Le Manoir Soleil dans l’œil de la caméra
Le CHSLD Manoir Soleil, qui abrite la garderie Aux p’tits rayons, sera l’objet d’un documentaire qui sera présenté à l’automne.
Durant une année, la compagnie de production Anémone Films suivra les résidants et les enfants de la garderie dans leur quotidien. La production a amorcé le tournage au mois d’août.
« On s’est intéressés à l’établissement, du point de vue de la cohabitation des deux services », indique Sarah Bernard, directrice aux contenus pour Anémone Films.
Elle souligne avoir vu des moments remarquables entre les personnes âgées et les enfants. « Dans certains documentaires, on doit provoquer certains moments. Là-bas, on a juste été témoin. La magie opère sans intervention. Il y a des miracles tous les jours. C’est un établissement spécial », souligne Mme Bernard.
Bienfaits
Nancy Gaudet, fille des fondateurs du Manoir Soleil, est à l’origine de la création de la garderie au sein du CHSLD, il y a vingt-cinq ans. Elle a grandi au sein du centre et y travaille depuis qu’elle a 14 ans.
Pour elle, il n’y a que de bienfaits à ce que des petits côtoient des personnes âgées. « Les enfants peuvent agir comme médicament pour les personnes âgées, dit-elle. Ils apaisent l’anxiété et les crises d’angoisse. »
Aucune statistique n’a été comptabilisée, mais Mme Gaudet a été témoin de nombreux événements bénéfiques de cette cohabitation. « Il arrive quelquefois qu’on aille chercher les enfants pour une personne en crise ou qui va moins bien, raconte-t-elle. Quand celle-ci voit les enfants, son comportement change. »
« Dans certains documentaires, on doit provoquer certains moments. Là-bas, on a juste été témoin. La magie opère sans intervention. » – Sarah Bernard
Tous les midis, les petits vont souhaiter bon appétit aux résidants en chantant. Des activités conjointes sont aussi organisées.
La production abonde dans le même sens. La directrice aux contenus souligne avoir été témoin de moments poignants. « On sort toujours du tournage avec le motton, pour les bonnes raisons, parce que c’est beau », affirme Mme Bernard.
Elle raconte qu’ils ont tourné lors de fêtes. Les enfants ont passé de chambre en chambre à l’Halloween pour amasser des bonbons. « C’était hyper touchant. » Elle ajoute qu’à Noël, les petits ont dansé avec les résidants. « C’était magique! Le temps d’un instant, les personnes à mobilité réduite ont retrouvé leur jeunesse », mentionne-t-elle.
Les deux dames croient également que les enfants qui fréquentent cette garderie sont plus ouverts et respectueux. « On se pose la question à savoir quel genre d’adultes ils seront plus tard », mentionne Mme Bernard.
La présidente du centre croit aussi que le passage dans ce type d’installation rend les personnes plus ouvertes au bénévolat et à l’aide humanitaire. Ses enfants ont été dans les premiers à fréquenter la garderie. Aujourd’hui, ce sont ses petits-enfants.
Sa fille, Catherine Ladouceur, estime que ça lui a apporté une plus grande ouverture d’esprit sur la différence. « Les petits sont plongés dans cet univers, dit-elle. Ça fait partie de leur quotidien. Ils ont moins de jugement. Ils sont un peu les vedettes et savent qu’ils mettent de la joie dans la vie des personnes âgées. C’est le fun de voir les deux générations se côtoyer. »
La fillette de trois ans de Marie-Chantale Lévesque fréquente la garderie depuis juin, à la suite de la fermeture de son autre. Elle souligne avoir eu un coup de cœur pour l’établissement. « Je vois qu’elle est à l’aise avec les personnes âgées, mentionne-t-elle. Je crois qu’elle a une impression plus respectueuse des personnes âgées. Elle va vers elles facilement. »
Intergénérationnel
Mme Gaudet souligne que le centre est intergénérationnel, de 0 à 102 ans, puisque toutes les générations s’y côtoient. Il y a les petits et les personnes âgées. Entre les deux, il y a les parents des enfants, les enfants des résidants ainsi que les travailleurs qui correspondent tous à différentes générations.
Si ce concept n’est pas davantage exploité, Mme Gaudet croit que c’est parce que ce n’est pas lucratif. « On n’a pas ouvert la garderie pour avoir un revenu, soutient-elle. C’est plutôt une dépense. C’est un ensemble. Je ne vois pas le Manoir Soleil sans la garderie. »
Elle précise que six enfants est le nombre maximum pour que ça fonctionne. « On a déjà essayé d’en avoir plus, mais on n’a pas duré plus qu’une semaine. »
Reportage télé
Le titre de travail pour le documentaire est « Les vieux copains ». Le reportage d’une heure sera diffusé à TV5 à l’automne. La date exacte n’est pas encore connue.
Ce n’est pas la première fois que l’établissement passera à l’écran. Il avait également fait l’objet d’une chronique avec Bianca Gervais dans l’émission Format familial, en 2014.
Le Manoir Soleil en bref
Le CHSLD privé accueille 69 résidants.
Il a ouvert ses portes en mai 1983. Il a été fondé par Suzanne Gaudet, infirmière gérontologue, et son conjoint, Robert Tessier, un entrepreneur en construction.
La garderie a été créée en août 1993 par leur fille Nancy Gaudet.