Montérégie : inclure les personnes vivant avec une incapacité

Des familles locales de personnes aux prises avec une incapacité livrent des enjeux relatifs à la réalité qu’elles vivent.

La Chamblyenne Lyne Monfils est la mère de Catherine, aux prises avec une déficience intellectuelle légère. Elle est notamment née avec une fissure palatine qui lui a causé des problème de langage. À 34 ans, Catherine demeure avec sa famille. « On pense à plus tard, à quand on va partir. On aura besoin de trouver un endroit pour elle », fait entendre la mère de Catherine. Elle soutient que les options sont limitées.

« Catherine a un frère. Une maison bigénérationnelle pourrait être une solution », envisage Mme Monfils, qui met des sous de côté depuis longtemps pour pallier l’incontournable finalité. 

Chantal Nadeau est la mère de Francis. Aussi âgé de 34 ans, il vit également avec une déficience intellectuelle légère. Il comprend ce qui lui est dit, mais, ne pouvant parler, il s’exprime à l’aide de gestes. Mme Nadeau mentionne qu’il est plutôt autonome, mais qu’il ne peut pas vivre seul. « Il ne peut pas travailler. Il est dépendant de nous », fait savoir la Rougemontoise. 

L’école s’adapte

Lyne Monfils est enseignante. Elle a été témoin de l’évolution de l’intégration des élèves à besoins particuliers. Elle a contribué à ce que les services se développent et s’adaptent en fonction des besoins. « Les enseignantes n’étaient pas outillées. Elles étaient seules dans la classe. Avoir une personne supplémentaire, ça ne se faisait pas avant », rappelle-t-elle.

La mère de Francis soutient que le tout s’est complexifié à la fin de la scolarisation, quand son fils a eu 21 ans. Il a ensuite intégré un centre de jour, à Chambly, cinq jours par semaine. Mme Nadeau raconte que cette transition en a été une teintée d’incertitude.

Elle estime avoir été « chanceuse », étant donné que Francis a fréquenté la même garderie familiale, de tout petit jusqu’à ses 30 ans. « Si l’on n’avait pas eu cette dame-là (garderie), je ne sais pas où il aurait pu aller », affirme-t-elle. Elle ajoute l’importance de l’aide de sa mère. « Quand ma mère a vécu, elle nous aidait beaucoup. Mais si l’on n’a pas une garde rapprochée, ce n’est pas évident. On a un beau réseau familial et d’amis ». 

Socialiser 

Le transport adapté aide Catherine à se rendre au travail. Dans deux installations d’un centre de la petite enfance de Chambly, elle aseptise les jouets quatre jours par semaine. « Elle est bien intégrée. C’est ce qui la motive et qui fait qu’elle se sent importante », considère Lyne Monfils.

Chantal Nadeau souhaite que son fils puisse vivre davantage d’activités avec des amis de son âge. « C’est quelque chose qui manque. S’il pouvait être intégré dans divers cours, ça serait le fun », estime la femme rougemontoise. Elle souligne la Maison de répit à Rougemont, située en campagne. Francis la fréquente une fin de semaine par mois. « Il adore ça! C’est là que l’on voit qu’il comble son besoin avec des jeunes de son âge », remarque Mme Nadeau, qui constate un manque de socialisation dans la vie de son fils.

Catherine et Francis fréquentent l’organisme richelois Alpha, qui s’occupe de personnes présentant une incapacité intellectuelle, physique et/ou un trouble du spectre de l’autisme.

Guide et répertoire

Dans le cadre de la Journée internationale des personnes handicapées du 3 décembre, la Table de concertation des associations de personnes handicapées du Haut-Richelieu-Rouville, incluant Chambly et Carignan, a présenté un nouveau guide destiné aux municipalités. Le document, qui comprend un répertoire de ressources, vise à favoriser l’inclusion des personnes vivant avec une incapacité. 

Le guide souhaite sensibiliser et informer les élus municipaux, ainsi que les personnes employées par les municipalités, sur la réalité des personnes vivant avec une incapacité et celle de leurs proches. Il propose des actions afin de mettre en place des services et des environnements municipaux inclusifs et sans obstacle, destinés à l’ensemble des citoyens et citoyennes. 

Quant au répertoire de ressources, il présente les organismes pouvant soutenir les municipalités dans la mise en place de services et d’environnements inclusifs, et ce, à toutes les étapes de leurs projets.