Bagarres au hockey: encore pertinentes?

Les batailles au hockey seront-elles chose du passé? Certains croient que les bagarres n’ont plus leur place dans ce sport.

 

Les dirigeants d’équipes de la Ligue de hockey junior majeure du Québec (LHJMQ) devaient statuer récemment sur la question. Le vote a finalement été repoussé.

Selon Marc-André Houle, président de l’équipe junior AAA les Forts de Chambly, la LHJMQ devrait prendre sa décision prochainement. « Le hockey, c’est du business. Les propriétaires doivent choisir entre le spectacle et le revenu et garder la priorité sur la sécurité des jeunes. J’ai le feeling que si ce n’est pas là, ce sera bientôt », dit-il.

De son côté, François Borduas, qui entraîne des joueurs de hockey d’élite depuis plusieurs années, affirme qu’au hockey, généralement, « les changements partent de la Ligue nationale de hockey (LNH). La LHJMQ serait donc avant-gardiste » si elle effectue le changement. Il estime que les batailles sont conservées davantage pour garder « la clientèle dans l’aréna ». Il se définit comme « un vieux de la vieille » et pour lui, les bagarres ont toujours fait partie du hockey. « Ça permettait parfois de changer le momentum et l’allure d’un match », dit-il.

M. Houle mentionne que dans sa ligue, un joueur qui se bat est automatiquement expulsé du match. Dans la LHJMQ, le joueur reçoit une punition de cinq minutes. Les batailles sont d’ailleurs plutôt rares. « On a eu un combat dans la saison. Avant, ce n’était pas rare de voir trois, quatre ou même cinq bagarres par match », indique-t-il.

Selon lui, ce n’est pas une mauvaise chose que de bannir les bagarres dans le sport aujourd’hui. « Les joueurs sont de plus en plus forts et de plus en plus rapides. Quand un tape sur un autre, c’est plus dangereux qu’à l’époque. Les gens sont aussi plus sensibilisés. Ils ne viennent plus voir du hockey pour voir des bagarres comme à l’époque », croit-il.

« La transition passe par l’éducation. » – Marc-André Houle

Plus rapide

MM. Houle et Borduas affirment que le hockey est plus rapide qu’à l’époque. « La transition passe par l’éducation. Aussi jeune que novice et atome, on habitue les joueurs de hockey à être plus rapides et à jouer plus en finesse qu’en robustesse », affirme M. Houle.

D’ailleurs, il précise que les équipes de la LNH n’ont plus de ce joueur robuste, appelé le goon. « À l’époque, il embarquait sur la glace 30 ou 40 secondes. Il fallait qu’il puisse se tenir sur ses patins et faire un spectacle. Les équipes ne peuvent plus avoir un joueur comme ça parce que le jeu est plus rapide et il ne serait pas capable de suivre le beat », soutient-il.

Selon M. Borduas, les entraînements sont davantage axés sur les habiletés physiques et les techniques de hockey que sur les aptitudes à se battre. « Je ne connais pas un entraîneur qui entraîne un joueur à se battre. S’il y en a, je ne veux pas les connaître », affirme-t-il. Selon lui, la majorité des joueurs sont là pour jouer au hockey et n’ont pas envie de se battre.

Coup sournois

M. Borduas apporte toutefois un bémol à cette possibilité d’enrayer les bagarres. « J’ai hâte de voir comment les joueurs vont réagir après une bonne mise en échec. C’est souvent la façon de faire payer l’autre. Quand un gars va être frustré et vouloir une vengeance, quel geste va-t-il poser? Est-ce que ce sera plus sévère ou plus vicieux qu’une bataille? » questionne-t-il.

M. Houle se pose aussi la question. « Il y a quelques années, dans la Ligue junior AAA, on a adopté le port de la visière complète. Les joueurs étaient plus confiants et parfois plus agressifs parce qu’ils savaient qu’ils ne se feraient pas mal. Il faut que ça fasse partie de la réflexion. Si l’on enlève les bagarres, est-ce qu’il y a un risque de coups plus sournois? »

Il estime quand même que le hockey n’a pas besoin de bagarres. « Le hockey est déjà assez excitant sans bataille », s’exclame-t-il.

Risque de commotions cérébrales

Une des conséquences aux batailles, c’est le risque de commotions et les complications qui peuvent en découler. « Il peut y avoir des conséquences pour leur vie s’ils mangent un bon coup pour faire une commotion. Ça peut affecter leur avenir. On est là pour développer les jeunes, pas pour les maganer », soutient M. Houle.

Il ajoute qu’on entend de plus en plus parler des conséquences des commotions sur des athlètes.