Chambly : passer De l’ombre à la lumière pour Sam Beauchesne

Le 22 octobre dernier, à La Taverne Vieux-Chambly, le Chamblyen Sam Beauchesne a offert sa toute première conférence intitulée De l’ombre à la lumière, en lien avec les multiples dépendances qui ont meublé sa vie. 

Sam Beauchesne vulgarise son rétablissement. Il a vécu plusieurs formes de dépendance, dont la toxicomanie. « Obsession et compulsion, le modus operandi est le même, peu importe ta dépendance », établit-il d’entrée de jeu.

« Je ne veux plus consommer. Je veux vivre. » – Sam Beauchesne

À l’âge de cinq ans, il a vu son cousin mourir, devant ses yeux, sous les roues d’un tracteur.

« Ça a brisé ma vie, ce traumatisme », indique l’homme de 45 ans. Il nomme avoir été accro à tout ce qui procure des sensations fortesde l’adrénaline. Il a commencé à consommer de façon « non consciente » à l’âge de neuf ans. À l’époque, il faisait des modèles réduits de voitures et inhalait les vapeurs de la colle contact. « J’avais des vapes. J’étais bien. Je n’avais plus de souffrance ni de mal de vivre », constate-t-il. Il mentionne avoir vécu de l’intimidation et de la violence fréquemment à l’école. « Je me souviens de la peur. Quand la cloche sonnait, je courais pour m’en aller chez moi » afin de ne pas être roué de coups, raconte-t-il. 

Plus tard, les drogues dures se sont introduites dans sa vie. Elles l’ont mené à de multiples hospitalisations. Il s’est promené d’une famille d’accueil à une autre et est allé en centre jeunesse. À 18 ans, la rue est devenue sa demeure. Il y a connu la criminalité. « J’ai compris, avec la violence, que je pouvais obtenir le respect. Et j’ai atteint mes pires bas-fonds », confie Sam Beauchesne.

Seul dans la rechute

De 2019 à 2023, il a vécu une abstinence totale. Puis, il a rechuté sur une période de quelques mois. « Ça a été l’enfer. Je me suis retrouvé dans la rue, à vivre dans mon char », admet-il. La solitude, il l’a vécue. « Je n’avais pas grand monde autour de moi. Plus de famille, plus d’amis qui croyaient en moi. Et même dans les fraternités », remarque celui qui a dû changer d’environnement. Depuis, il vit d’abstinence entière. Il rappelle l’importance de ne pas tenir son rétablissement pour acquis. « Je pensais que j’avais réparé ma vie, mais la dépendance nous guette », image-t-il.

Le Semeur d’Espoir

Il affirme que ce sont les fraternités anonymes qui ont changé sa vie. Réfractaire au début, il a fini par y adhérer. « On m’a accueilli. On m’a aimé. Je me suis ouvert l’esprit. On ne met pas beaucoup d’argent dans ce volet communautaire », estime M. Beauchesne. Il y a rencontré des intervenants qui lui ont servi de mentors. Il a enfilé les thérapies.

Il est maintenant diplômé en toxicomanie. Il a été directeur général pendant quatre ans à la Maison Nouvelle Vie, un lieu pour adultes alcooliques et/ou toxicomanes qui propose des services de rétablissement en hébergement mixte. Le quadragénaire a œuvré à la Maison L’Alcôve, qui offre des services dans les domaines suivants : toxicomanie, santé mentale, intervention psychosociale, relation d’aide, jeu compulsif, gestion de crise et prévention du suicide. « Je suis un exemple de réhabilitation. Centre jeunesse, décrochage scolaire à 14 ans et itinérance, habituellement, ces gars-là finissent en prison ou à la morgue, avec une balle dans la tête », situe M. Beauchesne.

Depuis six mois, il évolue sous le nom du Semeur d’Espoir. En lien avec QOVOP, il transmet, par ses conférences, son chemin de croix vers la guérison. Il utilise l’humour pour rire de ses failles. À travers ses anecdotes, il navigue également de façon inévitable à travers le drame. « Je le (public) fais rire, pis après, pleurer… rire, pleurer, etc. », décortique-t-il en alternance.

Le père de quatre enfants porte un regard lucide sur sa condition. « C’est de l’humilité. C’est de se reconnaître, ni plus ni moins, tel que l’on est, avec nos forces et faiblesses », admet-il. Comme le veut le cliché, 24 heures à la fois, il se réveille dans la gratitude, empli de la mission de propager l’espoir. « Je ne suis pas en guerre contre l’alcool et la drogue. Il y en avait avant et il y en aura toujours. Je suis en prévention. Est-ce que l’on abolit tout ça ou l’on apprend à vivre avec? », laisse-t-il en suspens. De son côté, le choix est clair. « Moi, je fais le choix de ne pas consommer parce que je ne peux pas consommer. Je ne veux plus consommer. Je veux vivre. »

Parallèlement, Sam Beauchesne lance un balado baptisé L’envers du décor. Il y traitera de sujets qui touchent la thématique entourant le Directeur de la protection de la jeunesse (DPJ).