Entraîneur de hockey chamblyen exilé à Rimouski

Chambly : jamais sans ma famille

Après un an comme entraîneur-chef avec l’Océanic de Rimouski dans la Ligue de hockey junior Maritimes Québec (LJHMQ), le Chamblyen Joël Perrault a rapatrié sa famille, mettant un terme à la séparation géographique.

Installé à Rimouski, l’entraîneur-chef a vécu la saison 2023-24 loin de sa femme et de ses deux filles. Il le confie, c’est l’aspect le plus déchirant avec lequel il a dû composer à travers sa passion qu’est le hockey. « Je le dis souvent, je ne le referais jamais. Ça a été trop difficile », remarque Joël Perrault. En cette première année à la barre d’une équipe de la LHJMQ, le temps passé avec les siens s’est fait rare. « Pis FaceTime, ça vaut ce que ça vaut », convient l’homme de famille.

Certains soirs, à cinq heures de distance de Chambly, l’isolement s’est fait sentir. « Surtout quand tu perds un match de hockey, que tu pars de l’aréna et que tu t’en vas tout seul dans ta p’tite maison roulotte, tu te sens seul au monde », reconnaît le Chamblyen. Il nuance toutefois. « C’est une opportunité que j’avais. Quand elle passe, il faut que tu sois capable de la saisir. Il y a eu des hauts, mais il y a eu beaucoup de bas », observe-t-il, en faisant allusion à l’aspect familial.  

Effet sur ses filles

Il mentionne avoir peut-être sous-évalué l’effet exercé sur ses filles, alors âgées de deux et sept ans, particulièrement pour la plus jeune. « Tu penses que ça va bien se faire et qu’à cet âge, elle ne réalisera pas tant que papa n’est pas là. Elles le réalisent et je l’ai réalisé, quand je suis revenu l’été passé, que c’était difficile pour elles », a constaté Joël Perrault. 

Si c’était difficile pour les filles, il en était de même pour Stephanie Pingitore, sa femme, alors toujours établie à Chambly. C’est une union de 14 ans qu’elle célèbre avec Joël Perrault. Elle se doutait qu’un jour, après sa carrière de joueur professionnel, son amoureux se tournerait vers la transmission de ses connaissances en hockey. « Je redoutais le moment, car je savais que nous devrions déménager, mais au fil du temps, je suis devenue plus à l’aise avec l’idée », indique l’épouse.

L’an dernier, elle a été mise devant le fait accompli, alors qu’elle voyait son mari faire ses valises pour Rimouski. Le noyau familial a été éprouvé. « Ça a été un gros défi. Je savais qu’il aurait un contrat de coaching éventuellement et qu’il ne pourrait pas refuser l’opportunité, et je ne lui aurais jamais demandé de dire non », soutient celle qui, alors, travaillait et complétait des études à la fois.

Aux grands maux les grands remèdes

Une année à distance aura suffi. Le couple a remédié à la situation. En août 2024, le duo s’est acheté une demeure à Sainte-Luce-sur-Mer, non loin de Rimouski. Parallèlement, il a gardé sa maison à Chambly, où il passera une partie de l’été. « C’était beaucoup plus doux d’être ensemble cette année. Tout s’est aligné dans la bonne direction et est tombé en place », rappelle Stephanie Pingitore. 

Johanne Quesnel et Normand Perrault, parents de Joël qui demeurent à Chambly, aidaient Stephanie en l’absence de son conjoint. Malgré le départ de leur bru et de leurs deux petites-filles, ils ont ressenti un grand soulagement de les voir quitter vers Rimouski. « Enfin, ils étaient ensemble. Ça nous fatiguait de voir la famille séparée comme ça. C’est douloureux, il n’y a rien de normal là-dedans. On l’a vue, l’ampleur », révèlent les grands-parents.

Barrière de la langue

Stephanie vient de Vancouver. Ses connaissances en français sont limitées. À Chambly, elle était suppléante à l’école William-Latter, fréquentée par leur plus vieille. En déménageant vers Rimouski, elle se questionnait quant à sa capacité d’intégration relativement à la barrière de la langue. Elle a trouvé un poste à temps plein d’enseignante à l’école Metis Beach School, seul établissement public anglophone de la région. « J’ai trouvé ici un esprit de communauté de laquelle je veux faire partie. Je suis heureuse que nous ayons pu réunifier la famille. En autant que nous sommes ensemble, c’est tout ce qui compte », résume-t-elle. L’aînée des filles fréquente d’ailleurs l’école.

