Les associations réagissent

Les associations sportives du territoire répondent aux gestes disgracieux révélés qu’ont vécus des joueurs de hockey de niveau junior dans le cadre d’initiations. 

Il y a deux semaines, le juge Paul Perrell a rendu une décision dans le cadre d’une demande de recours collectif déposée en 2020. Les plaignants alléguaient que les trois ligues de hockey junior majeur canadiennes, leurs équipes et leurs dirigeants avaient perpétué un environnement toxique et toléraient que les joueurs recrues soient notamment victimes de discrimination, de conduite homophobe et de violence, qu’elle soit verbale, physique ou sexuelle.

« Torturés, confinés de force, rasés, dénudés, drogués, intoxiqués, physiquement et sexuellement agressés, violés, victimes de viols collectifs, forcés d’agresser physiquement ou sexuellement des coéquipiers, encouragés à agresser sexuellement, individuellement ou en groupe, des jeunes femmes invitées à des partys d’équipe; forcés de boire, ou de manger, de l’urine, de la salive, du sperme, des excréments ou d’autres substances abjectes; forcés de s’auto-infliger des blessures, forcés de commettre des actes de bestialité », est ce qu’écrit le juge Perrell à la suite de témoignages de plusieurs joueurs.

« Ces gestes regrettables sont inacceptables. Nous allons suivre de près ce que la classe politique fera à la suite de ces révélations. Personne ne devrait subir de tels gestes sous quelconque forme, peu importe le lieu,  le sport, le loisir ou autres », mentionne Christian Renaud, président de l’Association de hockey mineur de Chambly (AHMC).

« Nous croyons que cela n’aurait jamais dû arriver pour être accepté dans une équipe sportive ou une association. Déjà, de faire un camp de sélection ou d’intégrer une équipe, il y a un stress et, qu’après avoir réussi, tu doives vivre ce type d’initiation, cela n’a pas sa place », résume, quant à lui, Patrick Morin, directeur général du club de soccer de l’Arsenal de Chambly (CSAC).

« Nous sommes, bien évdemment, en désaccord avec ces initiations barbares », exprime de son côté Annie Caron, présidente du Club de patinage artistique de Chambly (CPAC).

Pas d’initiations

Les rituels d’initiation de tous genres ne sont pas permis au sein des associations sollicitées ci-dessus. « On doit être ensemble, faire une équipe, faire un tout, on demande de faire plutôt des activités d’équipe qui intègrent anciens et nouveaux joueurs », nuance Patrick Morin.

« Au sein du CPAC, nous n’avons pas ce type d’initiation et aucune humiliation de ce genre ne serait tolérée. Le patinage artistique est un sport avant tout individuel. Donc, il y a moins de place à ce type d’événement », avance Mme Caron.

Sensibiliser le personnel

Les entraîneurs et l’ensemble du personnel sont tout de même sensibilisés à cette réalité que représentent les initiations dans les équipes sportives. « Nos parents, joueurs ainsi que nos bénévoles doivent signer à chaque début de saison un code d’éthique. Ce dernier est une pierre angulaire dans la pratique de notre sport », déclare Christian Renaud. Pour les joueurs, le code stipule qu’aucun comportement d’abus, de harcèlement, de négligence, de violence ou tout comportement inapproprié n’est toléré. Ils doivent signaler sans délai à l’entraîneur ou à une personne en situation d’autorité tout acte de cet ordre commis à l’endroit d’une autre personne ou à son propre égard.

Les bénévoles, eux, doivent s’abstenir de tout comportement constituant de l’abus, du harcèlement de la négligence et de la violence, ou de toute relation inappropriée avec un participant.

Au soccer, Patrick Morin ajoute que « cela ne fait pas partie de nos valeurs et de ce que nous véhiculons pour faire partie du club, d’une équipe. Nous avons des politiques, des codes d’éthique et un code de conduite du club pour protéger les joueurs ».

Annie Caron dit encadrer ses patineurs afin que tout rapport entre humains reste respectueux. « Nous nous efforçons de favoriser et d’encourager les bons comportements entre les entraîneurs, parents et enfants », ajoute-t-elle. Le CPAC a une politique « très claire » concernant le manque de respect envers tous ses membres. Cette politique est affichée sur son site Internet et chaque entraîneur, les parents, les membres du conseil d’administration (CA) et les patineurs doivent y consentir afin de faire partie du club. « Des mesures seraient prises en cas contraire par nous, le CA », assure la présidente.

La majorité des patineurs est féminine au sein du CPAC. « Tout se passe très bien avec nos patineurs masculins », boucle Mme Caron.

Ni l’AHMC, ni le CSAC, ni le CPAC n’ont reçu de plainte provenant de membres de leur association respective concernant les rituels d’initiation.