Marieville : un déménagement vers l’itinérance
Le Marievillois Pierre-Paul Arsenault vit dans un garage de la rue Hervé-Lévesque, à Marieville, depuis trois ans. Il pourrait se retrouver à la rue dès le 1er novembre en raison de la réglementation municipale.
Pierre-Paul Arsenault a vécu deux ans dans sa roulotte, sur la rue Hervé-Lévesque, à Marieville. L’homme de 74 ans mentionne au journal que la Ville lui a fait part qu’il était en infraction. Il affirme qu’un inspecteur de la Ville lui aurait dit, il y a environ trois ans, qu’il ne pouvait pas y vivre. « Mais il m’a dit que j’avais le droit de me faire un loft dans le garage », soutient M. Arsenault. À ce sujet, la Ville déclare n’avoir reçu aucune demande de permis liée à l’aménagement d’un logement dans le garage où réside actuellement M. Arsenault. Conformément à la réglementation municipale, tout aménagement résidentiel doit faire l’objet d’une demande officielle de permis afin que le Service de l’urbanisme et de l’environnement en vérifie la conformité avec la grille des usages et les autres normes applicables. « Ainsi, le Service ne peut confirmer ni autoriser verbalement un usage sans qu’une demande formelle ait été analysée. Toute autorisation découle d’une évaluation réglementaire complète, appuyée par la délivrance d’un permis », explique Marieville.
S’installer dans le garage
Néanmoins, il s’est départi de la roulotte et s’est installé dans le garage du propriétaire du bâtiment. « Je suis rentré à contrecœur. Je suis allé me chercher du bois et je me suis déguisé un coin », raconte M. Arsenault, qui s’est aménagé un espace modeste de 13 pieds sur 20 pieds, dans un garage de 30 pieds sur 20 pieds.
Appliquer la réglementation
La Ville reconnaît être au fait de la situation vécue par M. Arsenault et dit « comprendre les difficultés qu’il rencontre ». Elle indique toutefois qu’un garage ne peut être utilisé comme logement, puisque cet usage ne respecte pas la réglementation municipale en vigueur en matière d’urbanisme. « Celle-ci encadre les usages permis des bâtiments et vise notamment à assurer la sécurité des occupants et la salubrité des lieux », décrit Marieville.
Lorsqu’un usage non conforme est constaté, la Ville rapporte avoir la responsabilité d’intervenir auprès du propriétaire afin de régulariser la situation. « Cette démarche ne vise pas à pénaliser les occupants, mais à éviter des risques potentiels pour leur santé et leur sécurité, par exemple liés à l’isolation, à la ventilation, aux installations électriques ou aux issues de secours. En somme, nous appliquons la réglementation de façon équitable et uniforme sur l’ensemble de notre territoire, tout en demeurant attentifs aux réalités vécues par les citoyens », fait valoir Marieville. Le septuagénaire doit donc quitter le lieu d’ici la fin du mois d’octobre.
Ressources communautaires
Pierre-Paul Arsenault paie 800 $ mensuellement pour vivre dans le garage. Il avance ne pas être en mesure de payer un loyer au coût actuel du marché. « Je m’en vais où, moi? Je n’ai pas les moyens. Je dors dans mon truck? », constate-t-il.
La Ville dit être bien « consciente des enjeux humains que soulèvent de telles situations, particulièrement dans le contexte actuel du logement ». Elle assure avoir transmis des références vers des ressources communautaires et sociales à M. Arsenault afin qu’il puisse obtenir un « accompagnement approprié ». « Ils m’ont donné un numéro de téléphone. Ça ne répond pas quand j’appelle », clame de son côté M. Arsenault.
La Ville fait savoir qu’elle soutient des initiatives en matière de logements sociaux par l’entremise de l’Office d’habitation de la Haute-Yamaska-Rouville. Il faut noter, toutefois, que la gestion des programmes d’aide au logement et des mesures de lutte contre l’itinérance relève du gouvernement du Québec, notamment par l’entremise du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, de la Société d’habitation du Québec et du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Aide des candidats à la mairie
Le journal a voulu savoir ce que pouvaient faire les deux candidats à la mairie, Vincent Després et Caroline Gagnon, pour aider M. Arsenault.
« Il y a un processus en branle effectué par la Ville dans ce dossier-là », fait entendre Vincent Després.
Caroline Gagnon établit d’emblée qu’elle ne « peut pas vraiment commenter » la décision de la Ville, étant donné qu’elle n’a pas accès à toutes les informations. « Mais la situation de M. Arsenault est certainement préoccupante et, collectivement, inacceptable. Personne ne devrait se retrouver à la rue, surtout à son âge. Comme l’élection aura lieu après l’exécution de la décision, je me sens aujourd’hui bien impuissante devant ce cas », estime-t-elle. Elle renchérit, avançant que « si je suis élue, je m’engage à travailler avec les services municipaux et les organismes communautaires pour trouver des solutions rapides et durables à ce type de situation. Plus largement, nous devons revoir nos pratiques pour mieux accompagner les personnes vulnérables et prévenir ce genre de drame humain ».