Habituellement, les conjointes de joueurs de hockey de haut niveau sont destinées à être séparées fréquemment de leur homme, sur le plan géographique. « Notre vie est engagée au hockey. Partout où il va, nous y allons », indique-t-elle. Elle sait que le sort d’un entraîneur, c’est éventuellement de changer d’équipe. Entretemps, elle a trouvé sa place, au coeur du Bas-Saint-Laurent.

« J’ai pensé mourir! »

Avant d’être entraîneur, Joël Perrault a été joueur de hockey professionnel. Il a été repêché en 2001 par les Mighty Ducks. Le club californien avait jeté son dévolu sur lui en 5e ronde, 137e au total. À l’issue de la saison 2010-2011, il avait amassé 26 points en 96 parties, avec les Coyotes de Phoenix, les Blues de St-Louis et les Canucks de Vancouver. Jusqu’en 2016, il a ensuite traîné sa poche en Europe, soit la Suisse, la Finlande, l’Allemagne et la France.

Johanne Quesnel et Normand Perrault ont pris conscience que leur fils pouvait faire du hockey son métier plutôt tardivement. Un certain classement en vue du repêchage de la LNH est sorti dans les pages du journal. Le nom de Joël s’y trouvait en 6e ronde. « On n’avait jamais pensé qu’il pouvait se retrouver sur ce genre de liste », affirme la mère. 

Ledit repêchage a eu lieu en juin, en Floride. Le père et le frère, Mathieu, étaient présents pour voir Joël être sélectionné. « J’ai pensé mourir! », se souvient Normand Perrault, quand le nom de son fils a retenti dans les haut-parleurs.

Avant la LNH

Avant la LNH, Perrault a fait son junior majeur avec le Drakkar, à Baie-Comeau. Son père le confirme, pendant ces trois années, le kilométrage du véhicule en a pris un coup, notamment lors de la première saison. « J’ai une mentalité plus régionale que citadine. Je me suis adapté rapidement à la communauté là-bas. J’avais du plaisir avec ces gens en région accueillants », raconte le patriarche jovial. Il se remémore que dès son jeune âge, Joël prenait le hockey à coeur. Au niveau atome, après avoir subi une dégelée de 7 à 0, les coéquipiers prenaient la situation à la légère dans le vestiaire. « Il rentre dans l’char, les lèvres bleues, enragé noir, et me dit «Les gars rient!» J’ai dit que c’était juste un jeu », relate le père, qui a réalisé que ça dépassait le simple statut de passe-temps. 

Du Sport-études au midget élite, à la LHJMQ, les engagements de toutes sortes ont été nombreux pour les parents. Ils ont suivi leur fils dans toutes ses ligues, même celles d’Europe. « Ça nous a donné l’occasion de voyager », convient la mère. « On vit ça à cause du hockey », renchérit le père. On ne naît pas père de joueur de hockey. « J’ai appris sur le tas dans le hockey. Je ne l’ai pas lu, le livre de comment être papa d’un joueur de hockey », image Normand Perrault.

Vivre sa passion

Joël Perrault est en constante progression dans son milieu professionnel. Dès sa retraite de joueur, il a cofondé une école de hockey. De 2016 à 2020, il s’occupait du développement de tous les niveaux du collège Charles-Lemoyne. De 2020 à 2023, il a fait le saut dans la Ligue de développement du hockey M18 AAA (M18AAA) avec les Vikings de Saint-Eustache. Il a complété ce stage en raflant le titre d’entraîneur de l’année lors de sa dernière campagne. Puis, en 2023, il est devenu assistant-entraîneur pour les Tigres de Victoriaville dans la LHJMQ, le temps d’un repêchage. Depuis juillet 2023, il est l’entraîneur-chef de l’Océanic de Rimouski. La saison dernière, il a participé au Camp de perfectionnement des Canadiens de Montréal comme entraîneur invité.