Travaux sur le pont de l’écluse : pas un cadeau pour les commerçants

TRAVAUX. À l’approche de Noël, la grogne des commerçants de l’avenue de Bourgogne à Chambly se fait entendre, alors qu’ils constatent des baisses d’achalandage pouvant atteindre les 30 % en raison des travaux sur le pont de l’écluse.

Un peu plus d’un mois après la fermeture du pont, les commerçants ne décolèrent pas. Marc Dandurand du Motel Mon Repos affirme subir une perte de 30 % de son chiffre d’affaires. « Nous allons aussi très probablement diminuer le nombre d’heures de nos employés et deux d’entre eux vont être prochainement remerciés, parce que nous ne voyons pas l’utilité de les garder sur ces chiffres-là », déplore-t-il.

Le gérant, qui regrette le manque de communication de Parcs Canada, estime qu’il est impensable de demander aux clients de faire le grand détour en permanence durant les cinq prochains mois : « C’est tuer un paquet de monde dans le secteur », croit-il.

Grandement affectée par la situation, la propriétaire de la boutique Kado Déko Colette Chouinard annonce pour le mois de novembre un chiffre d’affaires en baisse de 25 % par rapport aux années précédentes. « On constate que les gens reviennent un peu depuis le début du mois de décembre, on va croiser les doigts pour que ça continue dans les semaines à venir ».

La boulangerie Le Garde-Manger de François a pour sa part mis en place de nombreuses opérations promotionnelles afin d’enrayer la baisse de 10 % de son chiffres d’affaires au mois de novembre : « J’essaie d’être plus dynamique afin d’inciter la clientèle à faire un détour pour venir nous voir, en offrant par exemple la semaine passée une demi-baguette à tous mes clients », explique le propriétaire François Pellerin, qui constate néanmoins une nette baisse d’achalandage, particulièrement les fins de semaine.

Fermés à l’occasion

Du côté du restaurant le Fourquet Fouchette, le responsable des ventes et de la restauration Christopher Rassi, anticipe aussi une baisse de clients: « Ce qui nous sauve la mise, c’est que nous travaillons beaucoup en fonctions des réservations, et les gens qui réservent font un effort additionnel pour venir jusqu’au restaurant malgré les travaux », indique-t-il. Il note toutefois une diminution de 15 % de sa clientèle de passage, le forçant à fermer les mardis et mercredis du mois de décembre : « Nous n’ouvrirons que pour les réservations de groupe », explique-t-il.

Si les commerces les plus proches des travaux du pont de l’écluse sont les plus durement touchés par les travaux, d’autres plus faciles d’accès font également les frais d’une désertification du secteur. Les Épices de Marie Michèle subissent une perte de 20 % du chiffre d’affaires depuis le début des travaux. «  On le voit que c’est moins achalandé, les gens évitent le secteur avec toutes ces annonces de routes barrées, et l’avenue est déserte », déplore la propriétaire Marie-Michèle Hanas.

Appel à la solidarité

Conscient des déboires économiques des propriétaires, le directeur de la Chambre de Commerce et d’industrie du bassin de Chambly (CCIBC), Hicham El Idrissi, avoue toutefois qu’il est difficile d’en faire plus.

« Ce qu’il faut faire c’est rester positif, se concentrer sur son commerce », mentionne le directeur de la CCIBC. Rappelant qu’il s’agit le plus souvent pour les clients de visites hebdomadaires et non quotidiennes, il appelle ces derniers à ne pas s’exaspérer: « Ça vaut la peine, ce sont des commerçants qui sont là depuis plusieurs années, qui ont une belle relation avec leurs clients, qui ont de belles offres (…), il faut continuer d’acheter sur l’avenue de Bourgogne et épauler les commerçants du secteur », explique-t-il.

Un montant de 4000 $ a enfin été alloué par Parcs Canada afin d’organiser des activités promotionnelles en collaboration avec la CCIBC. Ces dernières visent à faire connaitre les commerçants du secteur: « Pour les travaux du pont de l’écluse, nous avons déployé différentes mesures dont la publication d’avis publics et d’info-travaux dans les journaux, de la signalisation et des rencontres avec les intervenants », rappelle Laura Monaco, du service des communications de Parcs Canada. Une signalisation détaillée indiquant plus clairement le détour a également été repensée.

L’idée d’une compensation financière pour les commerçants du secteur est toutefois définitivement mise au placard : « Parcs Canada ne peut pas compenser. Ça serait une première au Québec, et donc à ce moment-là pour tous les travaux qui vont être faits ils devraient compenser les commerces, ce qui serait irréalisable », conclut Hicham El Idrissi.