McDonald’s : le nouveau voisin du quartier Le Bourg

Le restaurant McDonald’s qui avait suscité une levée de boucliers de la part de citoyens dans le quartier Le Bourg de Chambly est désormais ouvert.

C’est désormais concret, des résidents des rues Anne-Le Seigneur et Louise-de Ramezay ont un McDonald’s comme voisin immédiat. Depuis le 5 avril dernier, le géant de la restauration a ouvert ses portes au public. En février 2021, des citoyens avaient fait part de leurs préoccupations quant à la venue du projet dans le quartier. « Je vous dirais que ça fait une grosse semaine que je suis frustrée », confie Michèle Gagnon, propriétaire depuis 2016 d’une maison adjacente au restaurant à service rapide.

« On n’est même pas nerveux, même pas tristes. On est désabusés. Il n’y a plus rien à faire. Ils sont installés », exprime de son côté la Chamblyenne Suzie Lacerte, dont la salle à manger offre une fenêtre donnant sur les trois conteneurs à déchets qui bordent le service à l’auto du McDonald’s. Lors des mois de construction, Suzie Lacerte indique que des travailleurs leur ont demandé s’ils pouvaient avoir de l’eau ou utiliser de son électricité. « On ne vous aidera pas à le construire, le McDo », mentionne-t-elle en faisant miroiter l’absurdité vécue.

Intimité perdue

Installée sur son balcon arrière, Michèle Gagnon remet en cause son intimité. « Je me sens comme s’ils étaient dans ma cour », admet celle qui digère mal la réalité qui lui est servie.

Un mur végétal est inclus dans le projet. Outre l’objectif d’empêcher de voir ce qui se passe dans la cour, la haie de cèdres permettra d’améliorer l’isolation phonique et de réduire la pollution sonore. La haie est cependant d’une hauteur d’environ deux pieds. À ce stade, elle en a pour plusieurs années avant de remplir son mandat. « À la limite, si l’on m’avait dit que ça coûte trop cher, des haies de cèdres, j’aurais payé une partie avec eux autres », déclare Mme Gagnon. Elle souhaite à tout le moins que les haies actuelles soient retirées et remplacées par des haies de six pieds.

« Je me sens comme s’ils étaient dans ma cour. »
– Michèle Gagnon

Pierre-Charles Tardif, franchisé du nouveau restaurant, explique que McDonald’s n’est pas propriétaire du bâtiment ni du terrain. « L’aménagement paysager relève du propriétaire de la bâtisse, et non de McDonald’s. On a soutenu ce commentaire », avance-t-il.

Craintes partagées

Ce nouveau contexte est accompagné de craintes qui se répètent autant chez Mme Gagnon que chez Mme Lacerte : odeurs, achalandage, pollution lumineuse et pollution sonore. « On ne sera pas capables de jouir de notre cour comme on en avait l’habitude », déplore Mme Lacerte. « J’ai l’impression que je n’aimerai pas autant profiter de ma cour »,
se résigne Mme Gagnon.

« Je comprends les préoccupations. On va vouloir s’impliquer pour voir ce que l’on peut faire pour les atténuer », assure M. Tardif.

L’abondance de luminosité modifie l’ambiance nocturne. « Le soir, dans ma cuisine, il fait presque aussi clair que le jour »,
dépeint Suzie Lacerte.

« La luminosité est aussi une responsabilité du propriétaire », explique M. Tardif. Il soutient tout de même prendre action pour diminuer les conséquences. « On arrête de servir à 23 h. On éteint nos tableaux menus. Ce n’est pas quelque chose que l’on voit dans les autres restaurants McDonald’s. On est au courant que la luminosité est un enjeu soulevé. On a relayé l’information au propriétaire pour qu’il nous aide et pour faire en sorte que l’on soit un bon citoyen et un bon voisin », ajoute-t-il.

Vendre ou rester?

« Ta maison perd environ 50 000 $ en valeur », a déclaré un avocat municipal à Mme Lacerte. Elle déplore le fait de s’être « battue avec la Ville à ce sujet. Elle ne nous a jamais écoutés en disant que l’on ne perdrait rien. Oui, on perd! ».
Devant le fait accompli, Mme Lacerte n’entrevoit pas le déménagement. « À l’âge que l’on est rendus, se remettre une hypothèque sur les épaules, ce serait lourd. Ce n’est pas que l’on n’a pas envie de déménager, c’est que l’on ne peut pas », résume avec émotion Mme Lacerte.

Michèle Gagnon n’entrevoit pas l’été à venir de gaieté de cœur. « J’ai juste envie de vendre et de m’en aller. Je me sens comme si je n’aurai pas la paix chez moi », explique-t-elle. Elle soulève toutefois le fait qu’elle serait « pénalisée » en raison de la proximité du McDonald’s. « C’est sûr que ma maison perd une certaine valeur. Je vais avoir de la misère à vendre à cause de ça », estime la Chamblyenne. Vendre n’était pourtant pas une option envisageable. « C’est dommage, parce que j’adore ma maison. J’aime mon quartier, j’y suis bien. Je vais voir après cet été », termine Mme Gagnon avec dépit.

« Mon mari m’a dit » Je vais être à la pêche toutes les fins de semaine » », affirme Mme Lacerte quant à l’été à venir. « Moi, les soirs, ici, je me baigne. Là, je ne sais pas. Je vais prendre ça une journée à la fois », complète-t-elle à son tour.