L’art pour soutenir l’Ukraine

L’artiste mathiassoise Nancy Létourneau se décrit comme une « hypersensible ». Très ébranlée par la guerre en Ukraine, elle a cherché un moyen de se rendre utile à travers l’art.

Nancy réside et travaille dans le centre-ville de Saint-Mathias-sur-Richelieu, où elle détient la galerie Studio Pixels. Doté d’une fenestration étendue, laissant entrevoir ses œuvres, le commerce ne passe généralement pas inaperçu lorsqu’on se promène sur le chemin des Patriotes.

Multidisciplinaire, Nancy admet qu’elle n’est pas du genre à faire du surplace. « J’aime explorer mes possibilités de création. Il n’y a pas assez d’heures dans une journée! J’ai plusieurs séries. J’aime passer d’un médium à l’autre. Je fais aussi de la technique mixte, de l’intuitif, de la gouache. Je dirais que j’en ai quatre en parallèle. » Mais lorsque la Russie a déclaré la guerre aux Ukrainiens, Nancy s’est sentie si impuissante qu’elle en a perdu l’énergie de travailler.

« Les gens ont vraiment embarqué, ils se sont vraiment sentis interpellés! » – Nancy Létourneau

Se sentir utile

« Mon amie, l’artiste Melissa Wilcox, et moi, étions très affectées par la guerre en Ukraine. Nous étions tellement bouleversées par les événements que nous étions incapables d’être productives au travail ou de nous concentrer. Un jour, Melissa a partagé une photo qui rendait hommage aux femmes ukrainiennes. On y voyait des femmes portant une vinok, une couronne florale en Ukraine, dont je ne connaissais pas encore la signification. C’est là que nous avons eu l’idée de lancer un encan au bénéfice des Ukrainiens », raconte Nancy.

Traditionnellement, la vinok était portée par les femmes et les jeunes filles qui n’étaient pas encore mariées. Elle est un élément de la tenue nationale ukrainienne. Depuis la révolution ukrainienne de 2014, elle est portée lors d’occasions festives, et de plus en plus dans la vie quotidienne.

Nancy Létourneau

La vinok, symbole de solidarité

« Ça rappelle Frida Khalo, que Melissa et moi aimons toutes les deux, tout en reflétant mon amour pour ce qui est floral. J’ai appris que les femmes ukrainiennes avaient pour coutume de porter la couronne pour exprimer leur appartenance. J’ai eu l’idée de créer des œuvres représentant des vinoks et de les vendre pour ramasser de l’argent pour les Ukrainiens. Je me suis dit que ce serait d’autant plus puissant s’il s’agissait d’un autoportrait, puisque ça témoignerait de notre solidarité. De fil en aiguille, Melissa et moi avons décidé de créer un événement et de solliciter la participation du public, afin que ces gens prennent part à cette création d’autoportraits. Nous sommes tous artistes, il faut juste s’en donner le droit », suggère Nancy.

Chaque participant a donc jusqu’au 14 mars, à 18 h, pour soumettre une photo de son autoportrait sur la page de réseau social de l’événement. Les œuvres soumises seront ensuite mises à l’encan virtuellement. L’argent généré par les ventes sera remis à la Croix-Rouge, pour les Ukrainiens. 

« Les gens ont vraiment embarqué, ils se sont vraiment sentis interpellés! C’était ouvert à tout le monde, artiste habitué ou non », lance Nancy, qui a réalisé son propre autoportrait avec de la gouache.

« La seule restriction était d’illustrer une vinok. Sinon, tous les médiums étaient acceptés. Initialement, nous voulions imposer le format 18×24’’, mais puisque les illustrateurs n’avaient pas de support de cette taille, contrairement aux peintres, nous avons plutôt demandé aux artistes de ne pas soumettre une œuvre au format plus petit que 11×17’’. Une fois qu’un artiste termine son œuvre, il en prend une photo, la publie sur la page de l’événement avec une description, et voilà le travail! »