 1982.

Cependant, avant même d’avoir cet album à son actif, elle rafle le Félix de « Révélation de l’année » au gala de l’ADISQ de 1981. Elle demeure, à ce jour, l’unique récipiendaire du Félix de cette catégorie à ne pas avoir d’album.

Gilbert Bécaud

Martine St-Clair ne fait pas les choses à moitié. Après Plamondon, c’est le légendaire Gilbert Bécaud qui croise son chemin. Après avoir assisté à Starmania, l’agent de M. Bécaud jette son dévolu sur Martine St-Clair. Elle enregistre, à 21 ans, avec le chanteur, en France, le duo L’amour est mort, qui devient son premier numéro 1 au Québec. « C’était mon baptême de l’air. On a travaillé ensemble en studio. Je n’ai pas besoin de vous dire l’expérience inoubliable que ce fut de voir cette grande légende s’asseoir au piano, m’accompagner, et que ça devienne une chanson qui allait me suivre en tournée, partout », exprime celle qui a fait de grandes tournées avec Gilbert Bécaud.

« Comment peut-on aimer une chanson et que l’on se sente maladroite de l’aimer? Pour moi, ça n’avait aucun sens d’entendre cette expression-là. » – Martine St-Clair 

L’amour est dans tes yeux

Martine St-Clair enfile les titres à succès au rythme des années, tels que Le fils de Superman, Il y a de l’amour dans l’air, On va s’aimer, etc. Puis, en 1986, c’est la consécration. Elle sort son troisième album, sur lequel l’emblématique chanson-titre Ce soir, l’amour est dans tes yeux se retrouve. L’album est certifié or dès le jour de sa sortie, avec 50 000 exemplaires vendus. Il devient rapidement double platine avec des ventes dépassant les 200 000 exemplaires. Mme St-Clair s’installe au sommet des palmarès pendant plusieurs mois, la pièce-titre figurant en tête pendant 15 semaines.

« La chanson a changé ma vie. C’est devenu pour moi un hymne à l’amour, à la paix. Les gens attendent impatiemment qu’elle arrive, cette grande chanson, pendant les spectacles », reconnaît Martine St-Clair. La chanson avait été composée devant elle, en à peine dix minutes. L’opus sera repris d’innombrables fois par de multiples artistes.

Moins présente

Dans les années 90 et 2000, Martine St-Clair s’estompe du paysage culturel. « C’était le début de ma découverte des arts visuels », mentionne celle qui peint depuis une vingtaine d’années. C’est un désir de s’inspirer ailleurs et de découvrir qui l’anime. « Je me demandais si j’allais continuer à chanter. Je suis tombée à pieds joints dans cet art qui m’accompagne aujourd’hui. C’est l’art visuel qui m’a fait comprendre que l’on a le droit d’aller chercher une nourriture autre », situe-t-elle.

Les années 90 s’arriment également à la sortie de sa chanson Lavez, lavez. Le ver d’oreille lui avait valu certaines moqueries. La chanson, elle ne la fait plus en spectacle. « Si on me la demande, évidemment que le public a toujours raison, je la ferai. Mais non, elle n’est pas au spectacle. C’est un choix. Celle-là, je l’ai mise de côté parce qu’elle a fait son bonhomme de chemin », explique de façon assumée la chanteuse.

Musique quétaine

Pour des générations qui ont grandi après les années 80, des artistes comme Martine St-Clair ont pu parfois être étiquetés de quétaines. Pourtant, à l’abri des regards, ils sont nombreux à chanter ces hymnes, comme un plaisir coupable à ne pas dévoiler publiquement.

« Il y a une dizaine d’années, j’entendais souvent cette expression » voici la chanson plaisir coupable ». Chaque fois, ça me faisait frissonner. Comment peut-on avoir un plaisir et être coupable? Comment peut-on aimer une chanson et que l’on se sente maladroite de l’aimer? Pour moi, ça n’avait aucun sens d’entendre cette expression-là. La musique, qu’elle soit rock, heavy métal ou de bande dessinée, on a tous un choix d’aimer ou d’être moins intéressé. Elle a sa place, peu importe si ta démarche est authentique », estime en terminant Mme St-Clair.

La tournée Les Retrouvailles s’étale jusqu’au mois de novembre. Une supplémentaire est prévue au mois d’octobre à la Place des Arts.

L’artiste envisage de développer le projet qu’elle nomme tableau – chanson pour l’année prochaine. Parallèlement, la réflexion est en branle pour un album de Noël, son premier en carrière.