Avec un seul bras il se hisse parmi les meilleurs
Né avec un seul bras, Laurent Hurtubise a appris très tôt à faire fi des obstacles pour connaître du succès dans la vie. À 5 ans, il entre à la maison pour demander de l’aide. Sa chaîne de vélo est sortie de son engrenage. Sa mère lui lance: «replace-la t
« Ça m’a pris des heures et j’étais beurré de la tête aux pieds. Avec le temps, j’ai compris que c’était en réussissant de petites choses qu’on pouvait en accomplir des grandes, comme d’attacher mes lacets de bottines d’une seule main », lance à la blague M. Hurtubise.
Le Carignanois vient d’être couronné champion du club de golf de Chambly dans la classe A. Cette semaine, il est à Pebble Beach aux États-Unis pour prendre part à l’événement First Tee, un tournoi de golf caritatif qui réunit des professionnels et de jeunes juniors.
« Ça va être une belle expérience. On a la chance de jouer avec des golfeurs qui ont marqué l’imaginaire, les Creg Stadler, Hale Irwin, John Cook, Jay Haas, Rocco Mediate», explique Laurent Hurtubise.
Ce dernier joue régulièrement en bas de 80. Sa meilleure ronde à vie a été de 70. Malgré son handicap, l’oiselet et même l’aigle lui sont accessible. En juin au Ki-8-Eb à Trois-Rivières, il réussit le trou d’un coup sur une normale 3 de 142 verges!
Surmonter les obstacles
Laurent Hurtubise est d’un optimisme débordant. Il possède sa propre entreprise de formation en vente et il organise des événements privés chez des concessionnaires automobiles. On fait souvent appel à lui pour parler de persévérance dans des conférences.
« C’est nous-mêmes qui nous mettons des barrières. Le jour où j’ai marqué trois buts dans une partie de hockey dans la ligue des «old timers» et que j’ai réalisé que je pouvais le faire, j’ai répété l’exploit deux autres fois. Au golf ç’a été la même chose. Je ne réussissais jamais à casser le 80 parce que je comptais trop. Le jour où j’ai arrêté de compter, j’ai atteint mon objectif et je joue maintenant en bas de 80», raconte M. Hurtubise.
Vivre avec un handicap physique attire les regards et les quolibets. Laurent Hurtubise a appris très tôt à gérer la chose. Et des remarques blessantes il en a reçu son lot.
«On m’a souvent interpellé en utilisant le mot manchot. Les innocents, je les ignore complètement. La remarque la plus blessante que j’ai entendue c’est de me faire dire que je ne peux rien faire parce que je suis handicapé. À 16 ans, je présente à la «cannerie» à Chambly pour avoir une job. Le préposé m’a reviré de bord. J’étais furieux. Avant de partir je lui ai dit : vous seriez surpris de voir ce qu’on peut faire avec un seul bras monsieur!»
L’attitude positive de Laurent Hurtubise lui a permis de se réaliser professionnellement et dans son sport jusqu’à des niveaux insoupçonnés.
En 2008, il a remporté la Fight Master Cup, un tournoi mondial qui a opposé des golfeurs amputés de l’Amérique du Nord et de l’Europe. En 2012, il met la main sur le Canadian Amputy. Naître avec un seul bras a été sa source de motivation pour s’accomplir.
« Quand on vient au monde avec un handicap on apprend vite à vivre avec et à se débrouiller. Je connais un certain succès aujourd’hui dans les affaires et dans le golf. Mais ça n’a pas toujours été facile. J’ai bûché fort pour y arriver.»