Carignan doit acquérir l’Île au Foin

Vous vous souvenez, votre première maison? 17 000 grosses piasses. Vous gagniez alors 43 $ par semaine, mais vous avez quand même réussi à vous offrir une belle auto de l’année : 1 981,07 $. Cela s’appelle l’inflation. Si mes calculs sont bon,s la moi

Acheter l’Ile au Foin, c’est investir dans l’avenir de nos enfants et des enfants de nos enfants et c’est corriger une erreur qui dure depuis 15 ans.  L’argent dépensé en frais juridiques au cours de cette période aurait suffi à payer la large part de ce montant. Ne nous trompons pas, il nous faut aussi le payer en double : en effet, les sommes que le promoteur a dû investir lui aussi par suite de ces procédures, elles se retrouvent dans le prix de l’Île aujourd’hui.  Et plus nous attendons, plus le compteur avance.  

Deuxièmement, nous avons un Conseil et un maire qui sont des gens intègres et digne de confiance.  Ils nous donnent leur parole.  Il leur faut un projet clair de 3,8 millions pour se présenter devant la CMM et les autres organismes subventionnaires pour obtenir leur aval.  Ils nous disent aussi qu’advenant un refus, ils ne donneront pas suite.  Je sais que c’est la vérité.  Carignan n’achètera pas l’Île si ses citoyens doivent débourser plus de la moitié du coût total.  

Gérer en bon père de famille, c’est savoir marcher et mâcher de la gomme en même temps.  Une ville a toutes sortes de besoins et il faut que le Conseil y travaille simultanément.  Il lui faut chercher à doter ses citoyens de services de base tels que l’aqueduc et les égouts pour tous, mais il lui faut aussi faire preuve de prospective en œuvrant à des intérêts supérieurs.  À quoi bon avoir des égouts partout, si ça devait être dans une ville insignifiante et pareille à toute la banlieue anonyme?

Le paradoxe à Carignan, c’est d’être condamnée au développement.  On veut du calme, de la verdure et la paix, mais il nous faut payer des services et le prix de notre autonomie.  Notre Conseil n’a pas le choix : il doit engranger des taxes et, conséquemment, permettre du développement.  Et le développement, ça nous rend pareil aux autres et ça nous prive de la paix, du calme et de la verdure ci-haut mentionnée.  Mais, quand même, voudriez-vous que ce soit mur à mur?

Si ce n’est pas notre vœu, affirmons-nous auprès de la région, du Québec tout entier et surtout, de nous-mêmes, et exprimons concrètement nos valeurs.  Si Carignan n’a pas la conscience d’elle-même et qu’elle ne veut pas se donner les moyens d’assumer son caractère propre, aussi bien la dissoudre tout de suite. Dire oui à l’Île au Foin, c’est dire non à la Brossardisation de notre ville.  Envisager l’Île au Foin comme une affaire de grenouilles, ce n’est pas voir plus loin que le bout de son nez.

Mario Bégin, Carignan