Réunis pour parler de fugues

Policiers, organismes communautaires, personnel d’écoles et intervenants au Centre jeunesse étaient réunis à Carignan afin de se concerter sur les interventions à mener en cas de fugue.

« C’est une réalité qu’on connaît bien, c’est notre quotidien. Ce n’est pas le cas pour tous les organismes. C’est bien de transmettre l’information qu’on a, les recherches et les meilleures pratiques », mentionne Sophie Dubuc, conseillère-cadre à la direction du programme jeunesse du Centre intégré de santé et services sociaux de la Montérégie-Est.

Environ un adolescent sur quatre fréquentant un centre jeunesse effectue des fugues en Montérégie. « Il y en a 75 % qui ne fugueront pas », précise Hugo Bourgoin, du CISSS de la Montégérie-Est. Mme Dubuc ajoute qu’il est faux de prétendre que tous les jeunes fréquentant les centres font des fugues. Un noyau d’une vingtaine de jeunes représente 80 % des fugues en Montérégie. Ce sont des fugueurs chroniques.

Elle explique que ces derniers fuguent parce qu’ils sont placés depuis longtemps, qu’ils n’ont plus d’espoir de retourner dans leur milieu familial, qu’ils n’ont pas de projet de vie ou encore qu’ils éprouvent de la difficulté à s’intégrer à la société. D’autres fuguent une ou deux fois par révolte ou pour expérimenter.

« C’est une réalité qu’on connaît bien, c’est notre quotidien. » – Sophie Dubuc

Projet-pilote pour en réduire le nombre

À l’automne 2018, la direction du programme jeunesse a mis en place un projet-pilote durant six mois afin de réduire le nombre de fugues. « On a réussi à le réduire de 33 % », souligne Mme Dubuc. Après la période test, le programme a été instauré à travers la Montérégie et partagé avec d’autres CISSS.

Elle explique qu’avant, ils intervenaient en réaction lorsqu’une fugue survenait. Aujourd’hui, ils travaillent en prévention. Lorsqu’un jeune entre au Centre jeunesse et qu’il présente un risque de partir, une rencontre est faite avec lui, sa famille et les intervenants afin d’établir un plan d’intervention de fugue. Les conséquences à son retour sont également établies.

Ce type d’intervention permet aux éducateurs d’établir et de maintenir le lien de confiance avec les résidants. Mme Dubuc conseille à tous les parents d’établir ce genre de plan avec leurs adolescents à titre préventif. « On n’attend pas que notre ado ait trop consommé d’alcool pour agir. Ça ne devrait pas être plus tabou de parler de fugue », croit-elle.

De plus, les intervenants communiquent avec le jeune en fugue via la plateforme Messenger. « Étonnamment, ils nous répondent, dit-elle. C’est le meilleur moyen de contact avec eux. »

Journée fugue

La rencontre tenue à Carignan, Journée fugue, permet notamment de créer un réseautage entre les différents partenaires et de s’outiller. « C’est plus efficace de travailler ensemble. Lorsqu’on apprend à se connaître, on devient plus à l’aise de travailler ensemble », indique Mme Dubuc.

Ce genre de journée était une première dans la région, mais d’autres ont été présentées à Valleyfield, Saint-Hyacinthe et Longueuil.