Entretien avec Roman Hamrlik

1395 parties jouées en saison régulière, 155 buts et 483 aides pour 638 points sont les statistiques impressionnantes qu’a cumulées le grand défenseur tchèque au cours de sa carrière de vingt saisons dans la Ligue nationale de hockey (LNH). Niché à Carignan avec sa famille, le sympathique gaillard, père de trois enfants, a accueilli le Journal dans sa demeure afin de lui offrir un entretien.

Journal de Chambly : Depuis quand demeurez-vous à Carignan?

Roman Hamrlik : Environ quatre ans. Quand j’ai joué pour les Canadiens, je vivais dans le Vieux-Montréal près du Centre Bell. Quand je suis parti à Washington, j’ai vendu, mais à la fin de ma carrière, ma femme et moi avons décidé de déménager ici. Nous aimons les lieux et c’est une bonne place pour les enfants. Mais nous déménagerons bientôt au Costa Rica, à la fin du mois d’août, car les enfants entameront l’école. Nous allons l’essayer et, comme Marc Bergevin dit, Go with the flow. Avec ma carrière, je suis habitué de déménager souvent et c’est un pays que nous avons visité plusieurs fois. C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre pour nous.

Vous avez pris votre retraite après la saison 2012-13 dans l’uniforme des Rangers de New York. Comment occupez-vous votre temps? Êtes-vous encore lié à la LNH ou au hockey en général?

Je joue parfois dans le cadre de parties liées à des campagnes de financement. L’an dernier, j’ai fait des cliniques de hockey pour des jeunes à Chambly et donné des leçons privées à Sainte-Julie et à Chambly. Dernièrement, je n’ai fait qu’apprécier l’été, qui est très court ici. J’en profite pour être dehors et non dans un aréna.

Vous venez de la République tchèque. On aurait tendance à croire qu’après une carrière, un joueur retourne à ses racines. Qu’est-ce qui vous a gardé au Québec?

La famille. Je me suis marié à une femme qui vient de Montréal. Nous avons décidé de nous établir ici, mais je retourne en République tchèque une ou deux fois par année. J’ai encore beaucoup d’amis et de la famille là-bas et, particulièrement, ma fille de 21 ans issue de mon premier mariage. Elle est venue me visiter il y a deux semaines. Je n’oublie jamais d’où je viens.

Comment est-ce de vivre dans un environnement francophone?

Je suis chanceux, ma femme m’aide avec cet aspect de ma vie. La plupart des gens parlent avec moi en anglais. Le français est une langue magnifique, mais je suis trop vieux pour apprendre.

Quels sont les plus grands faits saillants de votre carrière ainsi que votre meilleur souvenir en tant que joueur des Canadiens?

« Les deux premières années ont été mentalement difficiles. J’ai pensé plusieurs fois retourner chez moi. »

– Roman Hamrlik

Avoir été le tout premier choix au total ainsi que le premier choix de l’histoire du Lightning de Tampa Bay, en 1992, demeure très spécial. La médaille d’or de 1998 des Jeux olympiques de Nagano, que nous avons remportée face à la Russie, est assurément marquante. D’autant plus que 1998, c’est l’année où ma première fille est née. Ce fut toute une année pour moi! Quant aux Canadiens, le fait de jouer pour cette organisation historique est un fait saillant en soi. Pour avoir joué dans sept équipes différentes, il y a une immense différence entre évoluer pour une équipe canadienne et une équipe américaine.

Quel a été le moment le plus difficile de votre carrière?

Les premières années, quand tu arrives d’Europe, sont difficiles. À 18 ans, je ne parlais pas anglais, je ne connaissais pas le mode de vie. Les deux premières années ont été mentalement difficiles. J’ai pensé plusieurs fois retourner chez moi, acquérir de la maturité et revenir quand je serais plus vieux. Mais j’ai survécu, je suis passé à travers et je ne regrette pas. En tant que défenseurs, Rob Ramage et Marc Bergevin ont contribué à mon acclimatation à Tampa Bay. Bergevin était d’ailleurs mon cochambreur.

Les attentes envers les Canadiens n’étaient pas très élevées la saison dernière, qu’avez-vous pensé d’eux?

Plusieurs bons changements ont stabilisé le vestiaire. Ils ont démontré qu’ils pouvaient jouer contre tout le monde. Ils ont travaillé fort chaque jour et ils sont maintenant compétitifs. Bergevin a fait du bon travail.

Dernièrement, Sebastian Aho a presque signé avec les Canadiens. On entend souvent qu’il est plus difficile d’attirer les agents libres à Montréal en raison des impôts, des journalistes, des partisans intenses. Qu’en pensez-vous, vous qui êtes arrivé à Montréal en tant qu’agent libre?

Quand j’ai signé, je n’ai même pas pensé à ces choses. J’étais vraiment excité de venir jouer pour le CH. Quand tu travailles fort, que tu compétitionnes, que tu ne triches pas, les partisans l’apprécient et te laissent tranquille. Mais quand tu prends congé, ils le voient aussi et c’est là que la pression arrive. Je crois que les attaquants reçoivent plus de pression du fait qu’ils doivent produire offensivement. Il suffit de faire son travail. Il est plus facile de jouer plus tard dans une carrière que jeune. Tatar en est un bon exemple. Il est arrivé plus tard dans sa carrière et il a très bien géré la situation.

Qui sont les joueurs les plus amusants et les meilleurs joueurs avec qui vous ayez joué?

J’ai côtoyé beaucoup de joueurs dans ma carrière. Marc Bergevin est vraiment un joker. Il apportait beaucoup de plaisir et de rires dans une chambre de hockey. En fin de carrière, j’ai beaucoup aimé Nicklas Backstrom et Jarome Iginla, qui est un meneur, un vrai capitaine. Bien sûr, Ovechkin, mais Iginla, je ne l’oublierai jamais.

De quoi les Canadiens ont besoin maintenant pour gagner la Coupe Stanley?

Demande à Bergevin! Ils ont bien reconstruit. Ils ont de l’énergie, de l’enthousiasme, de la vitesse et le meilleur gardien au monde en Carey Price. Peut-être un autre défenseur et un joueur ou deux capables de marquer de 15 à 20 buts, mais ce n’est pas facile à trouver. Les équipes ne laissent pas partir ces joueurs facilement.

La toute première partie que Roman Hamrlik a joué avec les Canadiens de Montréal était sa millième en carrière. Cette année-là, Alexei Kovalev et Bryan Smolinski célébraient, également dans l’uniforme tricolore, leur millième partie à vie dans la LNH.