Une gestion nébuleuse de la neige
Des citoyens de l’Île aux Lièvres se plaignent de la gestion du déneigement fait sur l’île et des amoncellements volumineux qui engouffrent leur propriété.
« Ça fait plus de vingt ans que je suis sur l’île. J’ai fait part de mon mécontentement plusieurs fois au cours des deux derniers hivers, mais là, on parle de jamais-vu, cette fois », lance, décontenancé, un citoyen qui parle au nom de certains autres citoyens du secteur.
Par « jamais-vu », il parle de la façon dont a été traitée la neige tombée dans la nuit du 27 au 28 février.
« On s’est fait réveiller à 3 h 20 par un loader qui jette sa pelle au sol dans un vacarme. La neige est poussée, garrochée sur nos terrains. On parle de bancs de neige d’environ quinze pieds de haut en façade de maison. Derrière ça, il y a des arbres majestueux, des arbustes, des éléments décoratifs, des murets, des clôtures en fer forgé. J’ai bien hâte de voir de quoi ça aura l’air lors de la fonte », s’indigne le citoyen.
Au-delà des dommages éventuels, des masses de neige d’une telle ampleur nuisent à la visibilité.
« Côté sécurité, quand tu sors de ton entrée avec des bancs de neige monstrueux comme ça, tu ne vois pas les véhicules qui s’en viennent. C’est aussi un élément à considérer », ajoute le citoyen, qui reproche à la Ville de ne jamais charger la neige de cette zone.
Le 5 mars
Questionné une première fois sur cette façon de faire, que les citoyens caractérisent de cavalière, Patrick Marquès, maire de Carignan, répond :
« Je viens de m’informer de la situation. Lors de cette tombée de neige, il y a eu les déneigeurs engagés par la Ville qui sont passés. Ensuite, il y aurait un déneigeur privé qui nettoie les entrées des propriétés qui, lui, aurait poussé la neige dans la rue, après que nos équipes de déneigement soient passées. Il a donc fallu faire des interventions pour aller récupérer cette neige-là. Ce que l’on me dit, c’est que le déneigeur privé sera rencontré dans la journée. »
« C’est certain que les dommages causés aux propriétés seront à la charge de l’entrepreneur employé par la Ville. » – Patrick Marquès
Le maire ne savait pas, à ce moment, le nom du déneigeur privé qui serait rencontré. Plus tard, M. Marquès rappelle le Journal de Chambly pour faire un suivi de ladite rencontre avec l’entrepreneur privé. Entretemps, le journal a transmis au maire les photos prises par les citoyens de l’état des bancs de neige d’envergure.
« Ce que l’on m’explique, c’est que la neige, imbibée d’eau, était trop lourde. Le déneigeur privé a été incapable de souffler la neige sur les terrains et l’a donc poussée dans la rue.
Quand le déneigeur de la Ville est repassé derrière, il n’a peut-être pas pris les méthodes adéquates. J’ai vu les photos, c’est inadmissible. C’est certain que les dommages causés aux propriétés seront à la charge de l’entrepreneur employé par la Ville », ajoute le maire, qui dit également que l’heure nocturne choisie pour intervenir a été reprochée au déneigeur de la Ville.
À la suite de ces explications, le journal a demandé le nom de l’entrepreneur privé que la Ville aurait « rencontré dans la journée ». La Ville répond ceci par courriel : « Il s’agit d’un seul entrepreneur d’entrées privées. Nous l’avons avisé et rencontré afin que la situation ne se reproduise plus. Nous ne croyons donc pas qu’il soit utile de divulguer son nom. »
Le 9 mars – Déneigeur privé
N’ayant toujours pas le nom de l’entrepreneur privé qui aurait poussé la neige des entrées citoyennes dans la rue, le journal s‘est fié au numéro de téléphone sur les balises de déneigement du secteur, pour constater qu’il s’agit de l’entreprise Excavation Skella, afin de savoir ce qui a été dit lors de sa rencontre avec la Ville.
« Je ne me suis entretenu avec personne à la Ville de Carignan dernièrement, démarre James Sicurella, propriétaire de Skella Excavation. Je n’ai pas eu d’appel de la Ville pour n’importe quel secteur que je déneige. C’est bizarre qu’ils vous aient dit ça. J’ai eu des discussions avec la compagnie qui déneige la ville, mais pas de représentant de la Ville ni de contremaître quelconque.
Il n’y a pas de neige que nous ne sommes pas capables de souffler, ça n’a pas rapport », expose avec étonnement le propriétaire, niant avoir poussé la neige dans la rue.
Le 9 mars, contre-validation
Contactée à nouveau, la Ville nomme cette fois l’entreprise privée et affirme « avoir vérifié auprès de notre chef de division, Martin Poirier. L’entrepreneur en déneigement contracté par la Ville a parlé à Excavation Skella, et deux ouvriers, des cols bleus, lui ont aussi parlé sur le terrain. »